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Tribunes
Pourquoi le RCD serait de retour
21/03/2017 | 11:07
7 min
Pourquoi le RCD serait de retour
 
Par Lilia Bouguira

J’ai suivi avec beaucoup d’appréhensions les derniers remous sur la justice transitionnelle, les inconditionnelles bavures de la présidente de l’instance et sa suite, les auditions publiques et les ratages sur lesquels je reviendrai sûrement mais je voudrai parler surtout de la polémique sur le retour  du RCD  et sa machine  comme on aime répéter.
 
J’ai visionné la vidéo de la manifestation des partisans du parti destourien libre devant l’instance vérité et dignité. J’ai été surprise comme beaucoup d’autres d’ailleurs par le nombre de partisans qui sont venus hurler leur colère contre cette instance et le cafouillage dans la gestion des affaires de la nation en transition. Les gens se déclament de plus en plus de son processus mais de ses fondements même. De hauts intérêts nationaux placés entre des mains aux commandes tyranniques et aux mesures tronquées par un manque grave en savoir-faire et en savoir tout simplement. S’ajoute à cela une forte politisation qui ne se fait que de plus en plus sentir et rend son travail non indépendant. 
 
A tout cela, se greffe une illégitimité frappante qui déflagre toutes les décisions d’un conseil devenu informe et illégal depuis sa décision le 14 octobre dernier de radier deux de ses membres monsieur Baaazaoui Mustapha et le docteur Bouguira Lilia. Frappé depuis d’une double infirmité : celle de n’avoir plus de quorum en tant que dix membres obligatoires et celle de ne plus respecter le principe qu’un tiers des membres doit être représenté par des femmes (principe de la parité), l’IVD a pris le grave risque de se mettre hors la loi. Du coup, elle a volontairement donné à ceux qui la critiquent le droit de la discréditer.
Depuis, les procès ne cessent de pleuvoir sur une instance qui a pris le risque fou de braver les textes de loi et les jugements des tribunaux.
Depuis, le parti destourien libre s’est emparé à juste titre de ces démesures qui portent de larges entailles à la bonne marche de l’IVD. Manœuvrer en illégalité a été délibérément le choix de la présidente et de ses mages. Crier au loup et au retour des RCD est, à mon sens, que pure vanité.
 
Certes, il est clair que depuis quelque temps, les langues se délient de plus en plus et les partisans du RCD accouchent de plus de liberté et d’audace pour se démarquer. Certains érudits de tergiversations et de mauvaise foi ont vite hurlé au retour du RCD sans se soucier des raisons de ce retour en force du RCD. Pas un seul instant ils n’ont évalué le pourquoi et le comment des choses. Comment cela est-il devenu possible dans un pays fraîchement libéré d’à peine six ans de son joug ? Sommes- nous surtout en droit, nous le peuple, de nous étonner encore de quoi que ce soit quand c’est le peuple même qui prend peur, ne croit plus en rien même plus en sa révolution. Cet acte de courage quand un jour il a hurlé le fameux « Dégage » préalablement concocté par autre que lui un certain 14 janvier 2011.
 
Nous nous dirigeons vers l’abime dans une désinvolture sans précédent de la part de nos dirigeants.                              
Nos télés et médias nous renvoient des déficients, des marionnettes qui nous brandissent tout sauf de vraies solutions, de vraies issues et par-dessus tout l’intérêt de ce pays en dérive.
Un chef d’Etat n’est rien sans son peuple. Le peuple n’est rien sans son chef d’Etat. Relever ce pays et assurer sa pérennité doit être la priorité du président. Or, nous manquons douloureusement de vrai leader dans ce pays non pas que le président actuel manque d’atout mais des guerres intestines à l’intérieur de son bercail rongent gravement son royaume et le fragilisent.
 
Nous avons aussi l’avantage ou le ridicule de compter plus de partis que de vrais dirigeants avec de vrais projets pour le pays.
Comment dès lors oser s’offusquer de ce retour du RCD lorsque ceux qui sont aux commandes du pays se jouent de ce pays même, le bradant pour des bouchées, le ballotant par ci et par là dans des parricides politiques de famille, de partis et de clans. 
Comment oser renier cette nostalgie du passé lorsque le présent est trouble, le futur noirci de haine et de mauvaises graines ?
Comment ne pas être tenté d’y réfléchir lorsqu’aucune éclaircie ni de stratégies loyales et claires ne pointent aux horizons ?
 
Il faut croire qu’il nous est presque impossible de nous débarrasser de cette part du RCD parce que le RCD fait partie intégrante du passé de ce pays. Quel que soit le gâchis qu’il a entraîné dans ce pays pendant des décennies, ceux qui s’occupent actuellement de faire la vérité et de nous en détacher la font mal, très mal même.          
                                                                                                                                                                                     
Tout rêve de réhabilitation, de dignité et d’écriture juste de l’histoire est fortement secoué. Toute illusion de faire mieux que les anciens est presque tuée en chacun de nous minée par leurs actes arrogants et cupides de possession.                                                                        
 
La justice transitionnelle boite honteusement, handicapée par ses dérapages fréquents, ses départages injustes et son manque d’équité envers tous les intervenants dans ce processus. Victimes et perpétrâtes doivent être traités sous le même pied d’égalité. La justice transitionnelle a été créée pour tous les Tunisiens sans exception. Pour arrêter de faire saigner ce pays et son peuple, il faut arrêter de s’approprier ce processus censé nous libérer de nos démons. En chacun de nous habite une part de ce démon. Il transparaît dans nos actes de défaillance à ce pays, dans les ratages incessants des politiques entamées depuis la révolution et surtout dans cette haine envahissante de l’autre qui chaque jour grandit en nous.  Aucun de nous n’a ce droit d’appropriation, pas même Ennahdha qui semble compter parmi ses adeptes, le plus grand nombre de victimes de l’ancien régime.
 
Il est temps pour nos responsables de se reprendre et à cette instance de tarer sa balance. Nous sommes fatigués d’être ainsi malmenés. Nous sommes fatigués tout court.
Je terminerai juste par rappeler les actes de notre prophète en entamant le processus de justice transitionnelle dans son pays déchiré par des guerres tribales auxquelles il voulait mettre fin.                                                                                                           
 
Pourrions- nous imaginer un seul instant le rapprochement de la maison de ce chef tribal (dont la femme a mordu dans le foie de l’oncle du prophète, arraché de ses mains et tombé sur le champ de bataille pour venger dans sa folie son père et son frère) avec la maison du RCD ?                                                    Non ! Le rapprochement serait surement plus dur à avaler mais pourrons- nous au moins imaginer un seul instant que l’instance vérité et dignité soit la maison aussi des anciens RCD et de tous ceux qui ont fauté non pour se l’approprier à leur tour mais pour enfin donner la chance à cette nation de se réconcilier avec son passé et pouvoir avancer ?
 
Telle est l’âme même de la réconciliation nationale au travers d’une vérité émise avec des garanties de non vengeance et d’équité, avec des garanties de démantèlement de l’ancien système par ses acteurs mêmes pour qu’il n’y ait plus répétition encore faut-il qu’on leur assure les vraies garanties pour qu’ils puissent raconter et avouer.                                                                                              
Une justice extraordinaire dans un contexte extraordinaire pour un pays extraordinaire.                              
 
Le nôtre l’est infailliblement.
 
 
 
 
 
21/03/2017 | 11:07
7 min
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Commentaires (3)

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EL kilani tani
| 22-03-2017 10:20
J'ai l'impression que vous n'étiez pas un Tunisien ,votre avis à propos de ces deux nobles présidents est à revoir .
S'ils avaient gouverné le pays à bras de fer ce qu'il faut car nous les musulmans ne ne connaissons pas la valeure de la liberté et il faut laisser la liberté à ceux qu'ils ont découvert ( les U S A et les Européens ).
Ce que est très important c'est que la Tunisie est saint et sauf référer vous à certains pays musulmans L'Irak le Yémen l'Afghanistan la Syrie qui sont dans une situation tragique les milliers de refuges sans abri qui sont en train de mendianter à travers le monde quand à vous je vous prierai de se contenter de la situation dont vous étiez vous circulez à l'aise dans les boulevards Tunisiens sans crainte .
En tous les cas je demande à Dieux de remercier le géneral Ali Seriati, d'avoir sauver le pays d'un destin inquiétant pour les Tunisiens et le pays voisin .
En conclusion la liberté reste toujours sans définition à ce jour et l'être humain est né pour vivre dans les contraintes jusqu'au son expiration .
Je demande à Babamomes| qu'il me respecte s'il est charger d'une mission pour déstabiliser son pays s'il est un Tunisien.
En tous les cas il arrivera le jour ou les nobles Tunisiens et Tunisiennes reconnaissaient que l'ancien président Ben Ali est un président qui était au service de leur peuple et s'il était dictateur c'est uniquement avec ceux qu'ils le méritaient ceux qu'ils prendront le religieux comme feuille de route mais la réalité c'est autre chose leurs discourts n'ont rien avoir avec le religieux leur préoccupations ce n'est rien des sièges .

Babamomes
| 21-03-2017 23:07
Si la Tunisie traverse une période noire et tragique c est à cause des deux despotes qui ont gouverné le pays d une main de fer égoïstement sans laisser germer la moindre démocratie ou naître des partis politiques. De toute façon l histoire ne pardonne pas et ces deux dictateurs seront traités comme ils le méritent.

EL kilani tani
| 21-03-2017 16:12
il trouvera sa place comme il était auparavant ,un parti qui avait géré , protéger le pays du destin tragique qui vivaient certains pays amis et frères .
Les deux présidents Bourguiba et Ben Ali sont l'origine de la prospect et la dignité de tous les Tunisiens et aussi grâce à eux que la Tunisie se trouve dans une situation certaine .
le Journaliste El Magharibya Samir il faut qu'il donne une importance à sa patrie la Tunisie et qu'il participera sérieusement dans le jugement en rejetant les actes injustes en donnant les mauvaises images sur les hommes qui ont sacrifié pour la reconduction de ce pays ,En Tous les cas il est libre de dire qu'il veut mais la réalité c'est toujours la réalité et la propagande ne portera jamais de résultat .
Ce que je constate que le respect Samir souhaite que la Tunisie sera sans Police ni Gendarme ni justice ni prisons ni contrôle au niveau des mosquées pour contre carré les malhonnêtes qui se cachent dans les lieux réservés aux vrais fidèles .
Et qu'il sera au courant que Sidna Ali ( Karama Allah Wajhouhou) a été trahi dans une mosquée .
Je demande à ce célèbre Tunisien qui vive à l'étranger qu'il m'excuse s'il constate que j'ai dépassé mes limites .