Maintenant, pleurez votre Tunisie !
Le quatuor de tête aux élections législatives est désormais connu. Les destinées du pays seront commandées par des mains islamistes et populistes. Après les années Troïka, et un mandat en alliance avec Nidaa Tounes, le peuple tunisien a choisi de renouveler sa confiance à Ennahdha et de mettre aux devants de la scène un parti qui a quelques mois d’existence, dans un mauvais remake de la configuration 2014.
Sauf que cette fois, un détail important a changé. La pseudo-famille démocrate a fini par péricliter complétement, et ses aficionados pourront, cette fois, bien pleurer leur Tunisie.
Ils peuvent le faire parce que leur Tunisie n’existera plus et ils vont se rendre compte qu’elle n’a jamais existé. Les appels à la mobilisation d’aujourd’hui étaient tout bonnement ridicules et montrent à quel point les partis dits progressistes n’ont rien compris aux dynamiques de la société tunisienne.
Les gens ont voté pour les seules personnes qui sont allées les voir, qui ont au moins fait semblant de s’intéresser à leurs problèmes et à leurs situations. Ils ont choisi ceux qui se sont déplacés dans leurs tristes bourgades ou dans leurs mornes cafés au lieu de ceux qui leur donnaient des leçons depuis les plateaux télé. Les électeurs ont choisi de vous tourner le dos et de donner leur confiance à d’illustres inconnus. Ils ont choisi de tenter l’aventure, de se jeter dans l’inconnu, plutôt que de vous faire confiance. Quelle preuve éclatante de votre échec et de votre insignifiance !
Aujourd’hui vous ne représentez plus rien, vous n’avez plus aucun poids et une majorité d’entre vous quittera votre radeau chancelant pour tenter de se trouver une place chez Qalb Tounes ou chez Ennahdha. Sofiène Toubel avait déjà senti le vent tourner et il est fort à parier que son téléphone ne s’arrêtera pas de sonner ces jours-ci.
Aujourd’hui, seuls les médias et la société civile se tiendront debout jusqu’au dernier souffle pour défendre les valeurs de la démocratie et de la liberté, car vous aurez déserté le champ de bataille par votre incompétence et votre compromission. Nous nous retrouverons seuls dans ce combat vital pour la Tunisie qui consistera à contrer la médiocrité et l’intégrisme. Nous serons seuls à faire face aux idées rétrogrades des Seif Eddine Makhlouf, Rached Khiari et Ridha Jaouadi parce que vous avez été incapables de vous donner la consistance nécessaire pour mériter vos places au parlement. Nous serons seuls à nous battre contre Ennahdha, revigoré par cette victoire et par le retour des idées pseudo-révolutionnaires. Vous ne serez pas là pour affronter les Habib Ellouze et Noureddine Bhiri quand ils se mettront à insulter la Tunisie.
Maintenant vous allez pleurer votre Tunisie, en supposant que vous y restiez. Par contre, la Tunisie ne pleurera pas votre traitrise à son égard. Votre égo surdimensionné, votre suffisance et votre ignorance de la réalité de ce peuple vous ont amené à la lie de l’Histoire. C’est par votre faute que le bourguibisme qui vous est si cher ne sera plus représenté à la présidence de la République, c’est par votre faute que les démocrates sont si peu représentés au parlement tunisien. L’Histoire de la Tunisie se rappellera de votre méfait.
Vous vous êtes fait battre par un parti islamiste qui traine une affaire d’appareil secret et d’assassinats politiques, et qui est responsable du marasme de la Tunisie, étant au pouvoir depuis 2011. Vous vous êtes fait battre par des petits entrepreneurs de la politique qui ont commencé à exister depuis à peine quelques mois. Même les indépendants qui ne disposent pas de vos moyens ni de votre exposition médiatique font mieux que vous. Il est temps de tirer les vraies leçons de ce cuisant échec et de changer de métier. Vous gagnerez votre tranquillité et la Tunisie gagnera à ne plus être déçue par votre incompétence.
Aujourd’hui s’ouvre une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie, une page qui s’écrira sans vous. Vous pourrez, évidemment, édulcorer votre défaite et tenter de vous faire une raison en affichant de larges sourires et en feignant une conviction que vous n’avez pas. Un cancre qui ne comprend rien de ce qu’on lui dit, ne deviendra jamais intelligent en lui donnant des gifles. Donc vous continuerez à en recevoir et vous continuerez à ne rien comprendre. Pendant ce temps-là, nous nous battrons seuls, merci de vous écarter de notre chemin.