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Chroniques
Un gouvernement à la croisée des chemins
Par Houcine Ben Achour
11/06/2021 | 16:59
4 min
Un gouvernement à la croisée des chemins

 

Face à une situation économique et financière aussi alarmante, une cure d’austérité semble inéluctable pour éviter au pays le défaut de paiement tant ce risque est devenu de plus en plus évident et inquiétant. D’importantes échéances de dette se profilent alors que les caisses de l’Etat suffisent à peine à satisfaire les dépenses courantes, entre salaires, moyens de services, transferts et investissements. Au cours du 1er trimestre 2021, l’Etat n’avait pas de quoi payer en totalité les échéances d’intérêt de la dette (1 100  MD environ). Il lui manquait les deux-tiers de ce montant. Que dire alors du principal d’un montant d’environ 1 600 MD. Il a fallu emprunter massivement sur le marché intérieur pour satisfaire tous ces besoins de dépenses de l’Etat. Le plus préoccupant, c’est que ce phénomène s’est probablement amplifié durant ce deuxième trimestre de l’année et risque de l’être davantage encore au cours des prochains trimestres dans la mesure où les échéances de dette seront d’un montant autrement plus important. Sur un total de plus de 15,5 milliards de dinars de service de la dette, seulement 2,7 milliards de dinars ont été acquitté. Le gouvernement doit trouver le reste dont près de 7 milliards d’échéances extérieures. Or la capacité d’endettement de l’Etat semble atteindre ses limites. Les derniers déplacements de membres du gouvernement aux Etats-Unis comme au Qatar et même du Chef du gouvernement au Qatar, dans la mesure où ils représentent les plus importants créanciers à honorer cette année, ne visaient pas autre chose que de tenter d’obtenir une sorte de crédit-revolving auprès de l’un et de reporter le remboursement des échéances pour l’autre par toute autre formule. N’ayant pas fait l’objet de communication de la part des autorités, les résultats de ces visites laissent supposer qu’ils ne sont pas satisfaisants. En tout cas pas comme pouvait l’espérer les autorités.  

Dans ces conditions, on comprend mieux la décision du gouvernement d’engager une série d’ajustement des prix de certains produits administrés ou subventionnés. Avait-il d’autres choix visant des économies de dépenses et partant dégager des marges budgétaires qui réduirait ses besoins d’emprunt pour satisfaire ses échéances de dette ? Les précédents gouvernements avaient une autre possibilité, celle d’agir sur le budget d’investissement en cas de difficulté de financement. Le budget d’investissement de l’Etat a constitué pour les gouvernements successifs une salutaire variable d’ajustement budgétaire. Aujourd’hui, cette alternative a atteint ses limites. A cet égard, la publication des résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat au cours du 1er trimestre 2021 est édifiante. Sur un total de dépenses de 8 580 MD effectuées durant cette période, seuls 415 MD ont été affectés à des dépenses d’investissement, soit 5%. Avec un tel ratio, il est déjà illusoire de considérer que l’Etat puisse jouer le rôle de locomotive de la croissance et de réduire en conséquence le poids de son endettement.

 

Visiblement, c’est plus par résignation que le gouvernement de Hichem Mechichi va être amené à réviser les dépenses de subvention dans son budget par une série d’ajustements à la hausse des prix de certains produits subventionnés. Certes, il pouvait s’attaquer au budget des rémunérations. Mais, il n’a pas osé par crainte d’une violente réaction de l’UGTT. Cependant, il ne serait nullement étonnant qu’un des ces prochains mois il y sera éventuellement obligé.

Pour l’heure, les récentes augmentations de prix de certains produits subventionnés ou administrés en préfigurent d’autres. Et déjà les réactions ne se pas fait attendre pour dénoncer cette démarche alors qu’elle constitue la seule voie, pour le moment, d’éloigner le pays du risque du défaut de paiement. L’UGTT, comme s’il fallait s’y attendre, s’est fendue d’un communiqué incendiaire contre le gouvernement, jalonné de menaces à peine voiler et de mises en garde claires, oublieuse du coup que cela pourrait faire voler en éclat sa propre initiative d’un dialogue national pour sortir le pays de la crise. Ce qui, dans le même temps est assez surprenant, c’est le silence des partis politiques soutenant le gouvernement. A ce jour, on ne relève aucune prise de position de leur part. Ni d’ailleurs des autres courants politiques représentés au parlement. Pourtant celle-ci est déterminante sinon crucial pour le futur.

Certes, tous ceux qui rechignent à une telle option du gouvernement ne manqueront pas de rappeler et d’avertir que cette démarche ne manquera pas de relancer l’inflation et ses conséquences en termes de perte de pouvoir d’achat et donc d’un frein à la consommation et au bout du compte d’un ralentissement supplémentaire du rythme de croissance économique. Cependant, n’imaginent-ils pas que cette inflation serait bien plus préférable à celle que provoquerait une création monétaire fictive, c’est-à-dire l’utilisation de la planche à billet par le gouvernement pour pouvoir satisfaire les besoins budgétaires actuelles ?   

En tout cas, ces augmentations de prix des produits subventionnés et les réactions qu’elles ont suscitées donnent quelque peu la mesure des prédispositions des uns et des autres à consentir les sacrifices pour redresser le pays. Elles ne sont franchement pas encourageante pour le gouvernement.

Par Houcine Ben Achour
11/06/2021 | 16:59
4 min
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Commentaires
Dr. Jamel Tazarki
@Si Houcine!
a posté le 13-06-2021 à 13:31
@Si Houcine: je vous propose d'écouter s.v.p. le discours de Madame Abir Moussi à patir de 2:37:35 sur le lien suivant:
https://www.businessnews.com.tn/marouen-abassi--tout-sauf-linflation,520,108527,3

--> des données empiriques, des faits, un raisonnement intelligent, un monologue très bien structuré, et beaucoup de savoir économique / monétaire...

-->
voilà ce que nous dit entre autre (je dis bien entre autre) Madame Abir Moussi (je donne seulement l'idée par mes propres mots) : certains Tunisiens ne peuvent pas acheter certains aliments de base (non touchés par l'inflation et qui sont sur le marché en quantité suffisante) parce qu'ils sont sans travail et n'ont pas d'argent afin de le dépenser.

Je m'explique encore plus en donnant un exemple: un guide de touriste ou une agence de voyage ou un hôtel ne produisent rien à manger ou à boire mais nous rapportent de la devise étrangère afin d'importer entre autres du sucre et de la viande. --> Aujourd'hui, ces gens là sont sans travail en absence de touristes et ne nous rapportent plus de devises étrangères et ils n'ont plus d'argent afin d'acheter des tomates, du pain et de la semoule (bien que l'on produit autant qu'avant la pandémie, et que l'offre de certains produits agricoles sur le marché tunisien dépasse de loin celle d'avant la crise touristique / pandémique --> puisque l'on ne partage plus notre production agricole avec les millions de touristes).

Si Houcine, ce que vous dites est juste: "D'importantes échéances de dette se profilent alors que les caisses de l'Etat suffisent à peine à satisfaire les dépenses courantes, entre salaires, moyens de services, transferts et investissements."
-->
par contre la compagne doit continuer à travailler --> oui, les vaches doivent être traites, les légumes récoltés, les semis plantés --> il faut seulement garantir à nos paysans et agriculteurs une logistique de distribution afin d'en faire profiter tous les Tunisiens dans tous les coins de la république

Il faut rassurer les Tunisiens que la nature est en pleine forme et ne souffre pas de la crise, et que les tomates et les piments arrivent en très grandes quantités avec le mois de Juin et Juillet...

Que la Tunisie enregistre une récession de 3,8% ou de 4,3% en 2021 intéresse très peu le Tunisien qui veut manger à sa faim...

-->
Il est temps d'encourager nos paysans et nos agriculteurs afin qu'ils puissent nourrir les Tunisiens, et pour cela il faut encourager la production agricole des aliments de base. Il faut renoncer à certaines cultures au profit de la pomme de terre afin que les tunisiens puissent manger à leur faim tout en ayant une nourriture saine.

Première priorité de la Tunisie en cette période très difficile est de fournir les engrais, la semence et le matériel agricole à nos agriculteurs et paysans afin qu'ils puissent cultiver la terre et nourrir les Tunisiens --> et au diable avec la production de satellites et de drones à la con de Telnet...

Oui, je suis pour l'annulation de la subvention / importation du sucre et de la viande, je ne prends plus de sucre depuis plus de 20 ans et je ne mange pas de viande déjà depuis mon enfance'?'

Une question reste encore: comment permettre à tous ceux qui travaillent entre autre dans le domaine touristique et qui n'ont pas touché de salaire depuis des mois à consommer? Oui il y a beaucoup plus de produits agricoles sur le marché tunisien qu'avant la pandémie et pourtant beaucoup de Tunisiens n'ont pas d'argent afin d'en acheter :((

Le gouverneur de notre banque centrale (BCT) n'a aucune inspiration intelligente et il n'a aucune vision --> et en ce point je donne Madame Abir Moussi raison

Très Cordialement
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

PS: je ne voterai pas pour Madame Abir Moussi, par contre il faut être objectif et avouer qu'elle est parmi les rares au parlement tunisien qui préparent bien leurs discours socio-économiques avec un bon fondement empirique et des faits (je dis bien discours socio-économiques)
-->
Je voudrais plutôt voter pour un parti politique qui s'engagerait pour la protection environnementale et qui n'a pas des idées à la con de production de satellites et de drones de Telnet / Ennahdha (de la pure idiotie durant une période où la Tunisie devrait avoir d'autre orientation d'investissement)

Je voudrais aussi mentionner que Si Houcine Ben Achour fait aussi un très bon travail de recherche journalistique et j'attends toujours les vendredis afin de le lire de nouveau --> Merci Si Houcine


Excursionniste
L'argent ne s'évapore pas
a posté le 12-06-2021 à 19:17
Pour demander des "sacrifices" il faut d'abord avoir des certaines conditions, je cite une seul : la transparence ! Savez vous pourquoi on dit souvent "des sacrifices" et "réformes douloureuses", c'est parce qu'il s'agit, dans la plus part des cas, de payer ce qu'on a pas consommé, et de payer ce que les autres ont gaspillé. Peut être il faut une IVD économique pour trouver la vérité et chercher la conciliation !

+ Ce gouvernement doit annuler tous les augmentations des salaires qu'il a fait depuis son arrivé !

Sami
A quoi ont été employés les dons et les aides
a posté le 11-06-2021 à 19:41
Depuis 2011 plus de 400000 milliards de millimes ont ete accordes a ce pays sous forme de prêts et de dons. Ou est passe cet argent
retraité
ubn brin de cheveux de patriotisme
a posté le 11-06-2021 à 17:46
si ce gouvernement a un brin de patriotisme il doit démissionner depuis son installation il a échoué sur tous les plans économique financière sanitaire et sociale il faut un nouveau quartet qui installe un nouveau gouvernement intérimaire pour une durée déterminée apolitique compétent et ses membres s'engagent de ne pas faire par la suite de la politique qui doit prendre des décisions douloureuses pour sauver le pays et sa population d'une banqueroute annoncée et d'avoir le respect de la communauté internationale et les institutions financières qui doivent aider ce pauvre pays bien sur le pouvoir législatif et le pouvoir présidentiel restent en place le quartet doit étudier la modification de certains articles de la constitution et de la loi électorale qui donne une majorité qui gouverne et une opposition forte et unie pour faire barrage à la mauvaise gestion de la majorité au pouvoir et un président qui a des pouvoirs reconnus et explicites .