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Nizar Chaâri : la sale affaire
18/01/2024 | 11:31
6 min
Nizar Chaâri : la sale affaire

 

Les affaires judiciaires impliquant des personnalités médiatico-juridico-politiques se suivent et se ressemblent : l’odieux le dispute à l’illégalité. Cette semaine, sous les projecteurs, c’est le tour du candidat à la présidentielle, Nizar Chaâri.

 

C’est un remake de 2023 qui s’annonce en ce début d’année 2024. Flash-back. Juste après la débâcle électorale des législatives 2022-2023, le régime de Kaïs Saïed a fait une razzia sur ses opposants, les jetant en prison en les accusant, entre autres, de complot contre l’État et d’intelligence avec des puissances étrangères. Les dossiers sont vides, clament les avocats démontrant par a+b comment les affaires sont montées de toutes pièces. Qu’à cela ne tienne, la justice décide d’interdire tout traitement médiatique de l’affaire de complot, comme si elle disait : le régime veut réprimer en silence.

Fin 2023, bis repetita. Le régime subit une nouvelle débâcle électorale laissant penser aux analystes qu’il va jeter sa colère sur ce qui reste d’opposants en liberté. Ils ne seront pas démentis. Début 2024, pas moins de deux nouvelles grosses affaires se fomentent actuellement dans les couloirs judiciaires. Totalement soumis à la cause du régime ou par lâcheté, les médias publics évitent de parler d’opposition et de tout ce qui pourrait déranger la quiétude de Kaïs Saïed. À cause du décret 54 liberticide et des multiples affaires judiciaires en cours frappant leurs journalistes, les médias privés évitent désormais de parler des instructions en cours. Au grand dam des téléspectateurs/auditeurs/lecteurs, de la liberté d’expression et du droit du public à l’information.

Pour ce début 2024, et comme prévisible à la suite de la débâcle électorale, les journalistes et les politiques tunisiens s’échangent sous le manteau deux nouvelles affaires judiciaires. Grosses et grossières, comme au début 2023.

Et pas question d’en parler publiquement, sous peine de violer le secret d’une instruction en cours.

La première, de blanchiment d’argent, implique plusieurs candidats à la présidentielle, d’anciens ministres et de célèbres hommes de médias. Dans la seconde, de complot contre l’État, sont cités d’anciens ministres et de célèbres avocats et hommes politiques, ainsi que feu Henry Kissinger l’ancien secrétaire d’État américain décédé en novembre dernier.

 

Cette omerta médiatique a été cassée par l’homme de médias et candidat à la présidentielle Nizar Chaâri.

Mercredi 17 janvier 2024, M. Chaâri diffuse une vidéo dans laquelle il dénonce la fuite, sur les réseaux sociaux, d’un document confidentiel de l’instruction dans lequel figure le nom de sa fille de quatorze ans. Ce qu’il faut savoir c’est que si les médias respectent scrupuleusement le secret de l’instruction, ce n’est pas le cas des pages et comptes réputés proches du régime sur les réseaux sociaux. Ici, tout est permis en toute impunité. Le parquet démarre au quart de tour quand il s’agit de médias et de journalistes, mais ne réagit que rarement, pour ne pas dire jamais, quand il s’agit de certaines pages faisant, nuit et jour, l’éloge du régime et attaquant, nuit et jour, ses adversaires politiques.

Partant, le document judiciaire tu par les médias a été étalé au grand jour sur les réseaux sociaux.

Et c’est ce que dénonce M. Chaâri dans sa vidéo, affirmant, dans la foulée, avoir déposé une plainte contre le ministère de la Justice et saisi le délégué de l’enfance.

Il estime, à raison, qu’il y a une ligne rouge franchie par le régime en impliquant le nom de sa fille et évoque les séquelles psychologies que la mineure a subie suite à la parution de son nom sur les réseaux sociaux avec un flux d’injures et de grossièretés. Pour lui, toujours à raison, la bataille politique devrait épargner les enfants.

Ce n’est hélas pas l’avis du régime de Kaïs Saïed et même si Nizar Chaâri disculpe le président de la République d’être derrière cette affaire, les faits sont là. Le nom de sa fille est bien intégré dans l’affaire, le document judiciaire confidentiel circule bien sur les réseaux sociaux et ceux qui le font circuler échappent à toute poursuite judiciaire.

C’est en cela que l’affaire de Nizar Chaâri est sale. Le régime ne se suffit plus de monter des affaires de toutes pièces pour écarter de la course présidentielle les adversaires politiques, il s’attaque maintenant aux familles et aux mineurs.

Nizar Chaâri, comme tous les hommes politiques et tous les journalistes poursuivis, n’est pas au-dessus de la loi. Il le dit et il le répète dans sa vidéo. Il dit avoir subi, depuis quatre ans, plusieurs instructions judiciaires, fait l’objet de plusieurs contrôles (probablement fiscaux) ainsi que des interdictions de voyage et qu’il a toujours refusé de médiatiser ce harcèlement du régime, parce qu’il estime ne pas être au-dessus de la loi et que la justice devait suivre son cours. En revanche, quand c’est sa fille qui est citée, il ne peut plus se taire. Il y a une violation de ses droits de mineure par le régime. « Comment pourrais-je défendre la nation, une fois président de la République, si je suis incapable de défendre ma propre fille », s’étrangle-t-il.

 

À vrai dire, sur le fond, ce que subit Nizar Chaâri est identique à ce qu’ont subi plusieurs adversaires du régime depuis le putsch. Quelques semaines seulement après le 25 juillet 2021, le régime a assigné à résidence et interdit de voyage plusieurs personnalités politiques. De quoi déclencher plusieurs polémiques sur ces décisions extrajudiciaires despotiques. Retenant la leçon, il s’est amusé depuis à multiplier les recours judiciaires. Sauf que là, il a également multiplié les accusations fallacieuses et les vices de procédures. Souvent, les preuves formelles manquent aux dossiers et il n’est pas rare que le régime s’empêtre lui-même dans les contradictions. Comme, par exemple, dans l’une des nombreuses affaires de complot contre l’État. Le parquet accuse les personnalités politiques d’avoir comploté avec des ambassadeurs étrangers, mais le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué pour disculper ces derniers. En dépit de la contradiction, les personnalités politiques croupissent en prison depuis près d’un an. Peu importe, c’est un détail.

Dans la nouvelle affaire Nizar Chaâri, l’instruction frappe des personnalités politiques et médiatiques qui n’ont rien à voir les unes avec les autres et qui n’ont jamais eu des affaires ensemble. C’est ce que jure M. Chaâri et c’est ce qui est notoirement connu. Peu importe, c’est un détail. Dans la nouvelle affaire non encore médiatisée impliquant en ce début 2024 Henry Kissinger, le régime considère l’ancien secrétaire d’État américain comme comploteur alors que ce dernier est décédé depuis le mois de novembre et qu’il était malade alité depuis des années. Peu importe, c’est un détail.

Dans toutes ces affaires, ces sales affaires, il y a deux points communs. Les suspects sont tous des personnalités politiques hostiles au régime et/ou candidats à sa succession. Le second point est que ces affaires ont été déclenchées suite à des débâcles électorales comme si ces suspects étaient responsables de leur échec.

Quoi qu’il en soit, il y a un gros avantage que tire le régime en poursuivant toutes ces personnalités : il les écarte de la course présidentielle d’octobre 2024 et réduit leur capacité de nuisance. Peu importe les violations de la loi à la pelle, les contradictions, les vices de procédure, les polémiques ou que ceci est sale et contraire à la morale, seul le résultat final et la réélection de Kaïs Saïed comptent aux yeux du régime. À ce rythme, et les paris sont lancés, il est fort probable qu’il sera le seul candidat à sa propre succession.

 

Raouf Ben Hédi

18/01/2024 | 11:31
6 min
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Commentaires
Bruno
La vérité
a posté le 24-01-2024 à 18:50
Un président qui tient bien les rennes, ces traitres connus de tout le monde qui sont à la solde des lobbies de toutes parts n'arrivent pas à le renverser. Ce qu'ils font c'est propager des intox. Mais ça n'a aucun effet. Le président sera réelu par les tunisiens, car jusqu'à présent il n'y en a aucun qui puisse le rivaliser . Il est le seul garant de la pérennité de l'état. Tous les autres ce ne sont que des grandes gueules.
jilani
BN pense que les tunisiens vont voter pour ce chaari
a posté le 19-01-2024 à 10:10
Ce type fait comme Trump, il pense qu'en portant une cravate rouge, il va devenir président, président de qui ?, il ne peut même pas être un petit chef de service. BN le prend pour un adversaire !!! Les tunisiens sont plus intelligents que les ploucs américains ...
Mohamed DJERBI
Zelinski ne fait pas mieux que lui
a posté le à 17:12
Dans un monde manipulé par l'argent sale et les réseaux sociaux, Zelensky comédien est devenu président de l'Ukraine.
Nizar Chaari pourrait rêver lui aussi de devenir président.
Un lecteur
Un peu de modestie
a posté le à 12:59
Mdr ! Quels tunisiens intelligents ? Ceux qui ont fait gagné Nahdha plusieurs fois aux élections ? Ou bien ceux qui maintenant suivent aveuglément un psychopathe aux idées périmées ? Pour rappel les américains placent 9 des 10 plus grandes entreprises au monde avec des CA dépassant plusieurs multiples de notre PIB. L'état de la Californie à lui seul affiche un PIB de plus de 3000 milliards de $, la Tunisie à peine 50 ! Donc ne comparez pas l'incomparable je vous en conjure..
Hamza Nouira
Et bien...
a posté le 19-01-2024 à 08:28
Raouf is back! Ya weldi winek? Twa7ashnek raw! Mes amitiés de la banlieue nord! :)
Hager
Et?
a posté le 18-01-2024 à 21:18
Celui.qui n.a rien à se reprocher n a pas à avoir peur monsieur che3ri
En plus c est ridicule de vous penser un candidat à la hauteur de Said
.Said 2024
ahmed
le sport favori des Tunisiens.
a posté le 18-01-2024 à 20:43
Qui est-ce? jamais entendu parler de ce monsieur.
l'essentiel c'est d'arrêter de porter atteinte à la vie privée des Tunisiens. Quoi , le sport favori de certains adeptes du Buzz.
Scribe TN
Dangereusement vôtre !
a posté le 18-01-2024 à 18:07
Apparemment, l'élite (richissime) de la Tunisie n'a pas saisi l'étendue du danger que représentait Mr Danger.
Un national-socialiste pratiquant l'hypnose de la populace, de masses avec un QI négatif ou qui, dans les meilleurs des cas, s'approche du zéro.. mais oh qu'ils sont nombreux ! Ils représentent ce qu'il qualifie avec son orgueil et fierté démesurés par son "Peuple"..
La capacité de Mr Danger à accepter un avis qui diffère du sien ou de mener un dialogue débat est quasi absente.. Adepte d'une vision simpliste et manichéenne des choses, de monologues impulsifs et incohérents (sur le fond et la forme), et du non-respect de ses adversaires, qu'il méprise à outrance et sans préalable vraie raison, ce type est vraiment un cas social digne d'être étudié dans les annales des plus grands psychologues.. (à l'instar du Führer et qui ne diffère de lui que par la moustache) !
Bref, nos hommes d'affaires, lâches comme la plupart des tunisiens d'ailleurs, s'attendait à quoi au juste ? Ce type n'attend de nous pas moins d'une soumission totale et d'une adhésion sans condition à ses idées et projets.. Honte à l'université tunisienne qui a enfanté un homme de loi déséquilibré de la sorte et qui ne respecte même pas les lois qu'il a jurées de respecter..
Nizar Chaari en sa qualité d'homme d'affaires et faisant partie de cette élite richissime n'échappera pas à la règle.. ni sa femme d'ailleurs, ni même sa fille mineure.. Son crime c'est d'être la petite-fille de Aziz Miled..
De la justice sociale, oui ! Inciter les hommes d'affaires à investir, oui ! Mais pas comme ça.. Pas comme ça !
En faisant usage de ces méthodes d'intimidation et du grand banditisme, c'est un état qui devient, hélas, de plus en plus un état voyou !
Zarzoumia
En avant toute
a posté le 18-01-2024 à 17:08
Notre dictateur n'a plus d'autres choix que l'élimination de ses adversaires, vu sa gestion catastrophique.
C'est la fuite en avant.
Babour zammer chague elba7ar. 9aysoune ydammer y7eb el9asar.
riri
mon Dieu, qu avons fait de notre pays..
a posté le 18-01-2024 à 16:46
la Tunisie démontre que les arabes et musulmans ne sont pas fait pour vivre en démocratie. Ils préfèrent être des esclaves d'un maitre qui décide de tout pour eux et leur donne du pain et des ennemis.


Ils spllaudissaient ben ali, puis ennahdha, puis saied...

Ca s 'arretera quand ce sous developpement mental

On a vraiment aucune dignité? aucune honneteté? Rien?

Pardon a cette petite fille. Je lui souhaite de quitter la Tunisie au plus vite comme tout ceux qui le peuvent.

elfribo
Ce qui suit n'est pas un appel au putsh !
a posté le 18-01-2024 à 15:38

Lorsque le président d'un pays est un dictateur et s'engage à réprimer l'opposition politique en emprisonnant les opposants au régime, la situation peut être difficile. Les personnes confrontées à de telles circonstances peuvent envisager diverses actions pour lutter contre la dictature ou y résister.

Il est toutefois essentiel de noter que prendre des mesures contre un dictateur peut être risqué et que les individus doivent soigneusement évaluer leurs options en fonction du contexte spécifique de leur pays.

Voici quelques actions potentielles que les gens pourraient envisager :
Plaidoyer international : Rechercher le soutien de la communauté internationale en sensibilisant aux violations des droits de l'homme et à la répression politique.

Collaborer avec les organisations internationales, les ONG et les voies diplomatiques pour obtenir le soutien et la condamnation des actions du dictateur.
Désobéissance civile: Participer à la désobéissance civile non violente pour exprimer votre opposition au régime.

Organiser des manifestations, des marches et des manifestations pacifiques pour sensibiliser et renforcer la solidarité au sein de la population.

Mouvements souterrains : Former des mouvements clandestins et des groupes de résistance pour organiser discrètement des activités d'opposition. Développer des réseaux d'individus partageant les mêmes idées et capables de travailler ensemble pour résister à la dictature.

Médias et informations : Utiliser les plateformes de médias alternatifs et sociaux pour diffuser des informations sur les actions du régime. Favoriser un journalisme indépendant pour dénoncer les violations des droits de l'homme et fournir des informations précises au public.

Défis juridiques : Rechercher des voies juridiques pour contester les actions du régime, tant au niveau national qu'international. Collaborer avec des organisations de défense des droits humains pour documenter les abus et engager des poursuites judiciaires contre le dictateur et ses partisans.

Pression diplomatique : Encourager les gouvernements étrangers à imposer des sanctions ou des pressions diplomatiques sur la dictature. Faire pression pour une intervention ou une assistance internationale pour résoudre la crise politique.

Soutien des fonctionnaires défectionnés : '?tablir des contacts avec des responsables ou des militaires susceptibles d'avoir quitté le régime, cherchant leur soutien dans leur opposition à la dictature.

Solidarité communautaire : Favoriser la solidarité au sein des communautés pour renforcer la résistance contre la dictature. Encourager les dirigeants locaux et les personnalités influentes à dénoncer le régime.

Il est important de souligner que résister à une dictature est une entreprise complexe et souvent périlleuse. Les individus et les groupes doivent évaluer soigneusement les risques encourus, donner la priorité aux moyens non violents et envisager de demander conseil et soutien aux organisations internationales spécialisées dans la promotion des droits de l'homme et de la démocratie. En outre, il est crucial de rechercher des conseils juridiques et une protection pour les personnes impliquées dans les activités de l'opposition.





Rebel
SOS QUATAR
a posté le à 22:21
Solliciter les pros les Quataris. Eux ils savent vous conseiller et vous procurerle manuel de la " bonne gouvernance". Ils peuvent vous expliquer mieux qui conque qui a renversé Ben ali? Kahadafi...etc. Alors SOS QUATAR.
Larry
Avons nous désormais ?...
a posté le 18-01-2024 à 13:35
Un petit prof. qui se prend et surtout acte... comme un Poutine tunisien ?....

Son seul moyen de gagner les prochaines élections est d'enfermer ses opposants...
Le peuple tunisien en a par dessus la tête de ce type...
Qu'il dégage !....