Le projet sur la télémédecine dans les zones rurales au Sénégal a remporté la douzième édition du HEC Challenge 2016, qui s’est tenue cette année du 30 mai au 21 juin 2016. L’annonce a été faite lors d’une soirée ramadanesque qui a eu lieu le 21 juin à l’IHEC.

Il s’agit d’un concours de business plan entre les étudiants de niveau M2 (bac+5 prêts à sortir sur le marché de l’emploi), qui a réunit 80 étudiants de plusieurs institutions : IHEC, SUP’Com, INAT, ENIT, FSEG Nabeul et ISCC Bizerte. Les groupes sont mixés, de telle sorte que dans chaque groupe, il y a un décideur, un manager, un ingénieur, des spécialistes de la finance, etc. C’est comme dans une entreprise, où il y a toutes les fonctions possibles.

Ainsi, 12 équipes se sont affrontées, 5 équipes demi-finalistes qui ont fait la présentation de leurs projets devant un jury de haut niveau composé de chefs d’entreprise et d’académiciens. Pour au final avoir 2 finalistes et un unique gagnant.

Pour la première fois, une entreprise de profiling s’est associée au projet, faisant passer à tous les participants un test et un rapport d’une trentaine de pages sur leur profil et sur leurs compétences ainsi que sur les aspects sur lesquels ils doivent travailler (la prise de décision, la partie analytique, leurs motivations) a été remis à la direction. Des coachs professionnels ont décodé ces profils. Enfin, ces profils ont été utilisés comme critère pour la formation des équipes, selon les compétences et qualités de chacun, pour une meilleure harmonie dans les équipes.

Cette année, le thème transversal est l’Afrique : tous les projets, que les étudiants ont élaboré, étaient sur comment conquérir l’Afrique. Chaque équipe a deux mentors : un académicien professeur à l’IHEC, spécialiste de l’entreprenariat, et un professionnel, chef d’entreprise ou un haut cadre.

Avant le concours, les étudiants ont fait des formations avec des professionnels spécialistes de l’Afrique et les gagnants du concours vont pouvoir voyager en Afrique pour affiner leur projet.

En effet, comme l’explique le directeur de l’IHEC Carthage, Slim Khalbous, dans une déclaration à Business News : «Depuis 15 ans la Tunisie parle de conquérir l’Afrique et rêve d’être un hub, mais elle ne sait pas le faire. On s’est dit alors qu’on va faire bosser les étudiants sur des projets d’entreprenariat viable créatif : Il faut que ça soit destiné au marché africain et qu’ils montrent que leurs projets sont viables dans un marché africain».

Deux finalistes ont été retenus : Dioula Logistic and Services et Medbox.

Remarquant que le marché tunisien est saturé, l’équipe Dioula Logistic and Services veut relancer le commerce sud/sud et créer un nouveau type de relations avec les partenaires africains, en facilitant l’accès des industriels, des artisans et des agriculteurs au marché de la Côte d’Ivoire, en leur proposant un accompagnement par des consultants expérimentés (législations, étude de marché, cultures…). Dioula propose, donc, une offre intégrée à la carte qui joue le rôle d’une intermédiaire entre des fournisseurs et clients et /ou des fournisseurs et transporteurs, permettant le groupage des commandes via une plateforme, d’où l’absence d’une concurrence directe et le gain d’avantages concurrentiels.

Le projet a donc pour but de réduire les coûts de transport par la massification, de créer une dynamique d’échange sud-sud et de développer un outil informatisé.

L’équipe Medbox, coachée par des deux mentors Rahim Kallel (académique) et Abelaziz Darghouth (professionnel) a remarqué, pour sa part, que l’accès aux soins pour les habitants d'Afrique subsaharienne est compliqué. Elle propose, donc, des cabines de téléconsultation médicale, munies d’une panoplie d’équipements médicaux, en temps réel avec vidéo haute définition, qui pourra être utilisé par un patient en toute simplicité grâce à un écran d’ordinateur qui permettra de guider ce dernier ou d’organiser une téléconsultation avec un médecin tunisien. Ce qui permettra d’analyser immédiatement les symptômes, de donner un diagnostic et d’imprimer un rapport destiné aux pharmaciens ou spécialistes.

Ce projet permet de réduire le temps d'attente à l’hôpital, l’archivage et la sécurisation des données, le déplacement limité des patients, un coût de consultation réduit et moins d’hospitalisations.

Cerise sur le gâteau, le meilleur projet, celui de Medbox, va être financé et accompagné pour réellement le mettre en œuvre. «Une première dans une université publique tunisienne. Ça ne c’est jamais fait avant !», nous confie M. Khalbous. Et d’ajouter : «Nous avons avec nous des fonds d’investissement qui vont incuber le projet gratuitement et une grande multinationale française va les accompagner en Afrique pour découvrir le continent, les sensibiliser au marché africain et affiner leur projet».

Ainsi, le financement sera fait par tous les partenaires de l’IHEC, soit une dizaine de partenaires entreprises tunisiennes alors qu’un centre d’incubation va accompagner les étudiants par un coaching et un hébergement gratuit pendant une année. Un fond de roulement de départ sera financé par d’autres partenaires entreprises.

Autre point fort, toutes les entreprises partenaires du HEC Challenge ont émis le vœu de recruter parmi les meilleurs étudiants pour des postes à l’export : les entreprises tunisiennes travaillant dans l’export ne trouvant pas des compétences chez les jeunes ! Des chasseurs de tête étaient présents et on estime le recrutement de 15 à 20 cadres parmi les 90 étudiants participants.

Notons que le 4 juin dernier, l’IHEC a organisé un séminaire sur le marché africain, avec la participation de Radhi Meddeb et Bassem Loukil qui ont parlé de leurs expériences en Afrique. Il y a aussi de hauts décideurs, notamment de la FAO, de la BAD, du Cepex, d’Ernest&Young etc.

I.N