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Chroniques
M. Hachani, le tribun
Par Ikhlas Latif
01/03/2024 | 16:59
4 min
M. Hachani, le tribun

 

On découvre, avec contentement et satisfaction, les dons cachés de notre chef du gouvernement. Des dons souvent occultés en raison de la prédominance de l’aura et du charisme présidentiel qui jettent d’habitude de l’ombre sur ses plus proches collaborateurs.

La visite en France du chef du gouvernement/Premier ministre était donc pour lui une occasion de déployer ses ailes et de faire ses preuves ; et pour nous, de découvrir un aspect de sa personnalité et l’étendue de son génie qui a motivé sa nomination à la primature par le président en personne.

 

C’était fort édifiant. Il n’y a pas eu erreur de casting, incontestablement. Le climax de la visite était bien évidemment la déclaration conjointe avec son homologue français. Que dire ? Ce fût une bien belle surprise. M. Hachani a pu déployer tout son talent d’orateur rompu au maniement du verbe. Une digne émanation d’un Cicéron ou, pour être modeste et plus proche de la réalité tunisienne, d’un Bourguiba se lançant dans des joutes pleines d’esprit. Un digne descendant des plus grands rhéteurs et des tribuns, je vous dis ! Par ailleurs, il révélait à son homologue être un fan de Jacques Brel. Il est possible qu’il ait été imprégné de la verve et de l’éloquence bréliennes.

Notre chef du gouvernement confirme aussi, avec sa prestation, qu’il ne s’inscrit pas seulement dans la tradition oratoire séculaire, mais également dans la modernité. Il a fait ainsi montre d’une ingénieuse maîtrise des codes de la communication contemporaine : un exposé structuré qui ne laisse aucune place à l’aléatoire, fluide et efficace, pas décousu pour deux sous.

 

Mais malheureusement, il a bousillé son effet et la forme brillante de son discours avec un fond auquel on pourrait faire quelques reproches. Les théories du complot se sont invitées dans l’exposé de M. Hachani comme un cheveu sur la soupe. Devenues idéologie d’Etat, ces théories s’exportent donc désormais et s’imposent dans les rencontres officielles. Notre chef du gouvernement a déployé un étonnant champ lexical météorologique pour analyser l’état des relations entre la Tunisie et la France. « Il y a eu un petit refroidissement… c’est en hiver qu’on l’attrape… mais j’ai comme l’impression que c’est le printemps », a-t-il lancé en invoquant qu’il y a eu des quiproquos et des incompréhensions avec l’ami français. Et ces malentendus sont du fait de « certaines partie malfaisantes » qui ont « colporté des contrevérités ».

On retrouve ainsi, les éléments de langage auxquels on s’est habitués. On en est abreuvés à longueur de discours présidentiels et il semble que le chef du gouvernement a bien retenu la leçon et qu’il a donc tenté de la développer sous les cieux parisiens. S’il a voulu renvoyer une image d’un régime équilibré, sain et irréprochable, il a bien échoué en adoptant le complotisme comme approche. Ça ne marche pas. Cela discrédite le propos.

 

Par ailleurs, et étonnement, le chef du gouvernement s’est abaissé à commenter une émission qui s’intéresse à la Tunisie et qui sera diffusée dans quelques jours par une chaîne privée française. Quelle mouche a piqué M. Hachani pour se lancer dans l’évocation d’une enquête journalistique lors d’une rencontre de haut rang ? En plus, il fait le lien entre cette émission et les complots ourdis pour, dit-il « essayer d’enrayer la machine qui s’est bien remise en marche entre la France et la Tunisie » ! Ce comportement interroge vraiment. Qu’espérait-il ? Que les autorités françaises fassent pression pour censurer le magazine ? Impossible. Anticiper ce qui va être montré pour dire que ce n’est pas vrai, qu’il n’y a pas de misère et de dictature dans notre pays ? Eh ben, en mentionnant la chose, ça a donné l’effet inverse.

La perception est celle d’un pouvoir qui craint une simple enquête journalistique et qui n’accepte aucune critique. Cela, malheureusement pour monsieur Hachani, confirme une partie du postulat. Ici en Tunisie, on n’a pas besoin d’une émission française pour poser le diagnostic de la situation politique et économique du pays. Et puis vient l’aplatissement « non, non et non, la France notre amie n’a rien à voir avec toute cette histoire. Ce sont les parties malfaisantes ». Ça fait mal à la dignité.

Par Ikhlas Latif
01/03/2024 | 16:59
4 min
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Commentaires
Léon
@ikhlas
a posté le 02-03-2024 à 19:11
C'est de l'ironie?
Ataturk
Incompétence
a posté le 02-03-2024 à 11:11
L'incompétence des responsables nommés aux plus hautes fonctions dans l'état est flagrante.
Qui a nommé Hachani au poste de premier ministre?
On a besoin de plus petit que soi pour s'affirmer.
Jean Neymar
Bravo Mr AH.
a posté le 02-03-2024 à 09:56
Les éternels "Rabat-joie" essayent de se moquer du discours,NON LU, du premier ministre AH en se focalisant sur les "Euh..,Euh,Euh";
Mais en se concentrant sur ce qui a été dit,il en ressort beaucoup de points POSITIFS,le premier d'entre eux est cet art consommé de AH de souche maternelle française et par conséquent dont le français est la langue maternelle,d'user d'une bonne dose de NUANCE dans ses propos et ce,de façon NATURELLE...
Car comme on le dit si bien: "Si l'arabe est la langue de l'éloquence,la langue française est celle de la NUANCE" et cette nuance a été bien distillée,à propos ,sur deux Thèmes: celui de GAZA puis celui du REPORTAGE de M6;
Et c'est là où il a réussi dans sa mission pour laquelle il était chargé par KS,car le MESSAGE a été bien reçu et c'est là l'ESSENTIEL*.
Djodjo
@y'a pas qui en marre
a posté le à 11:29
Mouais ou comment faire passer un fiasco pour une réussite.

D'ailleurs, c'est ce que fait le charlatan depuis le début.

Pour ta gouverne le message n'est pas du tout passé en France, la preuve sur les deux sujet kais n'a pas eu gain de cause.
Djodjo
Un âne ne sera jamais un cheval de course
a posté le 02-03-2024 à 05:49
Excellent article, tout est dit et reflète tres bien la médiocrité actuelle, d'ailleurs les moutons cretins adepte de la dictatour et de la pénurie sont un bel sont aussi un bel exemple de médiocrité, suffit de lire leur commentaires.

Notre charlot nadhif a réussi l'exploit de poursuivre la médiocrité en place lors de la decenie noir et grâce à lui, les tunisiens ont perdu n'ont pas 10 ans de leur existence bêtement, mais à quand la fin du cauchemar ?

Ce kais, n'est rien d'autre qu'un accident de l'histoire et parfois je me demande comment un pays millénaire comme le nôtre avec son histoire très riches a pu pondre un truc pareil ?
Fares
Heuheuais parlé et écrit
a posté le 01-03-2024 à 19:26
Je n'ai pas pu apprécié les prouesses de notre cher premier en matière d'éloquence à leur juste valeur à cause de la barrière de la langue. J' aimerais bien, par contre, apprendre cette belle langue étrangère qu'est le Heuheuais.

Il est bien normal que Hachani discute de la programmation dominicale des télés françaises à Matignon. Les sujets sérieux comme l'avenir de l'humanité et la nécessité de détruire l'ordre mondial existant sont chasse gardée du maalim.

M6 aurait pu remplacer la bande d'annonce du numéro tant attendu d'enquête exclusive par des extraits du discours de Hachani pour illustrer la misère intellectuelle et institutionnelle dans la laquelle baigne la Tunisie. Des extraits sous-titré en Français, sans dire.

Que peut-on lire sur le CV de notre génie national Ahmed Hachani?

Compétences et expérience: ami d'enfance de Naoufel S.

Langues: Heuheuais parlé et écrit.

Pauvre pays, une République de cancres en effet.



MH
@Fares Bonjour
a posté le à 23:05
J'ai adoré votre commentaire qui résume bien la situation et notamment la publicité gratuite de M. Hachaini pour M6. C'est une aubaine pour de la Villardière de gagner encore en crédibilité. Madame Ma Challah nous manque avec son mutisme légendaire, très utile dans ce cas.
Fares
@MH
a posté le à 14:40
Bonjour MH,

Merci pour vos gentils mots.
Mourad
J'adore
a posté le 01-03-2024 à 18:59
Excellent article qui esquive bien l'article 54.