
Par Sofiene Ben Hamida
L’instance supérieure indépendante pour les élections, Isie, a officiellement annoncé la liste définitive des candidats à la prochaine élection présidentielle. Quoiqu’épurée de quelques candidatures farfelues ou indécentes, cette liste présente toujours des candidatures problématiques qui risquent d’entacher l’ensemble du processus électoral.
D’abord, il y a la candidature de Slim Riahi qui pose un gros problème. Voila quelqu’un qui fuit la justice de son pays et qui a le culot de se présenter à la magistrature suprême, par procuration. Il est vrai que les textes sont muets, mais le bon sens suppose qu’il n’existe pratiquement aucune circonstance aussi importante dans l’existence d’un citoyen, que le moment de présenter sa candidature pour postuler au poste de président de la République. Le même bon sens exige qu’on postule à la magistrature suprême quand on a réglé tous ses problèmes avec l’administration et la justice de son pays et non parce qu’on veut profiter de l’immunité qu’accorde le statut de président de la République pour contourner tous ces problèmes et fuir ses responsabilités face à l’administration et la justice de son pays. Il aurait fallu que l’Isie assume pleinement sa responsabilité et refuse, dès le début, d’accepter une candidature par procuration. Le candidat en question n’avait qu’à régler ses problèmes et se présenter lui-même pour déposer sa candidature. Seulement, l’Isie a refusé de jouer son rôle de véritable patron en période électorale et s’est limitée à un rôle strictement technique, par manque de courage, mais aussi pour préserver un équilibre précaire et fragile au sein de son conseil.
Ensuite, il y a le cas du candidat Hatem Boulabiar dont la candidature a été définitivement maintenue alors qu’il ne récolte plus les parrainages exigés de dix députés. En effet, la députée islamiste Fatma Naguez nie avoir parrainé Hatem Boulabiar, transfuge du parti Ennahdha. Son collègue le député d’Ennahdha Meher Medhioub a lui aussi nié parrainer Hatem Boulabiar et a affirmé donner sa préférence au candidat d’Ettakatol Elyes Fakhfakh. Les deux députés islamistes ont d’ailleurs déposé une plainte pour falsification de signature contre Hatem Boulabiar et informé l’Isie qu’ils ne parrainaient pas ce candidat, tout comme le député de gauche Adnéne Hajji qui a informé l’Isie qu’il retirait son parrainage au candidat Boulabiar suite à cette affaire. Au lieu de réagir rapidement et prendre les devants en annonçant la suspension temporaire de la candidature de Hatem Boulabiar jusqu’au verdict définitif de la justice, elle a maintenu la candidature de Boulabiar en attendant un verdict définitif de la justice. Cette attitude de l’instance des élections est une aberration puisque les expertises et les contre-expertises en écritures et en graphologies dans ce genre d’affaires peuvent aller au-delà de la durée d’un mandat présidentiel. Cette attitude pourrait d’un autre côté, en cas d’un verdict en défaveur du candidat Boulabiar, conduire à l’élection d’un président de la République qui ne remplit pas toutes les conditions pour se présenter à ce poste. Heureusement que dans ce cas précis, cette éventualité est très lointaine.
A l’heure actuelle, des informations judiciaires sont ouvertes contre quatre candidats à l’élection présidentielle pour fraude et falsification des parrainages populaires. Il s’agit de hamma Hammami, Abid Briki, Mohsen Marzouk et Lotfi Mraihi. L’Isie aurait dû, là aussi, suspendre leurs candidatures jusqu’au verdict final. Elle a choisi l’attitude inverse.
Mais la preuve criarde de l’hésitation de l’instance des élections dans la gestion du processus électoral reste la candidature de Nabil Karoui. Elle aurait pu, dés son arrestation, annoncer la suspension de sa candidature jusqu’à la décision définitive de la justice. Elle se retrouve aujourd’hui avec un candidat derrière les barreaux. Nous sommes curieux de voir maintenant comment l’Isie envisage de garantir une campagne équitable entre un candidat emprisonné, un autre en fuite et les 24 autres candidats ? Ces candidats accepteront-ils que Nabil Karoui et Slim Riahi soient représentés par leurs lieutenants au cours des débats électoraux télévisés ? Cette situation que l’Isie assume en grande partie, ne favorise-t-elle pas paradoxalement les candidats Karoui et Riahi qui pourront jouer à fond la carte de la victimisation au dépend de leurs autres concurrents ?
Le manque de fermeté et de courage, les hésitations et la volonté évidente d’éviter les tensions internes ont conduit l’Isie à créer cette situation électorale inédite qui pourrait engendrer des situations encore plus inextricables. Cette fois-ci, si le processus électoral arrive à son terme sans trop de problèmes, ça ne sera pas grâce à l’Isie.




Commentaires (22)
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Si BH il faut aller plus loin que la simple constation dans votre anlyse
Réalisme oblige !
La loi est la loi
Ils suivent la loi aveuglement
Ohhhhhhh
QUOI ELLE NE L A PAS DEJA BOUSILLE EN INTERCALANT
Une ISIE bousillée
celui de l'incompétence du bureau exécutif de l'ISIE
Il y a des scénaris suite a l'analyse de la situation
il y a des actions préventives et correctives normalement explicitées formellement dans le reglement de l' ISIE
Il est peut être utile de rappeler que la Tunisie n'est pas le seul pays au monde à organiser des élections se voulant libres
Donc quelle est la cause de ce foutoir ?
imprévoyance manque de discernement absence de leadership mauvaise gestion des parties interessées au processus de l'élection
malgré une expérience confirmée
en un mot : incompétence
Le respect de la fonction et du citoyen
La faute à qui?
2- le cas riahi: l'isie n'aurait jamais dû accepté son dossier.


