Lors d’une interview télévisée accordée, ce soir du lundi 7 avril 2014, à la journaliste Meriem Belkadhi sur la chaîne Nessma Tv, le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi a déclaré que son parti comptait plus que 80.000 membres qui sont ceux qui ont participé aux dernières élections. Au sujet du récent référendum interne organisé par son parti, il a affirmé que cet événement a été une occasion de rassembler les partisans du parti, non officiellement inscrits, mais aussi de pratiquer réellement la démocratie. Ce référendum a également servi à transmettre, selon lui, le message voulu par les dirigeants du parti, que sa direction peut continuer, tout en donnant une certaine légitimité à la stratégie voulue par Ennahdha.

La situation politique actuelle a été au cœur de cette rencontre au cours de laquelle Rached Ghannouchi est revenu sur la feuille de route, fixée par les parrains du Dialogue national. Il a affirmé que des élections devront être organisées avant la fin de l’année 2014 parce que tout retard sera considéré comme « anticonstitutionnel ». Il a précisé, par ailleurs, au sujet du gouvernement de Mehdi Jomâa, que la nomination de ce dernier n’a pas été décidée par Ennahdha mais par les acteurs du Dialogue national. Et d’ajouter, dans le même ordre d’idées, que la révision des nominations partisanes, à laquelle appelle la feuille de route, devra être faite de manière objective.
La récente démission de Hamadi Jebali a aussi été un des sujets commentés lors de cette rencontre. Rached Ghannouchi a précisé que Jebali était, aujourd’hui encore, le secrétaire général du parti tout en soulignant au passage que son parti n’a pas encore tranché au sujet de cette démission. Il a affirmé, pour sa part, ne pas cautionner cette démission et a fait part de la volonté du parti de proposer d’autres postes à Hamadi Jebali.

Rached Ghannouchi s’est aussi prononcé sur la polémique suscitée par l’article 15 du projet de la loi électorale, affirmant que « l’exclusion [des collaborateurs avec l’ancien régime] est un mal et non une solution », réitérant ainsi le refus de son parti de voter en faveur de cet article. Il a aussi profité de son allocution pour souligner la volonté de son parti de privilégier le consensus et le travail en commun avec le reste des formations politiques, dont même, Nidaa Tounes, parti de Béji Caïd Essebsi.

Au sujet des Frères musulmans, Rached Ghannouchi a nié l’appartenance de son mouvement à l’organisation égyptienne affirmant que son parti était tunisien, ne compte que des membres tunisiens et n’est financé que grâce à des fonds tunisiens. Répondant aux rumeurs circulant sur sa possible nomination à la présidence de l’organisation des Frères musulmans, il a rétorqué : «C’est un honneur auquel je ne peux aspirer ».

Toujours au sujet de l’Egypte, Rached Ghannouchi a aussi déclaré que la condamnation à mort des 529 islamistes en Egypte était « une tragédie ». « Les Frères musulmans ont commis des erreurs mais il faut les soutenir aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Lors de cette interview, le leader d’Ennahdha est également revenu sur le conflit libyen, affirmant qu’un conseil sera organisé en Tunisie, courant avril, afin que le pays joue le rôle d’intermédiaire pour résoudre la crise libyenne.