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Chroniques
Présidentielle, les dés pipés sont-ils déjà jetés ?
Par Ikhlas Latif
08/03/2024 | 16:59
4 min
Présidentielle, les dés pipés sont-ils déjà jetés ?

 

La course à la présidentielle est bel est bien lancée. Le top départ a été donné lorsque le Président, dans sa grande mansuétude, a confirmé la tenue du scrutin dans les délais. Les gens avaient applaudi la décision du chef de l’État de maintenir les élections comme si c’était un exploit ou une faveur. Une belle preuve, s’il en est, du climat général dans le pays. Tout dépend du bon vouloir d’un seul homme.    

 

Après des mois de stagnation, la scène nationale connait un regain d’effervescence. Il est clair que cette présidentielle, en plus d’être l’événement qui prédominera la vie politique durant cette année, constituera un tournant décisif pour les adeptes du processus du 25-Juillet et pour ses détracteurs. Cette élection déterminera ainsi l’avenir du pays en fonction de l’identité du vainqueur. Le camp présidentiel pariera sur une victoire pour poursuivre l’instauration de son processus et ses opposants pour y mettre fin.  

 

Mais cette élection se déroulera dans un climat des plus tendus, pas uniquement politique, mais aussi social et économique avec un bilan des plus médiocres du gouvernement présidentiel. Depuis l’été 2021, un coup d’arrêt a été porté à la transition démocratique. D’anciens mécanismes, qu’on pensait révolus, ont été ravivés par un pouvoir qui a installé son emprise en éliminant toute menace pouvant le déstabiliser. Une mainmise totale sur les appareils de l’État, une justice matée et aux ordres, répression des voix dissidentes, intimidations, poursuites, figures de l’opposition sous les verrous pour des accusations gravissimes…. Il n’est plus nécessaire d’énumérer, encore et encore, les manœuvres entreprises par le régime, pour prouver que l’arbitraire règne désormais. C’est une vérité indéniable.

Pour qu’une élection soit qualifiée de loyale, les faits précités ne devraient pas exister. Et pourtant ils existent, ce qui nous amène à dire que les dés ne pourraient être que pipés. L’inégalité des chances est évidente, la situation est biaisée en faveur d’une seule et unique partie.

 

Le chef de l’État n’a toujours pas annoncé officiellement qu’il se présentait à sa propre succession. Cependant, tout un faisceau d’éléments convergent et permettent d’établir qu’il le sera. Comment pourrait-il en être autrement, alors que le stade final des sommets stratosphériques n’a pas encore été atteint ?

Les soutiens de la cause juillettiste sont de sortie et affirment que la campagne de M. Saïed est fin prête. Cette sortie des soutiens charrie bien évidemment toute une panoplie de viles accusations et injures visant les potentiels adversaires, et aussi son lot de répugnante obséquiosité. Ils se disent prêts et font monter la sauce, d’aucuns affirmant que ceux qui s’opposent au président sont, sans exception, des traîtres à la nation, d’autres que le président est l’unique élu capable de guider le peuple vers les lumières.

M. Saïed, qui n’est pas encore candidat, semble de son côté en campagne. Il multiplie les visites et les bains de foule. Il convoque ses ministres et nous gratifie de monologues où l’on retrouve ses sujets de prédilection. Mais, surtout, l’offensive contre ses détracteurs est montée d’un cran. Le meilleur exemple qui démontre l’entrée dans une nouvelle phase, est l’étrange et glaçant communiqué de Carthage où l’on constate un niveau de hargne et de véhémence jamais égalé. En plus des effrayantes accusations, l’on relève aussi que le chef de l’État critique ses opposants en les faisant paraître uniquement préoccupés par la présidentielle contrairement aux autres scrutins. Il s’adresse ainsi à son peuple pour lui démontrer que ces personnes sont intéressées et reluquent exclusivement son trône, qu’elles veulent le pouvoir pour le pouvoir et non pas pour le servir.  

 

Faut-il le rappeler, les potentiels candidats sérieux sont en prison. Un autre potentiel candidat s’est prononcé et s’est retrouvé quelques jours après dans le viseur des thuriféraires du régime qui ont diffusé une info sur un mandat d’amener international à son encontre. C’est devenu une blague dans la sphère qui s’intéresse à la chose politique : celui qui ose se porter candidat se retrouvera poursuivi… Une bien triste blague.

 

Le pouvoir hausse donc le ton et ses propagandistes sont sur le pied de guerre. Une attitude qui interroge. Est-ce la manifestation d’une crainte que les choses tournent mal malgré tous les efforts pour verrouiller le pays ? Le pouvoir aurait-il des inquiétudes qu’une surprise survienne ? Comprendre, une possible défaite face un candidat autour duquel tous ceux qui ne sont pas d’accord avec le processus s’uniraient.   

Cette fébrilité nous amène à une certitude. Les oppositions commettraient une erreur stratégique en boycottant le scrutin, en dépit du climat qui favorise le candidat-président et quand bien même les dés seraient pipés. M. Saïed le sait et il l’a avoué involontairement, ce ne sont pas les législatives ou les locales qui pouvaient changer la donne, mais bien la présidentielle.

Par Ikhlas Latif
08/03/2024 | 16:59
4 min
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Commentaires
kjr@gmail.com
Un régime maladif et mortifère
a posté le 10-03-2024 à 06:19
La pseudo-idéologie sur laquelle repose le régime de KS est schizophrène et au fond futile. La dictature qui se déploie est totalement coupée de la réalité économique en particulier; les chiffres faussés de l'INS concernant l'année 2024 par exemple, l'échec tragi-comique de la foutaise des entreprises citoyennes, le recours imbécile et irresponsable a la planche a billet ainsi que le départ précipité des acteurs économiques sont entre autres des preuves indiscutables de la débilité mortifère de ce régime.

C'est de là que viendra la chute du régime. Mais cette fois ci le sang coulera malheureusement.

J'ai été parmi les militants du mouvement Beni Watani l'un des partis les plus sérieux et les plus crédibles constitué depuis 2011. Malgré la pertinence et la cohérence du programme de Mr Said AIDI très peu de Tunisiens ont compris notre offre socio-politique. Et ce n'est pas un problème de communication venant de notre part.


il est incontestable que la majorité des Tunisiens sont incapables de comprendre en détail de manière concrète la valeur ajoutée d'un programme politique comme celui de Bani Watani Al Badil ou Afek Touness.

L'adhésion à la fumisterie haineuse du régime de Saed ne repose sur aucun effort d'analyse et de réflexion personnelle. Il s'ait d'une réaction collective véritablement pathologique puérile qui repose sur le ressentiment infantile et l'incompréhension des basiques du fonctionnement d'un pays. Un concentré inouï de colère et l'impuissance détournée par un charlatan avec une pointe inquiétante de délire paranoiaque et mortifère.
Riri
+1
a posté le à 12:43
Un concentré inouï de colère et l'impuissance détournée par un charlatan avec une pointe inquiétante de délire paranoiaque et mortifère.

Tout est dis..
Fares
Ironie historique et perversion juridique
a posté le 09-03-2024 à 20:59
Comme l'a mentionné Ikhlas Latif il y a deux ou trois semaines, ce président est illégitime vu qu'il a juré sur une constitution qui a été abolie par ce même individu sur la base d'un danger imminent fumigène. L'ironie dans cette histoire est que si ks a respecté la loi en 2021 et a organisé des élections pendant l' automne de 2021, alors il aurait été réélu haut la main. Depuis, les tunisiens ont eu le loisir de constater la supercherie kais said et d' apprécier son "intégrité" à sa juste valeur. Une intégrité qui rivalise avec celle d'un arracheur de dents, celle du gourou d'un culte foireux ou encore celle d'un avocaillon véreux.

Ce régime a perverti la loi pour servir ses propres intérêts. Des pervers juridiques quoi. Des lois immorales, le code d'honneur de certaines organisations criminelles serait plus moral, diraient certains.

Ks s'est bien enfoncé dans le trou et il a atteint un point de non retour. Il finira par être traduit devant la justice. "Wa man nasarahom allahou fa la ghaliba lahom". Laissez moi rire, à moins qu'Allah, s'il existe, manquerait de discernement, je le vois mal soutenir l'injustice et le charlatanisme de certains.

Nous l'avons eu notre Anouar Khouja. Cette crapule a maintenu les albanais dans un climat de peur pendant plusieurs décennies, prétendant que le pays était sur le point d'être envahi par des ennemis imaginaires, ce fils de ... a aussi affamé son peuple. Tout ce que l'histoire a retenu du passage de Anouar Khouja sur terre c'est qu'il était un grand connard. Wa 7dithna Kias.

Bon week-end quand même.
Ben Hassen Mondher
Logique implacable
a posté le 09-03-2024 à 10:49
Un scénario presque inévitable..... Un scénario fort probable, dans une logique tiers-mondiste, et une culture rétrograde néfaste..... Ne sommes-nous pas des arabo-musulmans qui s'assument...... ?!
Houda
Un pharaon reelu
a posté le 09-03-2024 à 08:05
Impossible si par malheur il sera réélu l isie y est pour quelque chose parcaque impossible une poussière d individus peut influencer le pouvoir de tout un peuple dont la liberté à été bafoué et avec un pouvoir d achats des plus bas jamais atteint en tunisie même sous le protectorat donc l isie doit assume sa responsabilité entiere
Houda
Le pharaon sera traduit en justice
a posté le 09-03-2024 à 07:59
Un jour ou l autre même en 2030 avec tous les juges qui ont jeté les opposants en prison le pharaon s il sera réélu c est que bouassker y est pour quelque choses parceque actuellement tout un peuplé qui contre le pharaon et n importe qui peut le détrôner de carthage et si abir moussi se présentera aux élections le résultats sera sans appel parceque 90% du peuple tunisien sont contre ce régime dictatorial
Jied
Olfa Hamdi est la seule candidate sérieuse
a posté le 09-03-2024 à 01:13
Vous avez beau l'ignorer, elle reste la seule candidate sérieuse avec abir moussi. Et vous ignorez ses positions, ses communiqués et son rôle dans le pays. Mais ça change rien. Elle est le choix des jeunes, et elle a donné au pays une coalition qui peut stabiliser le pays. Son background permettra à l'économie de renaître et donnera de l'espoir à toute un pays.
Business News est clairement un atout des appareils flous dont kais saied parle. Rien ne justifie votre couverture biaisée et comme lecteur régulier de business News je suis vraiment déçu. Un pays sans presse libre.
Chelbi
Zéro Espoir
a posté le 08-03-2024 à 21:21
C'est toujours un plaisir de vous lire chaque vendredi Mme Latif. Par contre je serai en désaccord concernant la participation a ces élections. Nous (les tunisiens qui veulent respirer démocratie 24/7), sont conscients qu'elles seront une mauvaise pièce théâtrale comme ça l'a était avant 2011. Juste en faisant attention à ses propos, on remarque bien que « la chaise » représente pour lui une question de vie ou de mort. Maintenant concernant les actes, il a volontairement rentré dans un projet « kamikaze » où il n'y a pas marche arrière (voilà pourquoi il martèle « la roujou3 ila wara »). Il est convaincu que le lendemain de sa défaite, certaine dans des élections libres, il sera traduit en justice pour une longue liste d'épicerie. '?tant conscient de ceci, la meilleure option est de ne pas le déranger dans son parcours. Il est auto destructif par défaut. C'est l'histoire qui le dit, pas moi. Oui les dommages seront innombrables, mais il faut donner la chance à ce peuple pour apprendre de ses erreurs.
Fares
'?lections suicidaires
a posté le à 22:10
"on remarque bien que « la chaise » représente pour lui une question de vie ou de mort. "

Il n'y a aucun doute là dessus, saied est bien conscient de ce qu'il l' attend s'il est pert ces élections. Il a instauré une culture de vendetta et de "chelmetta" qui finira par le dévorer tôt au tard. Comme dit le proverbe "youmhil wa la yohmil".
Chanab
Le libre choix fes tyrants
a posté le 08-03-2024 à 21:01
Selon l'histoire les tyrants qui ont refusé de se fier aux urnes ont fini par être dégager par des balles. Chaque tyrant est libre de choisir sa fin. Les plus cons choisiront le "martyre".
Jalal
L'intérêt de tout le monde
a posté le 08-03-2024 à 19:52
Il est dans l'intérêt de tout le monde, je dis bien de tout le monde que saied ne soit pas reélu, réfléchissez y.
Gg
Oui, mais...
a posté le 08-03-2024 à 18:07
Marzouki avait dépassé l'échéance de son mandat de 2 ans, ou je me trompe ?
Et eux assassinaient leurs opposants.
Et sur le plan économique, ils n'ont brillé que par leur incompétence!
Alors...
Djodjo
@cg
a posté le à 19:26
Bah trop géniale, avant c'était des très méchants mais ouf, celui-là est juste méchant, quelle chance on a nous autre petit peuple.

Voilà le genre de raisonnement partagé par quelques-uns et qui fait notre malheur.