Très Cordialement
Jamel
L’annonce a fait la une des journaux de la place : Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, menace de se retirer de l’Accord de Carthage si la Loi de finances 2018 n’est pas profondément remaniée. Les réactions se sont succédé avec pour point central deux questions : Est-ce que c’est du bluff ? De quelle marge de manœuvre dispose réellement la centrale patronale ?
Depuis la publication du projet de Loi de finances 2018 (PLF 2018), la patronne des patrons fait le tour des plateaux médiatiques pour exprimer l’étonnement et l’exaspération des patrons devant le projet du gouvernement. Toutefois, c’est sur le plateau de la Matinale de Hamza Belloumi sur Shems FM que l’ultimatum est tombé : Si la Loi de finances 2018 n’est pas remaniée, l’UTICA va se retirer de l’Accord de Carthage.
Visiblement exaspérée, Wided Bouchamaoui s’est indignée du fait qu’aucune des propositions de l’UTICA n’a été prise en compte dans les lois de finances successives. « En 2017, nous avons été la seule corporation, et je dis bien la seule, qui ait accepté de faire des sacrifices (faisant référence à la contribution exceptionnelle de 7,5%). Nous avons fait ce sacrifice contre un certain nombre d’engagements qui n’ont pas été respectés. Aujourd’hui ça suffit, nous ne sommes pas là pour servir d'image ! ». Elle a ajouté qu’avant de s’acharner à taxer les entreprises, le gouvernement devrait mettre sur la table un certain nombre de dossiers qui sont tabous. Dans ce contexte, elle a évoqué l’absence de plan d’action traduisant les intentions du gouvernement, la restructuration des entreprises publiques, la réforme de l’enseignement, l’arrêt de production dans certaines zones, le fait que des sociétés quittent régulièrement la Tunisie, la gestion du port de Radés…
Un discours que plusieurs représentants de l’UTICA ressassent depuis plusieurs années. Ils sont rejoints en cela par l’autre centrale patronale présidée par Tarek Cherif, la CONECT. Leurs doléances et leurs revendications semblent avoir été ignorées dans ce PLF 2018 qui fait peser une grande charge sur les entreprises. Tout ça a eu pour conséquence l’ultimatum balancé aujourd’hui par la patronne des patrons. Mais quelles conséquences cela aura-t-il ?
Si l’UTICA quitte l’accord de Carthage, un secret de polichinelle sera dévoilé au grand jour : le fait qu’il ne s’agit aucunement d’un gouvernement d’union nationale et que le soutien tant étalé n’est en fait qu’une chimère. La deuxième conséquence consiste principalement à déplacer un problème purement économique sur le terrain politique. Une manière de dire : « puisque vous ne vous souciez que de vos petits équilibres politiques, en faisant notamment la part belle à l’UGTT, eh bien on rendra le problème politique ! ». Une tactique qui pourrait pousser le gouvernement à se remettre sur la table des négociations et à modifier la version du PLF 2018 qu’il a présentée.
C’est là que, sur les ondes de Shems FM, Ridha Saïdi, conseiller économique du chef du gouvernement, s’est saisi de l’extincteur pour essayer de tempérer les propos de la patronne des patrons. Ainsi, il a déclaré : « Le projet de la Loi de finances 2018 a été déposé à l’ARP après de larges consultations avec les partenaires sociaux. A travers le PLF 2018, le gouvernement tente de pousser le développement et la croissance économique et a pris de multiples mesures en faveur des PME et de leurs nouveaux recrutements, en plus de renforcer l’investissement. Il y a aussi quelques mesures qui visent à rassembler les ressources financières comme chaque Loi de finances au monde, impliquant une hausse de TVA ou les participations destinées à réformer les caisses sociales ».
Il également déclaré : « Nous respectons la position de l’UTICA et nous invitons la présidente et les autres membres à regarder la Loi de finances comme étant d’abord un projet et ensuite une vision globale contenant des mesures en faveur des entreprises pour renforcer l’export. Il y a aussi d’autres mesures pour réformer les caisses sociales […] le principal objectif de la Loi de finances n’est pas de mettre une pression ni sur l’employeur ni sur l’employé. C'est, en revanche, une vision globale présentée par le gouvernement contenant des mesures positives et d'autres entrant dans le cadre du partage des charges et des sacrifices, que ce soit de la part des employeurs ou des employés. Je pense que, grâce au dialogue, nous pouvons parvenir à des consensus acceptés par toutes les parties comme cela a été le cas à chaque fois ».
Grosso modo, à part une invitation au dialogue, Ridha Saïdi, et derrière lui l’ensemble du gouvernement, n’ont rien d’autre à proposer. Un dialogue auquel l’UTICA a maintes fois participé sans résultat, puisqu’elle a été royalement ignorée et que, de l’aveu de certains de ses responsables, la centrale patronale est loin d’avoir le même pouvoir de nuisance ou l’influence de l’UGTT.
Toutefois, à travers cette menace, Wided Bouchamoui met toute la crédibilité de l’UTICA dans la balance. La règle est bien connue, il ne faut jamais lancer une menace que l’on ne peut mettre en application. Il parait déjà compromis que le gouvernement soit en mesure d’apporter des changements fondamentaux dans sa copie 2018 de la Loi de finances. Par conséquent, il est fort probable que les patrons restent sur leur faim et que leur mécontentement reste justifié. A ce moment là, Wided Bouchamaoui n’aura pas d’autre choix que de se retirer de l’Accord de Carthage, ouvrant la voie à une crise politique et surtout sociale à l’aube des négociations sur les augmentations de salaires…
L’annonce a fait la une des journaux de la place : Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, menace de se retirer de l’Accord de Carthage si la Loi de finances 2018 n’est pas profondément remaniée. Les réactions se sont succédé avec pour point central deux questions : Est-ce que c’est du bluff ? De quelle marge de manœuvre dispose réellement la centrale patronale ?
Depuis la publication du projet de Loi de finances 2018 (PLF 2018), la patronne des patrons fait le tour des plateaux médiatiques pour exprimer l’étonnement et l’exaspération des patrons devant le projet du gouvernement. Toutefois, c’est sur le plateau de la Matinale de Hamza Belloumi sur Shems FM que l’ultimatum est tombé : Si la Loi de finances 2018 n’est pas remaniée, l’UTICA va se retirer de l’Accord de Carthage.
Visiblement exaspérée, Wided Bouchamaoui s’est indignée du fait qu’aucune des propositions de l’UTICA n’a été prise en compte dans les lois de finances successives. « En 2017, nous avons été la seule corporation, et je dis bien la seule, qui ait accepté de faire des sacrifices (faisant référence à la contribution exceptionnelle de 7,5%). Nous avons fait ce sacrifice contre un certain nombre d’engagements qui n’ont pas été respectés. Aujourd’hui ça suffit, nous ne sommes pas là pour servir d'image ! ». Elle a ajouté qu’avant de s’acharner à taxer les entreprises, le gouvernement devrait mettre sur la table un certain nombre de dossiers qui sont tabous. Dans ce contexte, elle a évoqué l’absence de plan d’action traduisant les intentions du gouvernement, la restructuration des entreprises publiques, la réforme de l’enseignement, l’arrêt de production dans certaines zones, le fait que des sociétés quittent régulièrement la Tunisie, la gestion du port de Radés…
Un discours que plusieurs représentants de l’UTICA ressassent depuis plusieurs années. Ils sont rejoints en cela par l’autre centrale patronale présidée par Tarek Cherif, la CONECT. Leurs doléances et leurs revendications semblent avoir été ignorées dans ce PLF 2018 qui fait peser une grande charge sur les entreprises. Tout ça a eu pour conséquence l’ultimatum balancé aujourd’hui par la patronne des patrons. Mais quelles conséquences cela aura-t-il ?
Si l’UTICA quitte l’accord de Carthage, un secret de polichinelle sera dévoilé au grand jour : le fait qu’il ne s’agit aucunement d’un gouvernement d’union nationale et que le soutien tant étalé n’est en fait qu’une chimère. La deuxième conséquence consiste principalement à déplacer un problème purement économique sur le terrain politique. Une manière de dire : « puisque vous ne vous souciez que de vos petits équilibres politiques, en faisant notamment la part belle à l’UGTT, eh bien on rendra le problème politique ! ». Une tactique qui pourrait pousser le gouvernement à se remettre sur la table des négociations et à modifier la version du PLF 2018 qu’il a présentée.
C’est là que, sur les ondes de Shems FM, Ridha Saïdi, conseiller économique du chef du gouvernement, s’est saisi de l’extincteur pour essayer de tempérer les propos de la patronne des patrons. Ainsi, il a déclaré : « Le projet de la Loi de finances 2018 a été déposé à l’ARP après de larges consultations avec les partenaires sociaux. A travers le PLF 2018, le gouvernement tente de pousser le développement et la croissance économique et a pris de multiples mesures en faveur des PME et de leurs nouveaux recrutements, en plus de renforcer l’investissement. Il y a aussi quelques mesures qui visent à rassembler les ressources financières comme chaque Loi de finances au monde, impliquant une hausse de TVA ou les participations destinées à réformer les caisses sociales ».
Il également déclaré : « Nous respectons la position de l’UTICA et nous invitons la présidente et les autres membres à regarder la Loi de finances comme étant d’abord un projet et ensuite une vision globale contenant des mesures en faveur des entreprises pour renforcer l’export. Il y a aussi d’autres mesures pour réformer les caisses sociales […] le principal objectif de la Loi de finances n’est pas de mettre une pression ni sur l’employeur ni sur l’employé. C'est, en revanche, une vision globale présentée par le gouvernement contenant des mesures positives et d'autres entrant dans le cadre du partage des charges et des sacrifices, que ce soit de la part des employeurs ou des employés. Je pense que, grâce au dialogue, nous pouvons parvenir à des consensus acceptés par toutes les parties comme cela a été le cas à chaque fois ».
Grosso modo, à part une invitation au dialogue, Ridha Saïdi, et derrière lui l’ensemble du gouvernement, n’ont rien d’autre à proposer. Un dialogue auquel l’UTICA a maintes fois participé sans résultat, puisqu’elle a été royalement ignorée et que, de l’aveu de certains de ses responsables, la centrale patronale est loin d’avoir le même pouvoir de nuisance ou l’influence de l’UGTT.
Toutefois, à travers cette menace, Wided Bouchamoui met toute la crédibilité de l’UTICA dans la balance. La règle est bien connue, il ne faut jamais lancer une menace que l’on ne peut mettre en application. Il parait déjà compromis que le gouvernement soit en mesure d’apporter des changements fondamentaux dans sa copie 2018 de la Loi de finances. Par conséquent, il est fort probable que les patrons restent sur leur faim et que leur mécontentement reste justifié. A ce moment là, Wided Bouchamaoui n’aura pas d’autre choix que de se retirer de l’Accord de Carthage, ouvrant la voie à une crise politique et surtout sociale à l’aube des négociations sur les augmentations de salaires…