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Borhène Bsaies, l’affaire qui fâche
02/02/2018 | 20:00
4 min
Borhène Bsaies, l’affaire qui fâche

 

Borhène Bsaies condamné à deux ans de prison en première instance. Un jugement, pour le moins, inattendu dans les circonstances actuelles, surtout que l’affaire dans laquelle il a été jugé, traîne depuis des années dans les couloirs de la Justice. Retour sur un nouvel épisode d’une affaire qui s’éternise.

 

Le verdict rendu par le tribunal de première instance de l’Ariana, dans la soirée d’hier, a attiré l’attention de tous les observateurs de la scène nationale. Borhène Bsaies, devenu une des figures emblématiques de Nidaa Tounes, a toujours fait parler de lui. Personnalité très controversée, le journaliste et homme politique, fervent défenseur de l’ancien régime de Ben Ali a réussi à retrouver une place sur l’échiquier politique de la scène nationale grâce à un comportement versatile. Cependant, son passé ne l’a pas lâché, puisque, outre sa réputation de novembriste notoire, son affaire en justice concernant l’emploi fictif à Sotetel n’est toujours pas classée.

 

Faut-il encore rappeler que Borhène Bsaies était salarié à la fois à la Sotetel, en tant que directeur central, et enseignant au secondaire au ministère de l'Education. Cela est interdit par la loi, d'autant plus qu'il était absent à ses deux postes. En effet, il a été, à l'époque, mobilisé par l'ATCE à des fins propagandistes. Il rédigeait des articles et participait à des émissions télévisées défendant la politique et le régime de Zine El Abidine Ben Ali.

 

Ainsi, un mandat de dépôt a été émis à son encontre, le 3 avril 2013, par la chambre des mises en accusation près la Cour d’Appel de Tunis, conformément aux dispositions de de l’article 96 du Code pénal, pour « avoir usé de sa qualité et se procurer à lui-même ou à un tiers un avantage injustifié, de causer un préjudice à l’administration ou de contrevenir aux règlements régissant ces opérations » au sein de la Société Sotetel.

La même chambre a décidé de sa libération, quelques semaines plus tard, plus précisément le 16 juin 2013, contre paiement d’une caution représentant le montant global inscrit dans le rapport d'expertise et lié au préjudice qu'aurait subi l’administration par l'emploi dit fictif. Ce montant avoisine les deux cent mille dinars.

Et depuis le temps, cette affaire a poursuivi son parcours dans les couloirs de justice. Jusqu’à ce que le verdict du Tribunal de première instance de l’Ariana ne soit proclamé dans la soirée d’hier, faisant remonter cette histoire au-devant de la scène de l’actualité.

C’est sans surprise que Wissem Saïdi, avocat du chargé des Affaires politiques à Nidaa Tounes, Borhène Bsaies, a affirmé aujourd’hui même, que son client a décidé de faire appel concernant le jugement prononcé en première instance contre son client. C’est dire qu’il s’agit de la suite logique dans ce genre d’affaire, qui s’éternise compte tenu de la complexité et la lenteur des procédures qui semblent des fois sans fin.

 

Cette affaire, a poussé certaines personnes à se poser la question quant à la possibilité de bénéficier de la loi de la réconciliation administrative, pour arrêter les poursuites judiciaires contre le chargé des Affaires politiques de Nidaa. Or, la simple consultation de l’article 2 de la loi de la réconciliation indique qu’il ne peut en bénéficier, puisque son cas figure parmi les exceptions. Le fait qu’il ait perçu des salaires pour un emploi qu’il n’a pas exercé l’exclut de ce mécanisme de la réconciliation.

 

Dans ce contexte précis, le parti actuel de Borhène Bsaies ne s’est pas désolidarisé de lui. La réponse est venue immédiatement du chef du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiane Toubel qui a affirmé dans une déclaration aux médias que cette affaire est la résultante de l’ancien système d’une mauvaise gestion administrative, soulignant, par la même occasion, que son parti a une entière confiance en la justice tunisienne.

Il a, par ailleurs, ajouté que le parti est, déjà au courant de l’affaire qui remonte à quatre ans. Il a, également, estimé qu’il ne s’agit pas d’une affaire touchant à la morale et ne constitue en aucun cas une affaire de corruption. Selon M. Toubel, l’histoire ne dépasse pas le fait « d’avoir empoché des gains suite à une affiliation administrative ».

 

Le principal concerné, n’a pas tardé à réagir, également. Avec son éloquence habituelle, Borhène Bsaies a publié un statut dans lequel il a réitéré sa foi en la justice tunisienne, remerciant ses avocats et pointant la décision de désengager toutes les parties prenantes dans l’affaire même l’ancien président Ben Ali : « Le jugement de première instance a estimé que Ben Ali m’a affilié à cette société sous pression en 2005 ! […], Nos cœurs demeureront blancs, pour le meilleur et pour le pire… Vive la vie… Vive les batailles… », a-t-il indiqué. Une publication sur sa page Facebook, qui lui a valu la réponse d’Imed Deghij, ancien LPR, qui lui a fait part de son expérience en lui rappelant qu’il a obtenu des non-lieux pour plus de 15 procès : « La Tunisie après révolution est meilleure mon ami », écrit-il !

 

Bohène Bsaies, chargé des Affaires politiques à Nidaa Tounes, est responsable de la préparation des municipales du parti au gouvernorat de Siliana. Une tâche délicate qui lui est confiée et qui nécessite un minimum d’intégrité devrait être revue selon certains observateurs, puisqu’on ne peut être en mesure d’assurer cette mission, tout en traînant derrière soi des suspicions de corruption administrative, plus particulièrement, dans ce cas de figure.

 

En tout état de cause, la majorité des observateurs de la scène nationale s’accordent sur le fait que Borhène Bsaies ne laisse pas indifférent. Son parcours reste sujet à plusieurs controverses, qu’il essaye d’esquiver par ses talents d’orateur. Cela dit, l’histoire ne pardonne jamais, et c’est la justice qui se préserve le droit au dernier mot.

 

Sarra HLAOUI

 

 

02/02/2018 | 20:00
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