
Samedi 24 mai 2025, la présidence du gouvernement diffuse un communiqué d’un conseil ministériel qui s’est penché sur le programme économique et social de l’État.
Le programme couvre l’ensemble des secteurs, notamment la santé, les finances, l’éducation, la recherche, l’industrie, l’énergie, la jeunesse, le sport, la culture, l’administration et les services publics.
Plusieurs priorités dans ce programme : la création d’emplois, l’amélioration du niveau de vie, le renforcement de la protection sociale, la valorisation du capital humain, le soutien aux catégories vulnérables et moyennes, l’encouragement à l’entrepreneuriat, la lutte contre le travail précaire, l’accès au logement, le renforcement de la cohésion sociale, la transition énergétique...
Ce programme s’inscrit totalement dans la vision de Kaïs Saïed qui vise « à instaurer un équilibre entre croissance économique et justice sociale, tout en respectant les principes de souveraineté nationale, d’indépendance de décision et de compter sur les ressources propres ».
Premiers signes de gouvernance assumée
Depuis sa nomination le 21 mars dernier, c’est la première fois que Sarra Zaâfrani Zanzri fait part de son programme et de sa vision.
Mais quand on y regarde de près, c’est aussi la première fois depuis le coup de force du 25 juillet 2021 que la présidence du gouvernement nous parle de quelque chose de concret.
Jusque-là, avec les communiqués nocturnes du président de la République, on n’avait droit qu’à du verbiage et de la parlote dans un arabe scolaire des plus rébarbatifs. Avec le communiqué du samedi de Mme Zaâfrani Zanzri, on palpe et on sait où l’État va. Peu importe la direction, qu’elle soit bonne ou mauvaise (tout cela se discute), mais on sait au moins qu’on en a pris une.
Ceci est une première, car avant Sarra Zaâfrani Zanzri, il y avait de l’amateurisme à la Kasbah, presque du néant.
Le vide laissé par les prédécesseurs
Des rappels historiques sont nécessaires. Rappelez-vous Najla Bouden (29 septembre 2021 – 1er août 2023). Qu’a-t-elle laissé derrière elle ? Un décret 54 décrié par tout le monde et un « machallah » en réponse à une contrevérité présidentielle.
Son successeur Ahmed Hachani (1er août 2023 – 7 août 2024) n’a laissé que du vent. Dans son discours épique devant le parlement, il a parlé de sa marche quotidienne et de ses réflexions. De lui-même, il disait qu’il réfléchissait trop. À quoi ? Personne ne le sait. De lui, l’Histoire retiendra cette phrase « azizi Kaïs Saïed » parmi un tas d’autres niaiseries et flagorneries. Son passage à la Kasbah fut des plus insignifiants.
Celui d’après n’a pas eu le temps de chauffer son siège comme on dit en Tunisie. Il a été nommé le 7 août 2024 et limogé le 21 mars 2025. En cette courte période passée à la Kasbah, il n’a eu le temps de rien faire.
Une rupture de méthode et de discours
À contrario de tous ses prédécesseurs, et en moins de cent jours, Sarra Zaâfrani Zanzri a eu le temps d’élaborer un programme qui épouse la vision de celui qui l’a nommée. Rien à voir avec Mme Bouden qui voulait emprunter au FMI alors que le président de la République lui disait non, ni avec Ahmed Hachani et Kamel Maddouri qui ont fait du surplace.
Élaborer un programme en moins de cent jours impose le respect et inspire la confiance. Peut-être bien que ce programme ait été élaboré par son prédécesseur, on n’en sait rien, mais le fait est qu’on a un programme et c’est déjà un grand pas. On a attendu presque quatre ans pour le voir !
Le fait que ça bouge enfin à la Kasbah devrait rassurer les observateurs que nous sommes et les investisseurs. On en a bien besoin, car ça fuit de partout. Avec ce programme, Mme Zaâfrani Zanzri ne va pas seulement colmater les multiples brèches, elle va remettre la machine en marche. Inchallah.
Un programme dans un champ de mines
La cheffe du gouvernement évolue dans un environnement hostile et toxique et c’est dans cet environnement qu’elle doit faire exécuter son programme.
Sur le plan international, le monde est occupé par Gaza, l’Ukraine et les caprices de Donald Trump. Sa guerre douanière touche la planète entière, y compris la Tunisie. Parenthèse en passant, on s’interroge encore quelle est notre réponse au diktat trumpiste.
Sur le plan politique national, Mme Zaâfrani Zanzri appartient à un régime hostile à la liberté d’expression et aux libertés tout court, et emprisonne par dizaines les opposants politiques.
Sur le plan économique, les nouvelles lois sur les chèques et celle du code du travail ont ralenti la croissance et vont la ralentir davantage dans la période à venir. À cause de la fin des chèques, le commerce est aux abois, et à cause de la fin des CDD, le chômage va grimper un sacré coup.
Sur le plan interne à son gouvernement, la dame traîne un très lourd boulet, celui d’une administration en sureffectif et en sous-production et d’une équipe gouvernementale dont elle n’a choisi aucun membre.
Pire que tout, elle subit les ordres d’un président de la République qui n’écoute que lui-même et vit en anachronisme total. Le fait même de devoir aller à Carthage et l’écouter entre une et deux fois par semaine devrait être un exercice des plus laborieux.
Un effort réel dans un contexte hostile
En dépit de cet environnement toxique interne, national et international, Mme Zaâfrani Zanzri a réussi à pondre un programme en deux mois et c’est déjà beaucoup.
Comment va-t-elle le mettre en pratique dans un tel environnement ? Toute la difficulté est là. Comment avancer quand tout vous freine, à commencer par votre président de la République, votre administration, les opposants à votre régime, vos voisins (surtout) et vos partenaires internationaux ?
L’exercice est loin d’être facile et il faudrait à la dame une force herculéenne pour vaincre tous ces adversaires parmi les amis et les ennemis.
Le fait est qu’en deux mois, Mme Zaâfrani Zanzri a réussi à faire mieux que tous ses prédécesseurs venus après le 25 juillet 2021. Ça bouge enfin à la Kasbah et il est important de le noter. Une hirondelle ne fait pas le printemps, un programme ne signifie nullement l’exécution, mais il y a au moins une hirondelle et un programme. Cela ouvre la voie à un peu d’optimisme. Subir à la fois l’autocratie et la morosité économique, c’est un peu trop pour les Tunisiens.


Mais il garde son parapluie à la main lorsque il sort de la maison..
Alors ça bouge mais dans quel sens... avec un programme qui doit être suffisamment fluide pourpro
La poursuite de la stratégie de croissance par la dette publique et l'entêtement a ne pas reformer entreprises et institutions publiques constituent des blocages structurels ingérables en l'état actuel quelle que soit la bonne volonté de ce gouvernement
Et ce ne seront ni notre tourisme de minables depenailles -avec des infrastructures dans un état horrible - ni le plumage de nos TREs échaudés par l'hystérie ambiante qui vont changer la donne
- ce n est que du vent pour calmer le peuple comme l écrivais un intervenant dans un commentaire
- soit ce n est qu une reprise partiel de vieux programme élaboré il y a des années et qui dorment sur les étagères.
Dans tous les cas elle échouera, pour une raison rationnel , on ne peut créer de la croissance ( accélération économique) en freinant avec le cdd et la loi sur le chèque.
Et elle n osera pas detricoter ce que les génies autour de KS ont mis en place

