alexametrics
lundi 02 juin 2025
Heure de Tunis : 05:42
Dernières news
Incarcération dans l’affaire du stade de Sousse : les architectes dénoncent une dérive judiciaire
31/05/2025 | 14:17
3 min
Incarcération dans l’affaire du stade de Sousse : les architectes dénoncent une dérive judiciaire

 

L’Ordre des architectes a exprimé, dans un communiqué publié vendredi 30 mai 2025, sa profonde préoccupation face aux arrestations successives de plusieurs architectes impliqués dans la conception de projets publics actuellement sous enquête, dont le plus emblématique est celui du stade olympique de Sousse.

S’il réaffirme son attachement aux principes de reddition des comptes et au respect de la loi, l’Ordre insiste sur la nécessité d’un traitement rigoureux et équitable des affaires en cours. Il appelle à distinguer clairement les responsabilités civiles des responsabilités pénales, soulignant que la responsabilité professionnelle des architectes relève avant tout du domaine civil, sauf preuve contraire démontrée à l’issue d’une expertise technique approfondie.

 

Un appel à la justice, pas à la stigmatisation

L’Ordre condamne fermement les arrestations, qu’il juge prématurées, soulignant l’absence d’enquêtes techniques complètes pouvant établir objectivement les responsabilités. Il appelle les autorités judiciaires à mener les procédures dans la transparence, en respectant les droits des professionnels mis en cause.

Dans ce contexte tendu, l’organisation exprime sa solidarité avec l’ensemble des architectes, qu’ils exercent dans le secteur public ou privé, et rappelle leur rôle central dans l’aménagement du territoire et le développement urbain. Elle demande la préservation de l’intégrité de la profession et une reconnaissance de sa contribution à l’intérêt général.

 

Vague de soutien autour d’Adel Hidar

L’arrestation de l’architecte Adel Hidar, l’un des principaux concepteurs du projet de rénovation du stade de Sousse, a provoqué une onde de choc dans la communauté des architectes. Plusieurs confrères ont pris la parole pour exprimer leur indignation et défendre sa réputation.

L’un d’eux témoigne : « Adel Hidar est un architecte talentueux, un homme digne, passionné de musique et profondément humain. On lui reproche une "erreur professionnelle", mais comment un choix technique validé par toutes les parties et conforme aux contraintes budgétaires peut-il se transformer en accusation pénale ? ».

Un autre confrère s’interroge : « Si une telle épreuve peut frapper un pilier de notre profession, que restera-t-il pour les autres ? ».

Tous dénoncent une dérive inquiétante où des choix professionnels deviennent matière à poursuites pénales, sans expertise préalable ni prise en compte du contexte technique réel. Un soutien massif s’organise en faveur de l’architecte, connu pour ses nombreuses réalisations à Sousse et à travers le pays, ainsi que pour ses distinctions nationales et internationales.

 

Les limites d’un projet complexe

Depuis 2009, Adel Hidar a consacré de nombreuses années au projet d’aménagement du stade olympique de Sousse. Selon ses soutiens, les choix architecturaux incriminés — notamment ceux concernant la visibilité dans certaines zones des gradins — relèvent de contraintes techniques et budgétaires connues de tous les intervenants, y compris des autorités ayant validé le projet.

 

Détentions dans l’affaire du stade

Le parquet près le tribunal de première instance de Sousse 1 a placé plusieurs personnes en détention cette semaine, dont l’architecte chargé de l’étude du projet et deux hauts responsables du ministère de l’Équipement. D’autres personnalités, dont un ancien ministre, devraient être entendues dans les prochains jours.

Le projet du stade, d’un coût supérieur à 60 millions de dinars, a été livré avec d’importants défauts : équipements non conformes, problèmes de visibilité dans les gradins et non-respect des normes imposées par la Confédération africaine de football (CAF).

 

Une mobilisation professionnelle croissante

Face à ce climat d’inquiétude, l’Ordre des ingénieurs tunisiens a lui aussi pris position. Dans un communiqué, il a dénoncé une procédure précipitée, menée en l’absence d’expertises techniques crédibles, et a exigé la libération immédiate des ingénieurs incarcérés.

L’affaire du stade olympique de Sousse dépasse désormais le seul cadre judiciaire : elle interroge la manière dont sont gérées les responsabilités dans les grands projets publics, et la protection — ou l’absence de protection — des compétences tunisiennes engagées dans ces chantiers complexes.

M.B.Z

 

31/05/2025 | 14:17
3 min
Suivez-nous
Commentaires
Citoyen_H
COMME D'HABITUDE, TOUT LE MONDE EST INNOCENT.
a posté le 31-05-2025 à 18:16
Mais alors, qui est coupable ?
C'est peut-être l'eau qui avait servi à obtenir le mélange, sable + ciment, qui ne contenait pas les minéraux requis !!
Mais encore, c'est peut-être la bétonneuse qui ne tournait pas assez vite !!
Et pourquoi pas, il se pourrait que ce soit la faute à la météo, pendant qu'on y est !!!
2011 fut un virage des plus mortels qui soit, pour la NATION.
Tout partit en cacahuète, à partir du moment où les g3arr chléyék de la troika, prirent le pouvoir !!
Tout est à reconstruire, tout est à rebâtir, tout est à refaire, tout est à restructurer, tout est à remodeler, tout doit être revérifier, tout doit être reconsidérer,
Des têtes, de très nombreuses têtes doivent tomber.
Aucun coupable ayant été complice de ces carnages, ne doit en réchapper !
Halte au laxisme, halte à l'anarchie, halte à la dérive, halte au bagrallah fi zar3ala !!!!


Gg
Juste pour info...
a posté le 31-05-2025 à 16:02
Il s'agit bien du stade en chantier depuis dix ans, minimum, truffé de non conformités et de défauts, dont l'achèvement a finalement été confié à des entreprises chinoises?
Il faut bien comprendre les causes de ce fiasco et, à défaut de désigner des coupables, il faut au minimum trouver les responsables.
Nul doute que les architectes ne sont pas seuls concernés, le mille feuilles administratif a sûrement sa part!
Jilani
Aucun projet n'a échappé à la corruption
a posté le 31-05-2025 à 15:23
Un projet de 60 millions de dinars sans corruption, qui va le croire. Même le hammas du coin aurait touché quelque chose, que dire des ingénieurs et cadres du ministère.
Hafedh
Precision
a posté le 31-05-2025 à 15:04
Pour plus de précisions, il n'y a pas eu d'incarceration, à la fin des interrogatoires par la garde nationale le procureur a décidé de mettre l'architecte et deux directeurs en garde à vue.
Le lendemain ils ont été traduits devant le juge d'instruction qui après les avoir interrogé a décidé de las laisser en liberté.