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Chroniques
Sexe, amour… et hypocrisie en Tunisie
Par Synda Tajine
29/01/2019 | 15:59
5 min
Sexe, amour… et hypocrisie en Tunisie

 

Ceux qui suivent mes articles savent que je parle souvent (un peu trop) de l’hypocrisie sociale qui règne dans le pays. Ce n’est (malheureusement) pas aujourd’hui que cela va changer.  

 

Ceux qui sont outrés par les vérités que le dernier reportage d’Enquête Exclusive a fait ressortir se leurrent. Oui d’accord, nous sommes tous gênés lorsque les voisins regardent nos travers, lorsque les cadavres bien entassés dans les placards commencent à sentir tellement mauvais qu’on ne peut plus les cacher ; et que notre image, qu’on s’évertue tant à redorer, se trouve écornée auprès de ceux par lesquels nous voulons être bien vus.

La Tunisie est miroitée comme l’exception arabo-musulmane et maghrébine en matière de modernisme, de libertés et de droit des femmes. La femme tunisienne est indépendante financièrement, elle mène une carrière, elle conduit sa propre voiture, elle voyage seule, elle a le droit de demander le divorce et elle est représentée dans la vie politique. On parle même de lui donner l’égalité d’hériter autant qu’un homme. Ceci est peut-être enviable dans certains pays aux pratiques moyenâgeuses, mais loin d’être suffisant pour faire de nous un exemple en matière de libertés. Les libertés sexuelles par exemple.

 

Que celles qui n’ont jamais été sexuellement agressées dans les transports publics ou insultées pour avoir marché seules dans la rue lèvent le doigt. Je ne vois pas beaucoup de doigts levés en ce moment. Ces agressions sexuelles ne sont pas uniquement de la « simple » drague ou des insultes verbales « inoffensives » qui n’ont jamais tué personne. Non, je parle de ces pervers qui vous poursuivent pendant des kilomètres dans la rue, qui vous mettent une main aux fesses, qui vous agrippent par derrière, se frottent à vous et vous éjaculent dessus, dans l’indifférence générale des autres citoyens-spectateurs qui trouvent cela tout simplement ordinaire. Ou pire encore, vous disent que vous l’avez bien cherché à cause de votre tenue un peu trop affriolante…parfois même pas.

 

Quand on parle de libertés sexuelles en Tunisie, on peut avoir en tête ces jeunes gens libérés, batifolant et flirtant en toute tranquillité à qui personne n’ose faire la morale. On peut aussi réfléchir à ces jeunes filles qui abandonnent leurs enfants après les avoir mis au monde – ou les tuent de leurs propres mains – car il est moins honteux de se débarrasser de sa chair et de son sang que d’avoir enfanté « dans le pêché ». 

On peut aussi parler du culte de la virginité, transmis de génération en génération et de la nécessité de « se préserver jusqu’au mariage ». Oui, car « tout est permis pour un homme », alors que l’honneur d’une femme est soigneusement caché entre ses jambes et constitue une responsabilité familiale. 

 

Non, le reportage de M6 ne me choque pas. Ce qui me choque en revanche c’est qu’on s’indigne qu’un média étranger ait révélé nos tabous et nos travers les plus honteux, au lieu de s’indigner de leur existence.  

Il est très facile d’accuser la chaîne de « complot médiatique » et de vouloir « salir les pays du Maghreb en usant de calomnies ». Si cette émission n’a pas toujours été connue pour la précision des informations qu’elle présente, on ne peut rien lui reprocher cette fois-ci.

  

L’émission dérange car elle touche un point sensible que les Tunisiens n’assument pas. Leur rapport - gêné et honteux - à leur sexualité et à leur corps. Une sexualité faite de tabous, hérités d’un mélange de tradition et de religion nourri par une société patriarcale qui a peur que les femmes prennent leur émancipation.

En effet, l’émancipation sexuelle des femmes voudrait dire que les hommes n’auront plus d’emprise sur elles, qu’ils ne seront plus ces mâles puissants qui épouseront de jeunes et pures pucelles à qui ils auront la noble mission d’apprendre les choses de la vie. Ils ne seront plus « leur premier homme » et donc n’auront pas d’ascendant sur elles.

 

Il est très permis de parler de « femme de seconde main », de fille « facile », d’ « enfant du pêché », que d’aborder les réelles choses naturelles de la vie. Que de proposer un enseignement sexuel décomplexé et déculpabilisé à ses enfants.  Il est aussi largement permis de dénigrer un homosexuel dans la rue, ou même de l’agresser physiquement.

L’homosexualité, si on se permet d’en parler un peu plus ces dernières années, dérange tout autant. Certains peuvent se dire pour cette « liberté » personnelle mais seront révulsés dès qu’elle « menace » de toucher l’un de leurs proches, leurs enfants, leurs frères ou amis. On consent à certains le droit de l’être, mais ils devront vivre cachés pour qu’on ne les voit pas. On consent aussi que la société soit régie par des normes patriarcales dépourvues de sens et de justice à condition qu’on n’en parle pas et qu’on ne les voit pas dans un écran à la Télé, au vu et au su de tous.

Nos tabous, nos travers et notre hypocrisie doivent rester bien cachés et personne ne doit en entendre parler. Nous ne les assumons pas encore et nous n’avons pas encore décidé de les regarder en face…

Par Synda Tajine
29/01/2019 | 15:59
5 min
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Commentaires (29)

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Manolo 13
| 03-06-2019 21:49
Je suis fiancé à une tunisienne nous avons décidé de nous marié en Tunisie Mai sue de paperasse à faire pour avoir lacord. Et je pense qu'il serait grand temps que la Tunisie se mete à la page comme umpeut partout dans le monde et autorise à deux hêtre humain de pouvoir être et avoir des reports avant et après mariage sa éviterai bien des divorcé et permettrai daprendre à se connaître avant le mariage sans tenir compte du candiraton qui fait plus de mal que de bien adopté la liberté sexuelle =moi. De viol de harcèlement et moin de peur d'être pris en otage part la justice

Nassim
| 11-05-2019 15:55
Fortnite

JP
| 05-02-2019 11:43
Vous en parlez effectivement souvent mais preuve en est que ce sujet est malheureusement toujours et encore d'actualite. Au moins avez vous, vous, le courage d'en parler. Pour le père que je suis, ce sujet m'a hanté pendant des années pendant que je voyais ma fille grandir et s'épanouir. Aujourd'hui à 32 ans elle sait se défendre.
Continuez à denoncer ces pratiques de barbares sans éducation.
Cette virginité obsessionnelle me fait sourire. C'est juste « une fois » et ensuite surveillent t'ils leur femme ? Se sentent t'ils grandis parce qu'ils ont déflorés une femme? Sont-ils vierges eux mêmes au mariage?
« Tu ne dois pas convoiter la fille, la femme, la mère d'autrui » n'est ce pas ? A cette condition comment ces hommes ne sont plus vierges au mariage? Il parait qu'il y a des femmes « pour ça « . Mais ne sont elles pas elles-mêmes les filles d'un père ?
Quel hypocrisie!
Mes sincères salutations Madame

Kilani
| 31-01-2019 17:29
L'idée d'instaurer une éducation sexuelle modérée doit être prise en considération par le Ministère concérné. Ce projet intéressant peut être étudié par des spécialistes ou bien adopter le systéme des pays scandinaves dans ce type d'éducations primordiales.

Ali Baba au Rhum
| 30-01-2019 21:15
ce que vous critiquez existe aussi bien à New York qu'à Rio ou Mexico; c'est la promiscuité et la misère associés au manque d'éducation qui favorisent ces comportements délinquants; le libéralisme que nous subissons n'arrangera pas les choses, certainement .

RICARDO
| 30-01-2019 19:31
J'aime la tajine du Maroc et surtout la Tabouna marocaine.

Alya
| 30-01-2019 15:43
Mme tajine connaissez réellement la femme tunisienne ! Un peu d investigation! Et vous arreterez d écrire des articles à Issy naifs

Zohra
| 30-01-2019 14:22
Superbement bien dit.

Absolument, il nous faudrait une très très très grosse lessiveuse car on devient très sale.

La liberté sans la comprendre ne sert à rien et ça donne plutôt l'anarchie

Citoyen de Tunisie
| 30-01-2019 13:54
Tout est exposé sur les réseaux sociaux, les homo, les masseurs ou masseuses, tout est permis et toléré sauf ce qu'une campagne électorale demande ou un coup de pub ou un buzz cherché.
Madame, je vous lis de temps en temps, une chaîne étrangère évoque un sujet, et alors; c'est la mondialisation.
Les français ont toujours visité notre pays et savent mieux que nous ce qu'y passent réellement.
Et cette tunisienne, ma mère, ma s'?ur, ma femme, ma fille ou mon premier flirt, n'a-t-elle pas changée ?
Faites un tour un Hammamet et vous remarquerez combien de centres de massage s'affichent au grand jour. Regardez comment s'habillent nos filles sous le prétexte de la liberté personnelle. Ne voyons-nous pas combien notre pays est devenu sale, la saleté appelle la saleté, s'installe dans notre inconscient et de fait on devient sale d'esprit.
La pauvreté, l'exploitation et l'incompétence de nos gouvernants y sont pour beaucoup. Tous ces jeunes diplômé(e)s à la recherche d'un boulot qui n'existe pas. Tous ces parents qui foutent dehors leurs progénitures pour sortir chercher un emploi et s'ils rentrent sans le sou, alors là !
Nous avons besoin d'une grande lessiveuse en espérant un résultat ultérieur positif.

HatemC
| 30-01-2019 10:56
Ne te réjouis pas trop vite ...

Qu'y a t-il de différends entre un zarabe descendant des beni hilel et un islamiste ? RIEN c'est moussa haj / haj moussa.

Les PanZarabes et les islamistes c'est la même cause, pour les panazarbes c'est l'union des pays zarabes en une seule entité et les islamistes c'est le califat ...

Depuis quand on qualifie les zarabes de modernistes et de progressistes Tu fantasmes mon pauvre,
Partout où les zarabes ont mis le pieds c'est la D'?SOLATION,

Va lire Ibn Khaldoun sur l'analyse des sociétés du Maghreb de son époque, c'est fort enrichissant pour les zarabosant tel que toi qui crache sur l'identité tunisienne et glorifie celle des zarabes ...

Voici la nature de l'arabe, kallou moderniste :

En raison de leur naturel farouche, gens de pilleries et de brigandage : tout ce dont ils peuvent se saisir sans lutte et sans danger, ils l'enlèvent, puis ils s'enfuient .... UN PAYS CONQUIS PAR LES ARABES EST BIENT'?T RUIN'? ... un peuple farouche, chez lequel la rudesse de MOEURS s'est ancrée au point de devenir leur tempérament propre et leur naturel ...
Les zarabes ont de tout temps considéré la femme comme un objet, un sexe à 2 pattes ... HC