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Afek Tounes et loi 52 : Les réformes sont un investissement dans le capital humain de la Tunisie
18/01/2017 | 13:04
4 min
Afek Tounes et loi 52 : Les réformes sont un investissement dans le capital humain de la Tunisie

 

Une conférence de presse a été organisée ce mercredi 18 janvier 2017 au siège d’Afek Tounes pour discuter de l’importance de l’amendement de la Loi 79/2015 abrogeant la Loi 52 et pour faire état de l’importance de l’implication de la société civile sur ce sujet.

 

Le président d’Afek Tounes, Yassine Brahim ainsi que la députée Hager Ben Cheikh Ahmed se sont tous deux exprimés sur la situation actuelle et sur la première version de cette loi.

Yassine Brahim a ouvert le point presse en déclarant que la société tunisienne est un acteur essentiel dans l’amendement de cette loi et que la Loi 52 est une défaite puisqu’elle n’a jamais permis d’améliorer la situation. Il a déclaré : « Combien de vies détruites ! Combien de mères sont venues me faire part de leur peur à propos de cette loi fatale, combien d’entre elles ont vendu leur dotes pour sortir leurs enfants de prison ! ». Ajoutant qu’après avoir été incarcéré pour un joint, ces enfants ont finalement rejoint les foyers de tension, « en 2014, Afek Tounes parlait déjà de ça ». Le président du parti a par ailleurs précisé qu’il fallait se focaliser et réprimer plus ardemment les fournisseurs de drogues que les consommateurs. Il a également évoqué l’importance de « mobiliser l’opinion publique » sur cette question et la priorité qui doit être accordée à « ce sujet central ». Il a expliqué que se reconcentrer sur le débat est un « investissement en faveur du capital humain de la Tunisie ».

 

Intervenant à son tour, Hager Ben Cheikh Ahmed a indiqué que la nouvelle stratégie de lutte contre la consommation des drogues concerne le secteur de la santé, de la sécurité, de la justice, de la jeunesse et de la femme ajoutant que « l’Etat et le secteur public d’abord et le secteur privé ensuite se doivent de supporter la prise en charge sanitaire des personnes qui consomment des drogues ». Elle a énuméré les défaillances de la nouvelle version de la Loi 79/2015, toutefois « le point positif de cette nouvelle loi encore sujette à modification est que désormais le consommateur est considéré comme un malade qui a besoin d’un traitement et non plus comme un criminel ».

 

La procédure entreprise pour amender la loi ne définit pas encore l’addiction et ne différencie pas les types de drogues. La première version ne définit pas non plus ce que veut dire consommation personnelle de cannabis ni quelles sont les caractéristiques d’un dealer. La peine allant de 6 mois à 1 an de prison pour les récidivistes est également considérée par Afek Tounes comme une lacune.

Sur l’exclusion des membres de la société civile (ATL MST SIDA-Tunis, société tunisienne d'addictologie) par la commission de la législation générale, Hager Ben Cheikh Ahmed a précisé que le parti a demandé à ce que ces personnes soient présentes mais que la demande est restée lettre morte.

 

A propos du refus des tests urinaires qui conduit directement en prison, la députée a déclaré : «Il est inacceptable de bafouer l’intégrité physique des personnes de la sorte, de plus, ce test doit se faire dans un cadre légal précis pour mettre fin aux injustices ». Elle a également mentionné l’article 67 de la version actuelle de loi 79/2015 qui permet de ficher les personnes suspectées de côtoyer des consommateurs de cannabis en indiquant qu’il s’agit d’une violation pure et nette de la présomption d’innocence. La députée a par ailleurs mentionné la nécessité d’une prise en charge médicale du consommateur avant toute décision d’emprisonnement.

 

Sur les peines que le parti voudrait voir se mettre en place, il y a les travaux d’intérêt général et le sport qui permettraient « d’oublier l’addiction et de sortir du cercle vicieux de la drogue ». Hager Ben Cheikh Ahmed a également présenté l’aggravation des peines envers les dealers comme une nécessité, mentionnant par ailleurs la dénonciation de ces personnes comme un moyen pour les délateurs de réduire leurs peines.

 

Enfin, aux questions des différents intervenants, la députée a répondu que la dépénalisation de la consommation de stupéfiants en Tunisie ne peut avoir lieu car la réalité sociale est toute autre, « la Tunisie n’est pas la Hollande ». Ajoutant que « l’Etat est conscient du problème pas seulement pour vider ses prisons mais aussi pour traiter ses citoyens par des moyens thérapeutiques. Une stratégie de prévention dans les écoles et les lycées est fondamentale. Evitons de condamner une loi réformatrice qui est encore en discussion ».

 

 K.H

 

 

18/01/2017 | 13:04
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