Le membre du bureau exécutif de la Confédération des Entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), Chakib Ben Mustapha a considéré que la collecte de fonds à travers l’emprunt national obligataire diminuait les ressources mises à disposition des PME et des agriculteurs par les banques.

Invité le 6 septembre 2023 par Wassim Ben Larbi à « Expresso » sur Express Fm, Chakib Ben Mustapha a critiqué la hausse continue des sommes ayant fait l’objet d’emprunts nationaux obligataires et a estimé que l’octroi de crédit à l’État signifiait la baisse des liquidités et des fonds à disposition du secteur privé.

Chakib Ben Mustapha a rappelé que 80% des PME ne faisaient pas appel à des crédits bancaires, selon une étude réalisée par la Conect. Pour ce qui est de l’étude sur le taux de satisfaction réalisée par l’Institut national de la Statistique, il a indiqué qu’avoir des indicateurs positifs était tout à fait normal puisque la Tunisie vient de sortir de la crise provoquée par la propagation du Coronavirus.

Chakib Ben Mustapha a évoqué l’impact de la crise au sein des pays européens, notamment en Allemagne, en France et en Italie sur les exportations. Il a indiqué que la situation pourrait s’améliorer au cours des prochains mois, notamment en ce qui concerne le secteur du textile. Il a expliqué la chose par l’exécution de commandes demandées par des pays européens.

« Prenons l’exemple de l’exportation des faisceaux de câble, qui est notre produit phare… L’Ukraine est l’un des principaux fournisseurs de l’Allemagne… Ils sont venus en Tunisie et ont demandé des locaux pour entamer des formations puis de la production… Apparemment, il y a eu un problème… En analysant les chiffres, on constate une petite hausse de seulement 14%… C’est une aubaine perdue », a-t-il déploré.

Chakib Ben Mustapha est revenu sur la question des réformes. Il a rappelé les annonces relatives à l’amélioration du climat de l’investissement. Il a expliqué que l’application des 42 mesures urgentes de relance économique présentées depuis mars 2022 n’a été initiée qu’en septembre de la même année. Un décret a été publié en octobre 2022, mais les décrets d’applications n’ont toujours pas été publiés. Chakib Ben Mustapha s’est interrogé sur le sort des 113 points présentés en janvier 2022 dans le cadre d’une stratégie économique nationale.

« Passer par des lignes de crédit spécifiques coûte trop cher. L’État n’a pas les moyens et les bailleurs de fonds aussi… Le gouvernement de Youssef Chahed avait annoncé une bonification des taux d’intérêt pour le secteur de l’industrie… Ceci n’a toujours pas eu lieu… Ça coûte de l’argent… Il faut travailler sur le TMM… On veut faire croire que la Banque Centrale de Tunisie est le méchant dans l’histoire… Au contraire, en Tunisie, nous avons la chance d’avoir une institution qui tient bon, à savoir la Banque Centrale de Tunisie… Je m’inquiète quant aux bruits de couloir au sujet de l’affiliation de cette institution au ministère des Finances… Nous avons vu, au cours de la dernière décennie, de quoi était capable ce ministère », a-t-il poursuivi.

Chakib Ben Mustapha a indiqué que la Tunisie avait réalisé, de 2011 à 2023, un taux de croissance de -2%. Il a appelé à la simplification des procédures administratives et à la suppression des autorisations. Toute marchandise importée par l’État par le biais de l’Office du Commerce fait, selon lui, l’objet de pénurie. Il ne s’agit pas d’un problème de compétence, mais d’un modèle devenu caduc.

Chakib Ben Mustapha a précisé que 90% des exportations d’huile d’olive avaient lieu sous forme de vente en vrac. Il a expliqué que le problème résidait en la mise en bouteille. Il a évoqué un problème de financement de ce secteur afin de lui permettre de passer au palier supérieur. Le même phénomène est observé au niveau de plusieurs domaines, notamment celui des start-ups.

S.G