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Tunisie – Malgré les snipers étrangers, la vie commence à reprendre un semblant de cours normal
17/01/2011 |
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Tunisie – Malgré les snipers étrangers, la vie commence à reprendre un semblant de cours normal
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La Tunisie a vécu, dimanche 16 janvier 2011, une nouvelle journée très spéciale au cours de laquelle les événements se sont précipités à un rythme effréné.
Encore une fois, la journée a été marquée, malheureusement, par les informations, tristes et alarmistes, concernant les actes de pillage, d’agressions à arme à feu et les arrestations de bandes armées comprenant, même des étrangers en possession d’armes sophistiquées.
En ce même temps, les citoyens continuaient à pâtir d’un manque flagrant de denrées alimentaires et d’essence, d’où les ruées qui se sont poursuivies, parfois en vain, notamment pour se procurer du pain.


Aux dernières nouvelles, des affrontements armés entre des éléments de l’ancienne garde présidentielle et les forces de la Sûreté nationale autour du Palais présidentiel de Carthage. Les échanges de tir s'écoutaient jusqu'après 22h30. Il faudrait moins de 48 heures pour venir à bout de cette garde présidentielle, selon un officier de la Sûreté nationale. Selon lui, il ne s’agit pas d’agents loyaux à l’ancien président, mais d’agents imbus d’eux-mêmes, se croyant supérieurs aux autres unités de la Sûreté et inquiets pour leurs petits conforts personnels et leurs salaires mirobolants.
Idem du côté de la Manouba et à Akouda où l'on a entendu plusieurs échanges de tirs la nuit.
Par ailleurs, une source officielle a indiqué, en fin de matinée, que le procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire contre Ali Seriati, ancien directeur général de la sécurité présidentielle et ses adjoints, pour complot contre la sûreté intérieure de l'Etat et pour des actes d'agression et incitation des gens à s'armer les uns contre les autres, ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien en vertu des articles 68, 69 et 72 du code pénal.
Le juge d'instruction compétent a présenté les chefs d'inculpation aux coupables présumés et a délivré des mandats d'arrêt à leur encontre, dans l'attente du parachèvement des procédures juridiques de cette affaire.

D’autre part, le neveu de l'ex-président Ben Ali, Kaïs Ben Ali, a été interpellé par l'armée à Msaken (centre), dans la nuit de samedi à dimanche avec dix autres personnes qui "tiraient en tous sens" à bord de véhicules de police, selon des témoins. Un membre de ce groupe de tireurs nocturnes a été tué lors de l'intervention des militaires, ont indiqué deux témoins, dont un médecin, qui ont assuré avoir reconnu Kaïs Ben Ali parmi les individus arrêtés.

Un autre incident de taille est celui impliquant quatre individus armés à bord d’un taxi qui ont été arrêtés dimanche 16 janvier 2011 vers 13 heures devant les locaux du Parti démocrate progressiste (PDP) au coin de la rue Mokhtar Attia, a affirmé Issam Chebbi, vice-président du PDP, à des chaînes de télévision étrangères et selon le site officiel du parti. Il en ressort que deux de ces individus seraient, selon M. Chebbi, étrangers dont l’un porterait la nationalité syrienne avec un permis de port d’armes en bonne et due forme délivré par le ministère de l’Intérieur en date du 9 janvier 2011.
Le taxi était en stationnement et a paru suspect à un membre du PDP qui a appelé les forces de l’ordre au secours. Celles-ci, présentes sur les lieux ont vite fait d’y accourir et procédé à l’arrestation des individus.
Pas loin de là, 3 taxis suspects avec 8 étrangers à bord ont été contrôlés au coin de l’avenue de Paris et de la rue Mokhtar Attia à Tunis.
Après la fouille, les agents de l’ordre ont découvert des munitions et des armes dans leurs bagages. Ils ont été immédiatement arrêtés et transférés à la direction de la Sûreté nationale pour enquête.
A noter qu’un officier de l’Armée nationale a déclaré en direct à la télévision nationale que deux snipers ont été abattus il y a quelques minutes par les soldats. Ces deux snipers se trouvaient sur le toit d’un immeuble en face de l’horloge de la Place du 7-Novembre. Un des soldats a été par ailleurs blessé.

Par ailleurs, à la Cité Ennasr, nous avons été témoins de l’arrestation de l’épouse de Imed Trabelsi et de son père et ce à la Cité Ennasr aux alentours de 15 heures.
Les forces de la police, fortement applaudies par les citoyens, ont également arrêté, au même moment, deux individus qui tentaient de récupérer une voiture de location garée dans le parking de l’immeuble où se trouve la veuve d’Imed Trabelsi. On y a trouvé une valise au contenu suspect.


Une éclaircie dans la grisaille, toutefois, est cette annonce par une source officielle que dans le cadre de l'allègement des mesures de l'état d'urgence et à la lumière de l'amélioration des conditions sécuritaires dans le pays, l'horaire de l'état d'urgence a été réduit pour passer de 18H00 à 05H00, avec maintien des autres mesures prises.
Cette amélioration des conditions de vie s’observe dans la majorité des quartiers et cités de Tunis, à l’exception de ceux de la banlieue nord. Un peu partout, on voyait des gens attablés dans les cafés au cours de la matinée.
Demeure cependant la problématique des boulangeries bondées et des marchés fermés. D’ici demain, lundi, les choses devraient commencer à retrouver leur cours normal.

Sur le plan politique et dans une intervention téléphonique sur la chaîne de télévision nationale, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a déclaré « que les négociations relatives à la composition d’un gouvernement d’union nationale ont bien avancé ce qui va nous permettre de construire le pays.
M. Ghannouchi, a profité se son passage sur antenne pour rassurer les citoyens que les choses évoluent dans le bon sens, au vu de l’arrestation de plusieurs délinquants. Ces gens-là ne connaitront aucun pardon.
La police et l’Armée ont fait un travail extraordinaire et les jours à venir nous montreront qui est derrière ces milices, a-t-il ajouté.
A souligner, toutefois que selon Nessma TV et nos propres sources, ce gouvernement verrait dans sa composition Afif Chelbi, Ahmed Friaa, Nouri Jouini, Kamel Morjane (Affaires étrangères), Ahmed Ibrahim (à l’Enseignement supérieur), Néjib Chebbi (Développement régional), Lazhar Chebbi (Justice), Ahmed Ounais (secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères) et Iyadh Ben Achour.

Enfin, la question qui se pose avec persistance était la suivante : Faut-il reprendre le travail, demain lundi 17 janvier 2011. D’un côté, l’UGTT et les syndicats, dont celui de la chambre des centres d’appel, multipliaient les appels à la reprise du travail, s’agissant d’un acte citoyen pour que l’activité économique reprenne son cours normal.
La Transtu et la SNCFT ont, également annoncé la reprise du trafic ferroviaire, des bus et des métros.
Or, ces appels coïncident avec l’arrestation d’individus étrangers, lourdement armés, dans les rues principales de Tunis, comme sus mentionné. Arrestations rapidement relayées par des vidéos diffusées sur Facebook. Alors ?...
La vigilance demeure de mise et, le soir, les différents habitants de quartiers se sont retrouvés aux coins de rues pour assurer la garde contre les pillages.

Crédit photo :
Libération
17/01/2011 |
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