Youssef Chahed : chaque personne qui se fait arrêter m'accuse !
Le candidat à la présidentielle, Youssef Chahed est intervenu, ce mardi 27 août 2019 sur les ondes de Mosaïque FM. Invité d'Elyes Gharbi dans l'émission Midi Show, M. Chahed a annoncé que le projet qu’il défend axe sur des réformes portant notamment sur l’éducation, la santé, la femme et l’administration ainsi que l’instauration d’un Etat démocratique dans un climat de libertés et de droits individuels et sociaux.
Revenant sur l’arrestation de Nabil Karoui vendredi dernier pour des affaires de blanchiment d’argent, Youssef Chahed a précisé que le timing de cette arrestation pourrait avoir un impact sur le climat politique. Cependant, ce même timing prouve l’indépendance du pouvoir judiciaire du processus politique relevant qu’il n’a pas la prérogative de nommer ou de licencier des magistrats ou de s’ingérer dans la démarche de la justice.
Ainsi, M. Chahed a réfuté toute implication dans la détention de Nabil Karoui ainsi que les allégations d’instrumentalisation de l’appareil de l’Etat dans ce sens indiquant qu’il s’agissait d’une guerre politique et que le seul détenu qui n’a pas prétendu que M. Chahed était à l’origine de son arrestation était le rappeur Swagg Man.
Revenant également sur la maltraitance qu’a subie le représentant légal de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi à l’aéroport Tunis-Carthage, Youssef Chahed a nié toute intervention de sa part soulignant qu’il existe des procédures douanières à respecter et que ces mêmes procédures s’appliquent à des dizaines de citoyens.
« Je suis en guerre ouverte contre la corruption et les corrompus et c’est pour cela que je suis visé et attaqué. Je suis toujours au service de la Tunisie que je gagne ou j’échoue aux élections même si on me dit que cette guerre allait me nuire. Ce qui est arrivé n’est pas dans mon intérêt et ceci démontre encore une fois la séparation entre le pouvoir judiciaire et la politique car aucun candidat ne bénéficie d’une immunité. J’aimerais même amender la Constitution afin d’abolir l'immunité une fois pour toutes », assure Youssef Chahed.
Et d’ajouter qu’il ne faisait pas de compromis d’autant plus que le pays est menacé par la dictature de la mafia médiatique et politique qui vise à s’accaparer du pouvoir. Une mafia qui panique à présent et qui use même des députés étrangers pour qu’ils attaquent la Tunisie et à laquelle Youssef Chahed a fait face en vue de préserver le pays.
En ce qui concerne sa nationalité française, Youssef Chahed a indiqué que détenir une deuxième nationalité n’était pas un crime et que cela ne réduit pas le patriotisme de la personne assurant que le chef de l’Etat défunt, Béji Caïd Essebsi était au courant de cela quand Youssef Chahed était désigné chef du gouvernement.
M. Chahed a, dans ce sens, précisé qu’il avait renoncé à sa nationalité française même si la loi ne l’oblige pas à le faire et même s’il ne sera pas élu à la tête de la République soulignant que lorsque le moment était opportun, il en a informé le public.
L’invité de Midi Show a, par ailleurs, déclaré que dès son arrivée à la tête du gouvernement en 2016, plusieurs obstacles se dressaient devant lui à l’instar de la fragilité de la situation sécuritaire et l’accablement économique engendré par l’accord établi avec le Fonds monétaire international (FMI) dégradant la finance publique.
« Nous avons aujourd’hui réformé la finance publique et stabilisé la situation sécuritaire. Nous avons également réduit le déficit budgétaire en dépit des raids aléatoires que nous avons subis de la part des partis politiques, de Nidaa Tounes et du fils du président. Nous avons eu droit à un héritage catastrophique après la Révolution et pour y remédier il nous faut une dizaine d’années malgré quelques indicateurs positifs comme l’appréciation du dinar de 10% par rapport à l’euro. J’ai affronté toutes ces difficultés entraînées aussi par l’accord de la majoration de la masse salariale en 2015 ainsi que les recrutements dans la fonction publique en l’absence d’une croissance économique. Notre premier objectif était de réduire le déficit et c’est pour cela que nous avons eu des lois de finances dures en 2017 et 2018», relève Youssef Chahed.
Interrogé sur les motifs de sa candidature à la présidentielle, Youssef Chahed a assuré que son expérience à la tête du gouvernement lui a permis d’assumer une grande responsabilité et d’identifier les lacunes et y pallier dans le but de conforter l’économie de la Tunisie, sa sûreté et ses liens avec les pays étrangers.
« Mon objectif est de réformer le pays avec une bloc parlementaire puissant qui puisse gouverner. Nous avons développé une vision raisonnable et responsable loin des promesses vides. Je suis capable de réformer en tant que chef du gouvernement, chef de l’Etat ou encore un simple citoyen. Aujourd’hui, il faut que les deux têtes de l’exécutif soit complémentaires et qu’ils œuvrent en harmonie », souligne Youssef Chahed.
Et d’ajouter que ses priorités en tant que futur président de la République étaient d’instaurer la Cour constitutionnelle dans les six premiers mois si son parti, Tahya Tounes est majoritaire au Parlement ou s’il obtient des alliés.
Le dossier de la Libye est, également, prioritaire où Youssef Chahed a préconisé le rejet d’une neutralité négative en jouant un rôle proactif dans la résolution de la crise libyenne étant donné que la sûreté et l’économie des deux pays voisins sont liées.
Il a, de surcroît, annoncé qu’il prévoit la création d’une zone de libre échange entre la Tunisie et l’Algérie qui sera un moteur dans la région.
« Je m’engage également à instaurer l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes et j’ai déjà proposé une initiative parlementaire dans ce sens. Je promets aussi que la famille restera à l’écart des affaires politiques car nous avons subi ces pratiques avec les Trabelsi et pendant ces dernières années. Pour le service public comme la santé, la Steg et la Sonede, il n’y aura aucune cession. Par contre, pour ce qui est entreprises publiques compétitives, l’Etat est libre de les gérer. Finalement, je suis contre la vente non conditionnée des terres agricoles tunisiennes aux étrangers », conclut Youssef Chahed.
B.L