Habib Bourguiba avait ses qualités – immenses - et ses défauts. Président démiurge, bâtisseur de la Tunisie moderne, artisan de la sécularisation de la société, il était aussi maladivement narcissique, vaniteux, injuste et parfois mesquin. Il a laissé se développer une fâcheuse tendance au culte de la personnalité qui lui a malheureusement survécu, hier sous Zine El Abidine Ben Ali, et aujourd’hui sous Kaïs Saïed. Son incapacité à penser la démocratie et le naufrage de sa vieillesse ne doivent pas nous amener à sous-estimer la justesse de ses intuitions historiques, et la portée de son héritage politique, aujourd’hui dangereusement menacé.