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Non, je ne rendrai pas lâEUR(TM)argent !
28/11/2007 | 1
min
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Dans une interview au magazine français Le Point, Noël Forgeard déclare qu’il ne rendra pas cet argent gagné en toute légalité. Dans le milieu des affaires et dans le milieu politique, on ne parle que de la révision des Golden Parachute.
Je ne vais pas polémiquer, mais je sais aussi que je ne vais pas laisser insensibles un nombre de lecteurs parmi vous.
Je suis en train de parler d’un problème franco-français (ou plutôt franco-allemand) qui ne nous regarde pas a priori. Or c’est faux, nos patrons aussi ont leur gloden parachute. Je connais un banquier qui en a reçu un dernièrement et dont personne n’en a parlé dans les journaux. Même pas nous à Business News. C’est que les montants astronomiques (par rapport à mon salaire naturellement) annoncés sont incroyables, invérifiables et impossibles à prouver devant un juge si l’on nous attaque de diffamation. Cela dit, je vous rassure, nous aussi avons nos patrons qui reçoivent des montants astronomiques lorsqu’ils sont licenciés.
Le deuxième point est cette question du droit. Ce chiffre est calculé sur la base du salaire annuel de coprésident, soit 2,45 millions d'euros, en 2005. Il comprend les indemnités contractuelles (deux années), la clause dite de « non-concurrence » (2,45 millions), le reste correspond au préavis. L'essentiel de ces sommes supporte des charges sociales et l'impôt sur le revenu et Forgeard va verser, comme il le dit dans cette interview, plus de 3 millions d'impôts à la collectivité.
Alors, entendons nous. Pourquoi lorsqu’un smicard est licencié injustement, les prud’hommes lui versent approximativement des indemnités de l’ordre d’un mois de salaire par année d’ancienneté, et il faut qu’il en soit autrement lorsqu’il s’agit de chef d’entreprise ? Pourquoi cette clause de non concurrence ne doit-elle pas être payée au licencié ?
Je m’adresse là à un ami bien intéressé par ce qui se passe dans le milieu français des affaires, car il croit (à tort ou à raison) que cela va gagner le milieu tunisien des affaires dans pas très longtemps si ce n’est le cas déjà. Selon moi, nous y sommes déjà, bien que les montants entre les patrons français et les patrons tunisiens n’ont rien à voir. Il est vrai qu’ils sont payés en euros et que les nôtres sont payés en dinars. Cela dit, nous avons aussi nos casseroles. En avril 2006, la BCT a envoyé un rappel à l’ordre à un DG de banque lui rappelant qu’il doit obligatoirement rembourser les jetons de présence qu’il a reçu au titre de sa participation dans des conseils d’administration d’organismes où l’Etat est actionnaire. Qui a parlé de cette casserole par exemple ? Et a-t-on polémiqué si un Dg d’une banque où l’Etat participe au capital mérite ou pas d’obtenir des jetons de présence ?
La communication de nos entreprises est ce qu’elle est en Tunisie, mon cher ami, mais cela ne veut pas dire que l’on n’a pas nos casseroles et que notre milieu des affaires est sain et n’a pas ses scandales comme en France. Assurer une sorte de veille sur ce qui se passe en France, en Europe ou aux Etats-Unis, c’est bien. Mais il ne faut pas croire que ceci va nous arriver dans quelques années. Nous y sommes déjà. Seulement voilà, à Forgeard, on a demandé de rembourser et il a refusé, assuré de son plein droit et prêt à affronter la polémique de ses pairs, des politiques et des médias. En Tunisie, le DG dont je parlais a dû, lui, rembourser pour éviter toute polémique. Chez nous, moins on a d’histoires, mieux on travaille. Chez eux, plus il y a d’histoires, plus on peut faire du business. Chez eux, la communication est reine. Chez nous, c’est le « vivons heureux vivons cachés » qui marche. Toute la différence est là.
28/11/2007 | 1
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