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Chroniques
On battra le terrorisme avec de la poésie !
15/03/2016 | 15:58
4 min

Un an, presque, s’est écoulé depuis l’attaque sanglante du Bardo. Oui un an. On a du mal à le croire en effet, mais le 18 mars dernier, la Tunisie avait basculé dans l’horreur. Lors de ce « mercredi noir », deux hommes armés, entrent dans le plus grand musée du pays, tuent de sang froid 22 personnes et en blessent 45 autres. Tous des touristes, à l’exception de l’agent de la brigade antiterroriste, Aymen Morjane.

Le musée se trouvait à seulement quelques mètres du Parlement et l’attaque avait eu lieu en plein jour, pendant les vacances scolaires. Mais les deux terroristes entrèrent comme dans du beurre au sein d’un établissement public des plus fréquentés, transportant des kalashnikovs dans leurs sacs. Encore une fois, les forces de l’ordre arrivèrent quelques minutes trop tard.

Une cérémonie commémorative se tiendra ce samedi au musée du Bardo pour rendre hommage aux 22 victimes de cette attaque meurtrière. L’hymne national retentira dans le hall qui, il y a un an, était jonché de corps et de blessés. On célèbrera les morts avec de la musique et quelques vers de poésie et on répétera, encore une fois, que la Tunisie se relèvera de ses blessures et que le terrorisme ne vaincra pas.

 

Cette attaque, la première à viser directement des civils, a donné le ton à un feuilleton sanglant qui a touché la Tunisie en 2015. D’abord le Bardo, ensuite Sousse. Et le bilan a doublé. 3 mois plus tard, on déplore 39 morts et tout autant de blessés dans un hôtel de la station balnéaire d’El Kantaoui. Là encore, en pleine journée, pendant la saison estivale, dans un hôtel bondé de monde, et alors que le pays était en pleine guerre antiterroriste, un homme entre comme dans du beurre dans un hôtel et tire à bout portant sur ses occupants. Là encore, les forces de l’ordre arrivèrent trop tard. Encore une fois…

Le 26 juin 2016, une cérémonie commémorative se tiendra en l’honneur des 39 personnes tuées lors de l’attentat de Sousse. L’hymne national retentira et on célèbrera les morts avec de la musique et des vers de poésie. On répétera, encore une fois, que la Tunisie se relèvera de ses blessures et que le terrorisme ne vaincra pas.

Le 7 mars 2017, le même scénario se répètera. On célèbrera Ben Guerdène. On se rappellera de cette date pour pleurer les morts et on répètera, encore une fois, que le terrorisme n’a pas sa place dans notre pays et que la Tunisie se relèvera de ses blessures.

 

Après chaque attaque, les discours sur l’union nationale fusent sur la scène politique. On multiplie les déclarations, on pleure les morts dans des communiqués de circonstance, on écrit des posts Facebook émouvants et on appelle à une marche nationale contre le terrorisme. Nos politiques marchant, main dans la main, pour éradiquer le terrorisme, tout cela est bien mignon. Fort inutile mais bien mignon. Mais tout cela ne dure jamais bien longtemps. Ces accès de lyrisme et cette complicité feinte finissent rapidement par fondre comme neige au soleil.

 

 

Cette brève histoire de la Tunisie post-attentats nous montre que le terrorisme est bien là. Ce n’est ni une théorie « complotiste » comme l’ont déclaré Samia Abbou, Samir Dilou et bien d’autres encore de ceux qui nous ont gouverné à un moment, ni un épouvantail qu’on brandit pour nous faire peur. Le terrorisme est tellement là qu’on commence doucement à s’y habituer.

Il est bien là pour ceux qui, s’ils n’ont pas perdu un proche, l’ont vécu de près. Lors des dernières attaques de Ben Guerdène, les citoyens ont été aux premières loges pour assister aux affrontements. Les opérations antiterroristes avaient un public. Un public qui filmait, qui applaudissait et qui s’extasiait mais qui participait aussi. La dernière attaque de Ben Guerdène n’avait ciblé que l’armée, mais certains citoyens l’ont payée de leurs propres vies. Ils ont fait barrage aux terroristes armés, à mains nues. Ils les ont pourchassés en leur jetant des pierres et en leur courant après. Une fillette de 12 ans est morte parmi 6 autres civils lors de ces affrontements.

 

Aujourd’hui, un an après Bardo, 6 mois après Sousse et seulement quelques jours après Ben Guerdène, les foules restent sans berger. Si les Tunisiens sont prêts à donner de leurs vies pour chasser les assaillants, ceux qui nous gouvernent semblent penser qu’on peut combattre le terrorisme par l’empathie. Qu’on peut le combattre en lui tournant le dos et en minimisant son impact. Qu’on peut le combattre simplement en créant un fonds pour les victimes. Qu’en multipliant les communiqués qui se suivent…et se ressemblent, on peut apaiser la colère et le ressentiment de ceux qui ont perdu un proche. Ceux qui le payent et le paieront encore de leurs vies et de celles de leurs enfants.

15/03/2016 | 15:58
4 min
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Commentaires (42)

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mizaanoun
| 23-03-2016 21:25
« On battra le terrorisme avec de la poésie ! »

On ne pas battre le terrorisme qu'en allant à l'origine, à la cause réelle. Aux racines. Et ces racines s'appellent, l'injustice, les inégalités, la dépendance, la mondialisation et ceux qui constituent les engrais du Mal dans toutes ses dimensions et qui sont indiscutablement les El Saoud, El Zayad, El Khalifa et El Assabah. Ces racines auxquelles s'accrochent éperdument presque tous les régimes arabes dont la Tunisie d'hier, d'aujourd'hui et probablement celle de demain.

C'est dit d'une manière simple, brève et ça ne nécessite aucune poésie ou prose supplémentaire.


Bechir Toukabri
| 18-03-2016 11:48
Merci pour cette analyse qui touche à l'essentiel: L'attitude de la masse des Tunisiens. Mais le mot masse est vague. Pourriez-vous être plus précise. Parce que ce n'est pas suffisant de qualifier l'attitude du gouvernement d'apathique, puisque le ministrede la justice a été très clair spécifique "On va négocier avec les terroristes"....etc.Celà s'appelle de la collusion et de la compromission. Les islamistes ont crées, lancées, encouragés, orientés ....etc. les terroristes? Le pouvoir actuel démocratique les couvre et veut les absoudre.

nazou
| 17-03-2016 09:24
Quand wa9tech quel jour et a quel moment, avions nous passé un pacte ??!!!

En plus vous savez bien que vous ne pouvez pas vous passer de moi !
Bein vvvooouuii !!!!! vous avez besoin d'un support pour vendre votre salade moderniste nationaliste humaniste et surtout tralalistes !

Allez tunisienne bonne journée, je dois bosser.

Tunisienne
| 17-03-2016 07:55
Pour vous avoir reconnu un certain sens de l'écoute, de la réflexion, du recul et de la communication, j'ai échangé avec vous sans animosité et dans le respect malgré vos précédentes indélicatesses.
Et pour avoir échangé avec vous suffisamment longtemps, je n'ai pas envie d'être désagréable.
Mais vous avez rompu le pacte.
Vous comprendrez donc...

Tunisienne
| 17-03-2016 07:44
Merci beaucoup douce, subtile et fidèle amie!
Avec toute mon affection!
Excellente journée!

tounsia2
| 16-03-2016 22:51
@Tunisienne

Veuillez lire SVP, "je voulais juste vous dire que je ne pense pas moins que @ Epicure. . ."

toutes mes excuses

A bientôt

tounsia2
| 16-03-2016 22:01
Bonsoir chère amie,
je voulais jute vous dire que ne pense moins que @ Epicure. . .
Merci pour toutes vos contributions
Sincères amitiés

tounsia2
| 16-03-2016 21:57
Bonsoir,
Je suis agréablement surprise par votre interpellation et ravie que ma modeste contribution vous ait touché ; Par ailleurs, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article sur le lien que vous m'avez proposé et je ne peux qu'être en accord avec votre analyse et votre synthèse.
Félicitations et bonne continuation
Cordialement

Tunisienne
| 16-03-2016 21:36
Bonsoir, ami sincère et authentique!

Merci beaucoup! C'est que les mots me manquent parfois. Ou peut-être qu'ils ne sont pas assez parlants -à mon goût- pour exprimer mon propos...

Merci également de ton intégrité, que je perçois tant dans tes avis et prises de position que dans tes silences!

A très bientôt Épicure!

Épicure
| 16-03-2016 20:23
Je pense pouvoir la soutenir longtemps et sans aucune réserve.
Je partage en effet tous ses commentaires et je pense qu'elle n'est pas loin de partager les miens.
Par ailleurs, je ne suis pas sûr que tous les noms que vous avez cités sont tous ses détracteurs !