alexametrics
jeudi 16 mai 2024
Heure de Tunis : 21:41
Chroniques
Tunisie – Etats-Unis : entente et attentes
06/02/2014 | 1
min
Tunisie – Etats-Unis : entente et attentes
{legende_image}
Par Mourad El Hattab

Les États-Unis ont toujours montré un intérêt particulier pour établir des relations stratégiques avec la Tunisie, le premier consul américain a été nommé à Tunis à la fin du dix-huitième siècle. Des traités de paix, d’amitié et des accords bilatéraux économiques, d’assistance technique et de coopération fiscale sont couramment signés entre les deux pays.

Dernièrement, le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, a reçu les félicitations du président américain, Barack Obama, suite à l’adoption de la nouvelle Constitution, et son obtention ainsi que son équipe de l’accréditation de l’ANC, tout en valorisant les efforts du peuple tunisien dans sa démarche sur la voie de la transition démocratique et de la finalisation du processus électoral.

Barack Obama a exprimé l’appui continu et inconditionnel des Etats-Unis à la révolution tunisienne. A ce titre, Mehdi Jomaâ tout en appréciant les salutations présentées, a assuré sa détermination à travailler pour le parachèvement du processus de transition démocratique dans les meilleurs délais et les conditions requises.

Par ailleurs, le président des Etats-Unis a invité Le chef de l’exécutif tunisien à Washington au cours de cette année à continuer la consolidation des relations de partenariat entre les deux pays et à promouvoir, ainsi, un avenir plus pacifique et plus prospère.

Dynamique atypique de relations
Cette invitation illustre un message qui dépasse le protocole diplomatique. Aux dires de Jake Walles, l’ambassadeur des Etats Unis d’Amérique à Tunis, son pays a fait face à des défis similaires à celles que vit la Tunisie actuellement : des débuts sans Constitution, une instabilité sécuritaire considérable ainsi qu’une série de crises économiques.

Pour surmonter les risques, les fondateurs de l’Amérique ont persévéré et après un très grand effort, une Constitution démocratique et une charte des droits ont été promulguées et qui sont toujours en vigueur. Sans s’attarder beaucoup sur le parcours de l’essor économique et financier des Etats-Unis, les deux Grandes Guerres ont affermi sa puissance pour que l’Amérique devienne le premier bailleur de fonds mondial.

Le modèle américain sert de référence. A cet effet, dynamiser les relations de coopération bilatérale et s’inspirer de l’histoire de réussite des Etats-Unis ne peut être qu’édifiant pour la Tunisie notamment dans les domaines économiques, financiers et fiscaux.

Pour mémoire, les accords en vigueur consistent, essentiellement, en un protocole de commerce et d’investissement (TIFA) signé le 1er octobre 2002 ayant pour but de promouvoir la coopération bilatérale économique, une convention de coopération scientifique et technologique émargée le 22 juin 2004 et un accord de non double imposition en matière d’impôt sur le revenu et sur la fortune qui sera bientôt amendé.

Sur un autre plan, la Chambre de commerce tuniso-américaine s’active, au niveau de l'agencement des foires, la promotion des projets communs, la gestion des travaux des commissions mixtes, l’organisation des visites entre délégations d’investisseurs, le soutien des échanges commerciaux à travers différents mécanismes de coopération sans négliger l’animation de débats mensuels, de séminaires et des cours d'anglais commercial.

Toutefois, en termes de valeurs, et d’après les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS) et relatives à l'évolution du commerce extérieur, les échanges commerciaux, à fin 2012, ne dépassent pas 1.237, 5 millions de dinars en import et 509,2 millions de dinars en export.

La dette de la Tunisie, selon le rapport de la Banque Centrale de Tunisie édité en 2012, envers les Etats-Unis est estimée, à fin 2011, au titre de la coopération bilatérale à 71,4 millions de dinars et à 225,2 millions de dinars pour ce qui est de la coopération multilatérale sur le marché financier domestique américain soit une faible enveloppe de concours financier de 296,6 millions de dinars.
Le chemin à parcourir pour rehausser la coopération, à tous les niveaux permettant de répondre aux attentes des deux peuples tunisien et américain, paraît long.

Reconfigurer les relations entre les deux pays
Pour la majorité des investisseurs américains, la Tunisie jouit d’une bonne réputation aux Etats-Unis d’Amérique et est observée parmi les sites d’investissement attrayants dans la région. L’intérêt des hommes d’affaires américains est, spécifiquement, concentré sur le large tissu des Petites et Moyennes Entreprises (PME) existant en Tunisie.
Selon ceux-ci, la continuité du processus de la libéralisation de l’économie nationale et l’ajustement des législations commerciales et d’investissement pourraient capter davantage d’investisseurs américains afin de soutenir la coopération avec les PME tunisiennes et présenter de larges opportunités d’affaires communes.

Ainsi, la Tunisie peut être, de l’avis de plusieurs acteurs économiques tunisiens et américains, une plate-forme économique, financière et commerciale au niveau du Maghreb arabe et de l’Afrique. Les entreprises américaines ayant investi en Tunisie profitent des exemptions fiscales que l’Etat offre ainsi que de la main d’œuvre compétente. Elles tirent, également, profit des relations que la Tunisie a établies avec les pays de l’Union européenne.

Cependant, élargir les perspectives économiques et financières, lutter contre le sous-emploi, procurer un soutien budgétaire imminent à l’Etat Tunisien, garantir des prêts souverains et développer des fonds de bourses d’études pour faire évoluer l’apprentissage de la main-d’œuvre locale, constituent des étapes importantes pour mettre les jalons d’une collaboration durable et solide impulsant les relations bilatérales.

D’autres pistes pourraient encourager les relations à savoir le déploiement de projets de qualité dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, des plans d’entrepreneuriat dédiés aux jeunes et aux femmes, l’aide à l’engagement de réformes sur le marché et sur le plan institutionnel parallèlement à l’assistance pour des restructurations appropriées améliorant le climat des affaires.
Nouer des partenariats entre les secteurs public et privé pour drainer des ressources et surtout de l’expertise est un gage pour développer la croissance économique en Tunisie.

Pour Les États-Unis comme pour la Tunisie, le renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme constitue une priorité sachant que la sécurité est considérée comme garante principale pour impulser le développement, l’équilibre et la pérennité de l’économie.

Toujours est-il, la réussite de la transition de la Tunisie vers une démocratie saine exige le concours du soutien de tous ses partenaires stratégiques à mettre en oeuvre des dispositifs pour la transparence, la bonne gouvernance, la responsabilisation et l’existence d’une société civile et de médias en plein élan.
 
*Spécialiste en gestion des risques financiers
06/02/2014 | 1
min
Suivez-nous