Parfois, la colère n’est pas aussi mauvaise conseillère que ne l’affirme l’adage. Le coup de gueule de Fadhel Abdelkefi, ministre des Finances par intérim, en réponse à certains députés de l’opposition et particulièrement à Samia Abbou, dont les propos sournois et fielleux cette fois-ci, démagogiques comme à l’accoutumée, tendaient à faire croire que le ministre des Finances par intérim n’est pas tout blanc, faisant allusion à l’existence d’un conflit d’intérêt entre ses fonctions actuelles et les activités de sa famille, a fait part aussi d’une information capitale qui a fait frémir l’opinion publique : la situation financière réelle quotidienne de l’Etat. Le fonds de caisse de l’épicier ou le fonds de roulement d’une entreprise. Or, ce fonds est quasi-nul, à peine quelques dizaines de millions de dinars. Autant le dire, l’Etat est financièrement sur la corde raide.
C’est que les ressources du budget de l’Etat enregistrent leur plus bas niveau mensuel de l’année durant les mois de juillet et août, en raison du recul des recettes fiscales du régime intérieur durant cette période. Dans le même temps, certains postes de dépenses du budget de l’Etat connaissent des pressions. Car, en dépit de l’ajustement des prix de l’énergie intervenu récemment, le budget alloué à la subvention affiche toujours des besoins supplémentaires par rapport aux prévisions. Et ce n’est pas tout puisque l’on constate également un dérapage préoccupant des dépenses de rémunérations du budget de l’Etat. A la fin du mois d’avril 2017, les dépenses de rémunérations ont augmenté de plus de 14% par rapport à la même période de 2016. Manifestement, on demeure très loin de l’objectif d’une augmentation de seulement 4% de ce budget en année pleine 2017. Avec cela, si la croissance n’est pas au rendez-vous, ce que nous ne tarderons pas à savoir puisque dans deux semaines l’Institut national de la statistique publiera les résultats de croissance économique pour le 1er semestre 2017, le gouvernement Chahed devra faire face à une énorme épreuve : éviter de se trouver entre le marteau des pressions sociales et de l’enclume des exigences du Fonds monétaire international (FMI).
Certes, le tour de vis budgétaire sera inévitable. Toutefois, il ne devra pas être effectué selon les souhaits du FMI, mais selon les réelles capacités du pays. Car, celles-ci ne permettent pas de satisfaire celles-là. A preuve, les critères, repères et autres objectifs contenus dans le programme économique du gouvernement sur la base duquel a été conclu l’accord de crédit du FMI ont été révisés à l’occasion de chaque revue-programme. « On a surestimé nos capacités à mener tant de réformes dans un délai aussi court et un contexte sociopolitique aussi fragile », m’indiquait un expert très proche du dossier, qui précise dans la foulée que « nous nous sommes enchaînés nous mêmes auprès du FMI. Il n’aurait pas demandé tant si on avait par nous mêmes procédé à une évaluation de la situation économique et financière du pays, évitant de faire appel à l’assistance technique de ces institutions pour résoudre nos problèmes. Car, aussi gracieuse soit-elle, cette assistance technique est loin d’être philanthropique ». Par ignorance ou par paresse, on a pris acte de toutes les recommandations formulées par cette assistance technique et pire encore on s’est engagé à les réaliser dans les plus brefs délais.
Est-il encore possible de revenir sur ces engagements ? Répondre à cette question revient à résoudre l’épineux problème du compte courant du Trésor auprès de la Banque centrale. Or, le coup de colère passé, Fadhel Abdelkefi ne nous a pas éclairés sur le sujet. L’occasion lui a été pourtant donnée lors d’une déclaration de presse, à l’issue du dernier Conseil des ministres. Curieusement, il a délibérément éludé. Au lieu de « ça ira, ça ira, ça ira », on eu droit à « tout va très bien madame la marquise ».
Commentaires (8)
CommenterMéfiance, intransparence, mauvaise gestion
iIL NE FAUT PAS POLITISER L'ECONOMIE .
Je pense plutôt
Un Etat mort depuis la merdolation...
la carotte et le baton
amnistie fiscale et douaniere
changement de tous les billets en circulation
depenaliser les regles de change et appliquer au lieu et place des amendes financieres
augmenter la tva
diminuer les compensations
La légitimité de l'impôt.
Pourquoi payer ses impôts si cet argent finit en corruption et autres détournements de fonds diront les récalcitrants.
Lorsqu'un citoyen voit que l'État Tunisien compte probablement plus de Mercedes que d'ambulances, est-il incité à déclarer spontanément ses revenus et payer ses impôts?
Souhaitons bonne chance à la lutte contre la corruption.
Précisions suite à mon commentaire
L'ensemble des recettes fiscales s'élève à 20 600 MDT; et à 2 850 MDT pour les recettes non fiscales.
La malfaisance du système oligarchique
Passé sous silence, dans la bonhomie estivale et l'insouciance générale.
On prend les Tunisiens pour des crétins (et ils le sont effectivement):
Les rentrées fiscales qui devraient être déduites de l'impôt sur le revenu et/ou l'impôt sur les bénéfices professionnels sont très en deçà du chiffres d'affaire réel engendrées par les entreprises privées et professions libérales.
Il y a un véritable tabou sur ce manque à gagner , notamment de la part des professions libérales.
Si l'on prend en compte les barons du commerce parallèle, il y aurait plus ou moins 7000 millionnaires et 75 milliardaires en Tunisie, en 2017.
Selon certaines extrapolations non vérifiables mais émanant toutefois de professionnels installés à l'étranger, le montant global des rentrées fiscales annuelles devrait être de 19 MDT.
Il est actuellement de 8 MDT.
Les supposées 50 plus grandes fortunes de Tunisie disposeraient d'un patrimoine évalué à.... 35 000 MDT, au bas mot car les avoirs à 'étranger sont parfois beaucoup plus importants que les avoirs en Tunisie.
Il n'y a pas de chiffres exacts, une proportion ahurissante des revenus générés part en fumée à l'étranger, non déclarée.
Pour rappel, les ressources fiscales de l'État provenant des impôts sur les revenus (IRPP) s'élèvent à 2 468.4 MDT (!!!!) en 2016 .......
En 2016, il a été constaté un repli de 4,8% des impôts directs, les recettes fiscales atteignent la barre de 7 915.8 MDT en mai......
Je vous laisse juge d'évaluer si oui ou non on ne se fout pas du peuple tunisien.
Maintenant, consultez les données officielles du Ministère des finances tunisien ; c'est à vomir :
Baisse de 14% des droits de douanes a été observée en 2015 .
Les recettes d'impôts directs se sont inscrites, en baisse de 3,1%, en 2016 (contre une hausse de 12,3% prévue dans la LF 2016).Cette baisse a résulté du repli des impôts sur les sociétés (-42,5% contre +19,3% prévu) qui a touché aussi bien les sociétés pétrolières que les sociétés non pétrolières.
Toutefois, elle a été atténuée par la bonne tenue des impôts sur les revenus des personnes physiques (+19,5% contre +8,3% prévu). SIC et re-sic
Pour leur part, les recettes d'impôts indirects ont enregistré une hausse de 4,3% (alors qu'elles étaient sensées progresser de 10,8%) grâce à la progression des droits de consommation (+22,6%) qui a compensé la baisse des droits de douane (-22,5%) et la faible performance de la TVA (+1,6%).
Les salariés continuent d'alimenter les ressources propres de l'État.
COMBLE DU CYNISME