La dernière vidéo fuitée de Sofiène Toubel a suscité un tollé général. L’image, déjà écornée, du président du bloc parlementaire et du comité central de Nidaa, dans un cabaret avec de l’argent à profusion, n’a pas été facile à digérer par de très nombreux observateurs de la scène politique. Alors que le pays fait face à une corruption galopante et que les élections sont imminentes, ces images ne passent pas.
« Ce n’était pas mon argent ! », s’est défendu Sofiène Toubel suite à la diffusion de la vidéo qui a fuité hier soir. Le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, président également du comité central du parti - du moins de l’un des deux clans - s’est fendu d’un post d’explication sur sa page Facebook quelques heures après la fuite de la vidéo l’incriminant. Dans ce statut, Sofiène Toubel a réagi à la vague d’insultes qui a inondé sa page officielle sur Facebook en expliquant : « le jet de billets est une tradition en Egypte », ajoutant que le chanteur l'avait salué chaleureusement et avait mentionné la Tunisie. Toubel a aussi indiqué que la somme d’argent qu’on voit dans la vidéo était la propriété du cabaret et faisait partie du show.
Le président du comité central du Nidaa de Hammamet s’est, par ailleurs, montré « content de ne pas avoir trahi la patrie, pris part au terrorisme ou à l'embrigadement des jeunes aux zones de conflits ou encore incité à l'excision des petites filles », tentant ainsi de minimiser la scène et de répondre aux détracteurs. Un post qui a été rapidement effacé, peu de temps après sa publication.
En effet, un flot d’insultes a fait suite au partage de la vidéo de Sofiène Toubel sur la toile et dans les médias. Dans cette vidéo, on voyait le député s’amuser en soirée avec des amis en tenant entre les mains de grandes liasses de billets qu’il jetait ostentatoirement sur l’artiste en prestation dans un cabaret. Les internautes se sont déchaînés suite à la publication de cette vidéo et des dizaines de commentaires ont été écrits sous les dernières publications du député Nidaa afin de l’accuser de « traitrise », de « corruption » et d’avoir « trahi la confiance du peuple ».
« Il y a urgence à moraliser la vie publique en Tunisie et ouvrir un débat sur la révocabilité de l’élu », écrivait la dirigeante Massar Nadia Chaabane sur sa page ce matin. En effet, si la « tradition » de jeter des billets en plein spectacle existe bel et bien en Egypte, une telle scène a de quoi susciter un malaise général lorsque le principal protagoniste est un élu du peuple.
De l'autre côté, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette « cabale » visant l'élu et appelant au respect de sa vie privée. De quoi rappeler des scandales qui avaient, sous d'autres cieux, secoué l'opinion publique ces derniers mois. En France par exemple, suite à la publication d'une vidéo montrant le joueur français Franck Ribéry mangeant une entrecôte recouverte de feuilles d'or. Ou encore, moins récemment, le scandale des costumes hors de prix offerts au politique français François Fillon en pleine campagne électorale. La question de la vie privée est confrontée ici à des considérations d'ordre purement éthique même si la question de l'illégalité n'est pas forcément en jeu.
Par ailleurs, le timing même de la fuite de cette vidéo est certes tout sauf fortuit. Nidaa Tounes, ou plus précisément ses deux clans, font aujourd’hui face à toutes sortes de critiques. Critiques parfaitement compréhensibles lorsque l’on observe les différentes scissions et les escarmouches qui secouent le parti depuis plusieurs mois déjà – voire même années – et qui ont atteint leur point de non-retour lorsque le parti a enfin « réussi » à organiser son premier congrès électif. Un congrès, annoncé en grande pompe et organisé dans la souffrance, mais qui, au final, a envenimé les différends et donné naissance à deux clans qui s’opposent, celui de Toubel et celui de Caïd Essebsi fils.
Dans sa publication, Toubel se défend affirmant que ceux qui le dénigrent aujourd’hui viseraient à « le diffamer et à entraver le processus unificateur qu'il œuvre à instaurer ». Toubel fait ainsi allusion aux rapprochements opérés par son clan avec d’autres formations politiques et dont la finalité serait de « redonner vie au Nidaa historique ». Parmi ces rapprochement, celui actuellement en cours avec Machrouû Tounes, parti de l’ancien fils Nidaa Mohsen Marzouk.
D’ailleurs, la députée Machrouû Tounes, Khawla Ben Aïcha avait indiqué en début de semaine que les concertations avançaient. « Les concertations avec Nidaa Tounes ont été entamées en juin dernier mais ont été freinées, notamment à cause des réserves que nous avions à propos d’une personnalité de Nidaa. Aujourd’hui le dialogue a repris et les concertations autour des alliances seront finalisées à la fin de la semaine » a indiqué la députée Machrouû qui a également exprimé le souhait de voir Tahya Tounes rejoindre cette alliance. Pas sûr donc qu’une image écornée auprès de l’opinion publique serve positivement les tractations en cours.
Hormis une publication du principal intéressé, effacée depuis, aucune réaction n’a fait suite à la vidéo incriminant Sofiène Toubel ni de la part du parti ni émanant d’un membre du bloc ou du clan Nidaa. La scène filmée dans la vidéo est, il faut l’avouer, difficilement défendable. En attendant, le parti est en proie à une vile guerre des clans et dans cette guerre, tous les coups semblent permis…
Synda Tajine
Commentaires (11)
CommenterRacaille de la révolution
'?tique et image de marque des politiques
Personnage public
Depuis 2011, nos politiques font de la peine non pas parce qu'ils sont lésés ou autre mais parce qu'ils passent à côté de l'histoire. Tenue vestimentaire, langage, répliques, page Facebook, fréquentation, immunité, bassesse (tourisme parlementaire), querelles médiatisées et surtout une non respectabilité.
Depuis 2011, le politique est devenu le polluant sonore par excellence.
Avant 2011, l'homme politique se résumait en le président et très loin derrière le 1er ministre, au jour d'aujourd'hui même le moindre élu municipal se prend pour un nabab, adore se faire photographier, filmer et être présent dans le potins.
Conclusion, nous n'avons pas une classe politique digne de ce nom et l'actuel nous fait déjà toucher les bas fonds.
Rajeunir la classe politique...
L'enfer pour les traitres
Le peuple meurt de faim et monsieur se paye sa tête. Yehlkou rabbi houa ouilli jabou.