alexametrics
samedi 14 juin 2025
Heure de Tunis : 13:52
SUR LE FIL
Magasin Général : les petits porteurs en colère, face à la lenteur des retombées du plan de restructuration
11/06/2025 | 19:11
8 min
Magasin Général : les petits porteurs en colère, face à la lenteur des retombées du plan de restructuration


2024 a été une année difficile pour la société Magasin Général qui, malgré les efforts, a vu ses résultats demeurer dans le rouge. Une situation qui a provoqué l’ire de certains petits porteurs, ne comprenant pas les raisons de cet échec et réclamant des explications. Le management leur a répondu en affirmant que la restructuration est en marche et que les fruits seront récoltés à partir de 2025.


C’est ce qui ressort de l’assemblée générale ordinaire, tenue mercredi 11 juin 2025 à l’Institut arabe des chefs d’entreprises, sous l’égide du président du Conseil d’administration, Ahmed Ben Ghazi, de l’administrateur et représentant de l’actionnaire de référence, le groupe Bayahi, Yahia Bayahi, et du directeur général, Fahd Chaouch.

2024 a été une année difficile, plombée par un contexte économique marqué par une croissance faible et une inflation relativement élevée, pesant sur le pouvoir d’achat. Ainsi, l’enseigne MG a clôturé l’année avec un déficit individuel de -3,74 millions de dinars (MD) contre -34,01 MD fin 2023, et un déficit consolidé de -10,07 MD contre -42,37 MD un an plus tôt. Certes, le résultat s’est nettement amélioré, mais il reste déficitaire. Le résultat d’exploitation est passé, en individuel, de -13,52 MD fin 2023 à 10,16 MD fin 2024, et en consolidé, de -5,34 MD à 12,79 MD. Le revenu de la société a progressé de 5,8% pour atteindre 1,04 milliard de dinars, tandis que le revenu consolidé a augmenté de 2,7% pour s’établir à 1,1 milliard de dinars.

Ahmed Ben Ghazi a tenu à souligner plusieurs points. Il a indiqué que, sur le plan commercial, 2024 a été une année de consolidation de la position de l’enseigne sur le marché et de retour à la croissance. Sur le plan financier, la société a dégagé un résultat d’exploitation positif, contre un résultat négatif un an auparavant, grâce notamment à une meilleure maîtrise des charges. Parallèlement, elle a poursuivi son désendettement bancaire.

 

 

Fahd Chaouch a rappelé que la société a 142 ans d’existence, un signe rare de longévité. Elle a su se transformer et évoluer. Ainsi, elle a poursuivi son projet de restructuration. L’année 2024 a été marquée par de nombreux défis, mais aussi par une capacité de résilience, avec un redressement tangible, confirmé et inscrit dans la durée grâce à des fondations solides et un bon modèle économique, a-t-il affirmé. Et d’assurer — et rassurer — que la société est sur la bonne trajectoire, avec 2023 et 2024 comme années de construction, et 2025 comme année de récolte des fruits des projets engagés les années précédentes.

Le DG a précisé qu’en 2024, l’enseigne a poursuivi l’élargissement de sa gamme MDD (marques de distributeur) avec 1.100 articles. La fermeture de Founa en 2023 a été douloureuse mais nécessaire, démontrant que l’e-commerce alimentaire n’est pas viable en raison des marges faibles. En 2024, la société a misé sur le quick commerce via Yassir, le développement en ligne de l’enseigne Batam, l’amélioration de l’expérience client et le remodeling de ses magasins.

Elle a également œuvré à réduire ses charges financières, en abaissant son endettement de près de 50% (passant de 343 MD en 2021 à 161 MD en 2024) et à optimiser ses charges fixes, avec notamment une efficience énergétique ayant permis une économie de trois millions de dinars.

 

 

Malheureusement, tous ces efforts n’ont pas suffi à apaiser la colère des petits porteurs, notamment Mustapha Chouaïb et Ahmed Naim Kechaou (se présentant comme les porte-voix des petits porteurs et affirmant tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas, ndlr), qui estiment que les réalisations restent insuffisantes tant qu’aucun bénéfice n’est dégagé. Selon eux, tout le monde (management, employés, État) est rémunéré, sauf les actionnaires minoritaires, lésés par l’absence de dividendes depuis plusieurs années. Pour eux, cela reflète des lacunes de gestion, voire une certaine incompétence.

 

 

En réponse, Yahia Bayahi a affirmé que les plus grands lésés dans cette affaire sont les actionnaires de référence, qui n’ont rien perçu depuis quinze ans, malgré leur participation à la dernière augmentation de capital en 2023. Il a souligné que la situation reste difficile, et qu’ouvrir les magasins chaque jour relève d’un défi. Il a rappelé l’état de la société avant les réformes et sa situation actuelle. « Je ne vous demande pas d’être heureux, mais nous avons commencé à améliorer les choses. Et en 2025, il y aura un retour au vert », a-t-il soutenu.

M. Bayahi a noté que l’investissement dans Founa n’était pas judicieux. La société a donc mis fin à cette expérience et, surtout, à l’hémorragie en 2023. À une époque, elle envisageait l’ouverture de quatre hypermarchés avec Auchan, mais a dû renoncer, convaincue que ce n’était pas un investissement opportun. Une décision prise après l’acquisition de grands actifs, générant aujourd’hui des frais importants, notamment immobiliers.

Cela dit, Yahia Bayahi a rassuré les petits porteurs en affirmant que les actionnaires de référence n’auraient pas investi dans une augmentation de capital s’ils n’étaient pas convaincus du potentiel de la société. Il a souligné que 2025 sera meilleure.

 

 

Interrogé sur les MDD, Fahd Chaouch a expliqué qu’il s’agit d’un choix stratégique, destiné à répondre à la cherté de la vie, tout en apportant une forte valeur ajoutée et une image prix compétitive auprès des clients. Il a affirmé que les MDD génèrent une croissance à deux chiffres, autour de 20%.

Le plan de restructuration repose sur un plan de cession immobilière à un prix juste, loin d’une logique de bradage. Dans ce cadre, le DG a estimé que le conseil d’administration a fait preuve de courage en renonçant au modèle des hypermarchés, le contexte national ne permettant pas un fort développement du pouvoir d’achat. Il a assuré que le management est pleinement engagé dans la cession d’actifs, dans une logique de désendettement et de retour sur la bonne trajectoire.

Il a aussi annoncé avec fierté que le nouveau Code du travail n’a eu aucun impact sur la société, cette dernière étant déjà conforme à la réglementation en vigueur.

 

 

Interrogé sur d’éventuels investissements dans de nouveaux magasins, M. Chaouch a répondu que le remodeling présente un meilleur retour sur investissement, alors que l’ouverture de nouveaux points de vente nécessite des financements dont la société ne dispose pas actuellement. Elle poursuivra donc le remodeling au moins pendant deux ans, le temps de soulager sa situation financière, avant de relancer son expansion dans des zones déjà ciblées.

Concernant Auchan et ses intentions envers Magasin Général, le président du Conseil d’administration a expliqué qu’en raison des revers subis en Chine et en Europe liés à la guerre en Ukraine, l’enseigne française est actuellement en phase de stand-by, concentrée sur le marché européen.

 

 

S’agissant des perspectives, Ahmed Ben Ghazi a affirmé que Magasin Général dispose d’un fonds de commerce solide. « Je pense que nous sommes particulièrement bien placés pour opérer dans un environnement difficile. Nous avons les bons produits, une organisation en amélioration et une clientèle fidèle. Le travail quotidien des équipes consiste à faire en sorte que les bons produits arrivent aux bons prix. C’est important, car cela témoigne de notre capacité à évoluer et à nous adapter à des chantiers que nous avons entamés il y a quelques années, comme le développement de la gamme MDD avec un bon rapport qualité/prix », a-t-il soutenu.

Pour sa part, Fahd Chaouch a indiqué qu’en 2025, la société suit une tendance positive avec une évolution de 7,5% du chiffre d’affaires. Il a ajouté que les chiffres du deuxième trimestre seront encore meilleurs. Le DG a aussi noté une nouvelle baisse des charges financières de 16% au premier semestre 2025, en rappelant que le secteur du retail ne supporte pas l’endettement. Le management s’attèle donc à accélérer le désendettement pour permettre une reprise plus rapide.

« Notre promesse est que l’exercice 2025 sera la première année où nous passerons du rouge au vert, même si les résultats ne seront pas spectaculaires. Ce sera un signal fort que la société se redresse et qu’elle suit une trajectoire durable », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Ce que je peux vous promettre, c’est que la dynamique est réellement lancée, et inscrite dans le temps. En 2025, vous verrez concrètement les fruits de tout le travail accompli. (…) Le virage est en train de s’opérer de façon subtile, mais solide et durable. Le passé est derrière nous, et à partir de 2025, nous entrerons dans une nouvelle phase de développement, avec des nouveautés et de nouveaux concepts ».




L’exercice 2024 a été difficile pour Magasin Général, avec des résultats toujours dans le rouge malgré les efforts, alimentant la colère des petits porteurs. L’exercice 2025 sera meilleur, a promis le management, tentant ainsi d'apaiser cette colère. Affaire à suivre...

 

Imen Nouira

 

11/06/2025 | 19:11
8 min
Suivez-nous
Commentaires
Agatacriztiz
Opération de décrassage
a posté le 11-06-2025 à 21:18
Je me pose une question, comment ça se fait que Carrefour, Monoprix, Casino Auchan, Aziza obtiennent de bons résultats, s'en sortent et que le Magasin Général accuse des pertes.
Il y a sans doute des causes pour cela et il serait prétentieux et certainement fastidieux de les reprendre une par une ici.
Mais, il va falloir trouver un type à poigne pour diriger cette institution et la remettre à flot en la dépoussiérant de fond en comble et le plus vite sera le mieux