Pendant que certains essaient de taire et tuer des voix, à force de règlements de comptes et de calculs politiques, des voix naissent. Ou plutôt renaissent, comme des phénix.
« Courrier de Tunisie » vient de naître, un nouveau magazine tunisien dont le premier numéro est étalé à partir d’aujourd’hui dans les kiosques. 68 pages, toutes en français. Du beau français que seuls les artistes savent prononcer.

Et ce n’est pas étonnant puisque derrière ce newsmagazine se trouvent quelques artistes dont Hechmi Ghachem, directeur responsable de la publication ou Mourad Zaraï.
Fondé par Abdelaziz Ghozzi, « Courrier de Tunisie » colle à l’actualité générale tels Lampedusa et le ras-le-bol des harragas ou les turbulences et chantiers du tourisme. On y trouve de la politique, de l’économie, du sport, de l’évasion et de la culture avec, en exclusivité, les bonnes feuilles du futur ouvrage de Serge Moati « Dernières nouvelles de Tunisie ».
On restera cependant sur notre faim en constatant qu’il y a très peu d’articles collés à l’actualité brûlante de la semaine avec des analyses à froid que les quotidiens papiers ou les journaux électroniques ne peuvent produire. On signalera également la longueur des articles, alors que la tendance est pour le « plus c’est court, mieux cela vaut ».
Une bonne place est accordée aux articles d’opinion et on ne peut qu’apprécier la plume de Hachemi Ghachem (fond et forme) quand il parle des nouveaux héros de l’opportunisme, ces lèche-bottes populistes qui ont longtemps rêvé d’être chefs-services, chefs de district, chefs de comité ou de commission.
On part à la devinette pour savoir qui est derrière la chronique « mon BJ Bof » signée Nabbar Shef en face d’une caricature d’une page où l’on voit Béji Caïd Essebsi dire « pour le bien de la Tunisie, j’ai décidé d’échanger mon mandat de chef de gouvernement provisoire contre celui de chef d’Etat provisoire. »

A lire « Courrier de Tunisie », on s’interroge s’il n’y a pas derrière une équipe qui s’amuse en rédigeant ou rédige pour s’amuser. Une équipe composée notamment de Chokri Ben Nessir, Mohamed Kerrou, Nadia Zouari, Ridha Mahjoub, Faouzi Chakroun. Une équipe au style longtemps disparu de notre paysage médiatique évoquant une époque que les moins de 23 ans ne peuvent pas connaître.