3 mai, Journée mondiale de la presse. Comment se porte la nôtre ? Dans ce genre d’anniversaires, les rapports et les articles de presse se concentrent généralement sur les questions des libertés et des atteintes à l’indépendance des journalistes. Rares sont les analyses touchant les entreprises de presse dans lesquelles exercent ces journalistes. Le raisonnement absurde que les journalistes peuvent exister sans entreprises de presse demeure dominant. Pourtant, force est de rappeler que sans de bons récipients, sans de bons ustensiles, sans de bons robots ménagers, on ne pourra jamais cuisiner un bon plat.
Aujourd’hui, plus que jamais, les entreprises de presse sont menacées dans leur existence. Il y a d’abord un problème structurel qui touche l’ensemble des médias aussi bien audiovisuels qu’écrits. Les télévisions classiques sont menacées par les nouveaux venus Netflix, Amazon TV ou Disney +, la presse imprimée est menacée par la presse électronique et cette dernière est menacée par les réseaux sociaux qui avalent tous les budgets publicitaires. A cette crise structurelle mondiale, s’ajoute la crise conjoncturelle du coronavirus. Les télévisions remercient les annonceurs qui n’ont pas suspendu leurs commandes publicitaires, la presse imprimée se cherche une place sur le web. Quant à la presse électronique, elle balbutie encore entre un lectorat sceptique à l’achat des lectures qu’il consomme et un marché publicitaire en dégringolade.
La crise qui touche la presse est mondiale et la Tunisie ne fait pas l’exception. Nos télévisions bradent leurs prix, jusqu’à 200 dinars le spot pub, contre 5000 dinars avant la crise. Il n’y a quasiment plus de presse imprimée et la presse électronique habituée au télétravail, dans sa majorité, est frappée elle aussi par la décroissance du marché publicitaire.
J’ai l’avantage d’avoir cette double casquette de journaliste et de chef d’entreprise et, en ce 3 mai, je ressens le besoin d’analyser en tant que patron de presse. Une fois n’est pas coutume, mais c’est nécessaire pour comprendre que les difficultés que rencontre un patron de presse ont des répercussions sur le travail des journalistes et, conséquemment, sur la liberté de la presse et la démocratie. C’est une vérité de La Palice.
En tant que chef d’entreprise et après 6 semaines de confinement, je n’ai pas pu établir de factures, puisque je n’ai pas eu de commandes de mes hypothétiques clients, eux-mêmes en confinement. Je n’ai pas pu recouvrir les factures déjà établies puisque mes clients sont en confinement.
Vu que notre activité d’entreprise de presse s’est poursuivie normalement, on n’a pas droit aux 200 dinars (65€) d’aide de l’Etat, d’après le décret 4/2020 de la présidence du gouvernement. 200 dinars pour lesquels on doit remplir une montagne de paperasse et franchir des obstacles infranchissables et qui représentent peanuts comparés aux salaires des journalistes, souvent à quatre chiffres pour les trois ans et plus.
En revanche, j’ai dû payer les impôts fin mars et fin avril (à cinq chiffres), ainsi que la CNSS (cotisations sociales, cinq chiffres également) mi-avril, les salaires de mars et d’avril (en intégralité pour les journalistes de Business News, mais seuls 54,3% des journalistes tunisiens sont dans ce cas) et l’Etat nous a obligés à payer une journée de travail en sus par le biais du décret 5/2020.
On pense que le cauchemar est fini avec la fin du confinement total demain, mais non, car ce même Etat qui ne donne rien et qui ponctionne, m’impose (en tant que chef d’entreprise) un manuel de procédures et de mettre à la disposition du personnel les dispositifs de protection et de sécurité sur le lieu de travail. Un manuel de procédures imposé par le décret 208/2020 du 2 mai 2020, mais qui n’est pas encore prêt, alors que la reprise est pour demain ! Last but not least, ce même Etat interdit aux mamans de mon équipe (et j’en ai !) de rejoindre leur lieu de travail !
Alors comment faire pour ne pas fermer boutique, pour continuer à assurer sa mission et à employer ses journalistes, tout en respectant la loi ? Ce qui est valable pour moi l’est aussi pour l’ensemble des entreprises de presse tunisiennes, mais aussi pour l’ensemble des entreprises.
Dans tous les pays développés, les Etats font tout pour aider les entreprises à reprendre leurs activités afin de renouer avec la croissance ! Des dispositifs particuliers sont pris pour certains secteurs sinistrés dont la presse sans qui il n’y a pas de démocratie. Sauf chez nous, on ponctionne, on impose, on interdit ! C’est comme si on voulait que les entreprises se cassent la gueule et ferment boutique !
En cette journée de fête de la presse, je tiens à rappeler quelques points fondamentaux, des Lapalissades, il ne saurait y avoir de démocratie sans liberté de la presse, il ne saurait y avoir de liberté de la presse sans journalistes indépendants, il ne saurait y avoir de journalistes indépendants sans entreprises de presse autonomes et il ne saurait y avoir de journalistes tout court s’il n’y a plus d’entreprises de presse.
"La liberté d'expression est à gogo" dites-vous."Mais il faut crypter une femme avant de la montrer..."
On n'est pas sorti de l'auberge...
Cordialement.
Et franchement, comparé aux autres sites similaires (avec la même ligne éditoriale) BN est la meilleure, et il faut tout faire pour qu'elle ne disparaisse pas à cause de petits soucis financiers.
Alors tu ne peux pas être les deux
Encore tu n'es pas un chef d'entreprise mais plutôt un Président-Directeur Général d'une Société Anonyme...
Tu commets les erreurs que nos stagiaires superficiallistes.
Merci de ne pas censurer !
On a attribué à ALLAH une femme, des enfants
Il y a ceux qui ont usé de la liberté pour demander des miracles...
Puis en puisant de la liberté il y a ceux qui ont nié son existence...
Mais qui osera user de la liberté de se proclamer ALLAH ?
PERSONNE !
La liberté a ses limites, ses bornes !
Joyeuse fête pour les êtres humains.
L 'information et l'analyse independante sont des metiers precieux et fragiles qui necessite une protection financiere juridique et deontologique
Helas en Tunisie il faut de grands compromis pour trouver des protecteurs et menager la chevre qui peut se transformer soudainement en chou
BN n'echappe pas a la regle cela pollue son aura de media engage mais objectif
Merci a vous et vos collaborateurs .