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Mondher Thabet : « la Tunisie doit rectifier le tir avec l'Algérie et l'Europe »
17/01/2012 | 1
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Mondher Thabet : « la Tunisie doit rectifier le tir avec l'Algérie et l'Europe »
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Mondher Thabet, ancien président du Parti social libéral (PSL) et se présentant aujourd’hui comme une personnalité indépendante, s’est entretenu récemment avec le ministre de l’Intérieur marocain au sujet des relations étrangères entre les pays maghrébins et ceux européens, notamment. Le gouvernement marocain, suite aux élections législatives, est composé notamment de libéraux et des islamistes, vainqueurs des élections. La cohabitation entre les libéraux et les islamistes, au Maroc, comme cela pourrait être le cas en Tunisie, est tout à fait possible, selon Mondher Thabet, à partir du moment où ces mêmes islamistes renoncent à leur radicalisme et deviennent un parti comme un autre, dont le programme se compose essentiellement d’approches économiques, sociales, de justice, etc.

Toujours selon Mondher Thabet et à la lumière des différentes relations qu’il entretient avec plusieurs parties étrangères (marocaines, européennes, américaines, etc.), la crise à laquelle doit faire face la Tunisie aujourd’hui ne lui permet pas de caprices présidentiels, concernant nos relations étrangères. Il affirme, en effet, que nouer de fortes relations avec notre voisin libyen, jusqu’à arriver peut-être à une confédération composée des deux pays, est louable, mais que les relations avec l’autre voisin, algérien, sont tout aussi primordiales. Que ce soit suite aux propos de Moncef Marzouki ou encore à cause de la victoire des islamistes, les relations entre l’Algérie et la Tunisie se sont sensiblement détériorées. L’histoire douloureuse avec les islamistes du FIS empêche les Algériens de voir d’un bon œil la montée de ces derniers dans les pays voisins, et les dernières déclarations de Moncef Marzouki n’ont pas participé à faire retomber la pression.

Dans ce même entretien avec le ministre marocain, Mondher Thabet affirme la nécessité de reconsidérer et de relancer l’Union du Maghreb Arabe (UMA), qui devrait englober le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Algérie et l’Egypte. Il considère qu’aujourd’hui, suite à la révolution, le Maroc remporte des marchés et des investissements étrangers qui seraient, si la situation était différente, allés pour la Tunisie. La paix sociale est donc primordiale pour que la Tunisie récupère ces marchés dont profite largement le Maroc à ce jour et, le parallélisme des deux économies n’aidant pas, la concurrence est rude entre les deux pays, notamment pour récupérer les échanges avec l’Algérie que la Tunisie risque de perdre si elle ne rectifie pas le tir.

Mondher Thabet ajoute que pour avoir un poids substantiel dans la région, une union entre la Libye et la Tunisie est à prévoir, concernant la politique étrangère et de défense, notamment, avec des échanges facilités. La complémentarité entre les deux pays aidant, l’un ayant des ressources humaines auxquelles il ne trouve pas de travail, l’autre ayant les richesses naturelles. Cette union ne pourrait évidemment pas se faire sans la stabilisation de la situation en Libye. Il affirme en outre que le marché libyen est en proie à toutes les convoitises, y compris celle des Egyptiens.

Concernant les Européens, Mondher Thabet constate que la vision à la tête de l’Etat, composée d’un Marzouki imprévisible et d’islamistes qui font encore peur, est trouble. Il déclare par ailleurs que Béji Caid Essebsi est l’homme qui rassure le plus les Européens et qu’un groupe de conseillers, dont ce dernier ferait partie, devrait être créé pour améliorer les relations entre l’Europe et la Tunisie, particulièrement la France qui a fait les frais, récemment, des frasques de Moncef Marzouki. Des groupes devraient ainsi effectuer un travail de lobbying, en étroite collaboration avec le pouvoir, pour attirer les investissements étrangers.

Concernant la politique interne, Mondher Thabet considère que le programme libéral d’Ennahdha, similaire, à quelques points près, avec celui mis en place sous Ben Ali, est celui qu’il faut pour la Tunisie, tout en insistant sur le fait qu’Ennahdha doit assurer la séparation entre l’Etat et la religion, si elle veut avoir le succès qu’ont eu les islamistes de l’AKP, en Turquie. Il considère également que le travail de sape systématique de l’opposition empêche l’évolution de la situation, mettant le parti islamiste dans une situation périlleuse où il se doit d’user de son pouvoir mais il a peur de le faire, par crainte de s’attirer les foudres des autres parties.

Sur un autre plan, Mondher Thabet affirme que le régime parlementaire défendu par Ennahdha serait le plus dangereux pour la Tunisie, y compris et surtout pour les islamistes, car il installerait une instabilité politique pérenne (à l’image de la IVème République française), qui empêcherait le pays de sortir de la crise dans laquelle il se trouve aujourd’hui. L’un des sujets principaux à mettre sur la table est donc cette question de régime et M. Thabet considère qu’il n’est pas dans l’intérêt d’Ennahdha de prendre la responsabilité de cette question et d’imposer le régime parlementaire. M. Thabet affirme qu’au contraire, la Tunisie ne peut être gouvernée que sous un régime présidentiel, à l’image des Etats-Unis, où l’exécutif, entre les mains du président de la République, serait strictement séparé du pouvoir législatif. M. Thabet souligne la différence entre un régime présidentiel et un régime hyper-présidentiel ou présidentialiste, qui faisait loi sous Ben Ali, et qui a conduit à l’autoritarisme.

Pour Mondher Thabet enfin, il n’y a rien d’islamiste dans le programme d’Ennahdha et la rupture avec l’aile radicale du parti ne saurait être qu’une question de temps. Il souligne que la politique d’Ennahdha visant à rassurer les investisseurs nationaux, au lieu d’entreprendre une chasse aux sorcières, comme le souhaite le CPR, est la bonne démarche et redonnerait confiance à ces mêmes investisseurs.
Avec la sécurité et les investissements, on pourra alors relancer la consommation et repartir sur de bonnes bases. Mondher Thabet entend participer à la reconstruction du pays en usant de ses relations, que ce soit étrangères ou nationales, pour rassurer les investisseurs et faire part de ses recommandations dans la politique à suivre.

Monia Ben Hamadi
17/01/2012 | 1
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