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Loi 52 et article 230 : Le silence assourdissant des partis politiques
20/12/2015 | 15:59
6 min
Loi 52 et article 230 : Le silence assourdissant des partis politiques

La loi 52 interdisant la consommation de cannabis a encore fait parler d'elle cette semaine après l’incarcération de jeunes artistes tunisiens. L’article 230 du code pénal interdisant la sodomie a également fait la une des journaux après la condamnation de 6 jeunes du gouvernorat de Kairouan. Même si la société civile a été active dans sa lutte pour l’abrogation de ces articles, les partis politiques se sont distingués par leur silence face à des sujets aussi sensibles.

 

L’actualité a été secouée par l’arrestation d’artistes, en vertu de la loi 52,  pour consommation de cannabis et la condamnation de six homosexuels, en vertu de l'article 230, à trois années de prison ferme plus un bannissement de cinq ans de la ville de Kairouan, lieu où ils ont été arrêtés. Comme des personnages principaux de l’actu nationale, des jeunes arrêtés dans le cadre de cette loi ou de l’autre continuent de peupler les prisons et les hashtags des réseaux sociaux.

Rappelons ce que sont ces lois, de plus en plus contestées par les organismes de la société civile et des droits de l’Homme. La loi 52 promulguée le 18 mai 1992 sur les stupéfiants, stipule que « sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 1.000 à 3.000 dinars tout consommateur ou détenteur, à usage de consommation personnelle, de plantes ou matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi. La tentative est punissable» (article 4). Il s’agit d’un legs du régime Ben Ali, régi par des conditions et des sanctions spécifiques. En effet,  il se trouve que ce texte est l’un des rares à rejeter les circonstances atténuantes, dérogeant ainsi aux formalités d’usage pour toutes les infractions du code pénal.

L'article 230, estimé par de nombreux défenseurs des libertés individuelles et des droits de l’Homme comme anticonstitutionnel, criminalise quant à lui la sodomie et donc l’homosexualité. Encore plus contestés que la loi en elle-même, sont les tests anaux qui sont pratiqués sur les « suspects » pour prouver leur culpabilité.

La loi 52 et l'article 230 sont funestement célèbres, ils suscitent à chaque arrestation un tollé de réactions sur les réseaux sociaux. Tout le monde en parle. Enfin tout le monde ou presque.

 

« Il a été procédé à la révision de la Loi 52 portant sur la consommation du cannabis (zatla), et le projet de texte, amendé, sera fin prêt très prochainement pour être soumis à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examen et adoption » avait révélé l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa. Il avait précisé en avril dernier que  les sanctions de « 1 an de prison et mille dinars d’amende »infligées, jusque-là, aux consommateurs pour la première fois, ont été abolies tout en laissant au juge la latitude et la liberté de juger selon un ensemble de critères dans ce cas bien précis. Cette révision de la loi, bien que tant attendue, semble insuffisante aux yeux de ses détracteurs. Car elle ne fait que déplacer le problème en laissant justement aux juges la liberté de prononcer des verdicts qui jusqu’ici restent aussi sévères que la loi en elle-même.

Il faut savoir que « Sur 25.000 détenus, 8.000 l’étaient pour infraction aux stupéfiants, la plupart pour consommation », avait déclaré l'ancien directeur général des prisons, Habib Sbouï, au journal français Libération en citant les chiffres de septembre 2013. La loi 52 est la cause de l’incarcération du tiers des personnes croupissant en prison, et la prison a rarement recraché des « repentis ».

L'article 230, en revanche, a eu la particularité de ne jamais avoir été revu, ne serait ce que légèrement. Dans un élan de bonne volonté, l’ancien ministre de la Justice avait appelé à son annulation. Il avait indiqué que l’abrogation de cet article devrait se faire sur la base du respect des libertés individuelles et de la vie privée. Immédiatement désavoué par le président de la République, qui déclarera sur une chaine égyptienne que ces propos n’engagent que Mohamed Ben Aïssa et que « Ceci n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu », Béji Caïd Essebsi a clairement dressé la ligne rouge et d’ailleurs M. Ben Aïssa ne tardera pas à être limogé, entre autre, à cause de sa déclaration.

Depuis, les réactions des personnalités politiques et des partis sont très timides quant à la loi 52 et, disons le, quasiment inexistantes pour ce qui est de l'article 230.

Selon l’avocat Ghazi Mrabet, membre de l’initiative « Prisonnier 52 » qui vise « à réformer la loi 52 et à arrêter la répression policière au nom de la lutte contre la toxicomanie », la conseillère auprès du président de la République, Saïda Garrache, aurait annoncé une mesure d’assouplissement des conditions d’amnistie pour ceux emprisonnés en vertu de la loi en question. Elle aurait affirmé qu'un conseil ministériel a récemment décidé que les prisonniers condamnés en application de la loi 52 pourront désormais être libérés en bénéficiant au bout d'un mois de détention, de la grâce présidentielle. Insuffisant proteste l’avocat, qui estime que la loi devrait quand même être abrogée.

Le président de la République s’est prononcé, quant à lui, sur la peine de bannissement des six homosexuels, sans rentrer dans les détails, à aucun moment, sur les réels motifs de leur arrestation. Il a qualifié ce bannissement d’ « inconcevable » soulignant qu’il ne se mêlera pas du travail de la justice et que cette peine a été abolie. Il est à rappeler, tout de même, que ce bannissement a été  prononcé en vertu de l’article 22 du code pénal qui énonce ce qui suit : « L'interdiction de séjour consiste dans la défense faite au condamné de résider et de paraître dans les lieux ou régions déterminés par le jugement. Elle est prononcée dans les cas prévus par la loi et ne peut excéder vingt ans ». Un article, certes très rarement appliqué, mais encore en vigueur.

Le parti Al Massar, a exprimé son indignation face aux arrestations « abusives » conformes à la loi 52. Il a appelé, dans un communiqué, le président de la République à tenir sa parole et à réviser cette loi comme il l’avait promis lors de la campagne électorale en 2014.

Le ministre chargé de la relation avec les instances constitutionnelles et la société Civile, Kamel Jendoubi, a avoué que les atteintes aux droits de l’Homme persistent en Tunisie et que certains textes de loi devraient être réadaptés à la nouvelle constitution, toujours sans rentrer dans les détails.

Les libertés individuelles semblent n’intéresser qu’une petite frange de la société et quelques militants que la cause touche de près. Le fait que le tiers des incarcérés soient des jeunes, qui pour avoir fumé un joint, se retrouvent en prison et taxés à jamais d’ex taulard, ne semble pas inquiéter grand monde, vu que la drogue n’arrive qu’aux autres.

Les partis politiques, dans leur grande majorité, ont soigneusement évité le sujet. Seul le parti Afek Tounes a créé l’exception en mettant en place une campagne de communication pour la réforme de la loi 52. Par contre, l’article 230 ne semble pas mobiliser les partis politiques tunisiens qui savent à quel point il s’agit là d’un sujet clivant. En effet, ils risquent de perdre en popularité s’ils se mettaient à défendre les droits des homosexuels dans une optique électoraliste étroite.  

 

Myriam Ben Zineb

20/12/2015 | 15:59
6 min
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Commentaires (14)

Commenter

@BN
| 21-12-2015 18:18
Je me permets d'insister (c.f mon premier commentaire) mais votre phrase ne va pas du tout "L'article 230 du même code".

Il n'est mention d'aucun code avant cette phrase!

BN: Merci d'avoir attiré notre attention

TeTeM
| 21-12-2015 17:08
En préalable et avant de donner ma position, je me permets de répondre à @Jaghmoun Junior un peu de respect s'il vous plait. Vous n'êtes pas obligé de nous mettre tous dans le même panier. Je respecte que vous soyez athée, alors respectez que je sois musulman!

Sur le fond de l'article. J'estime que c'est une erreur de place la Loi 52 et l'article 230 du Code Pénal sur un pied d'égalité. En effet, il y a une forte différence entre la consommation de cannabis et la sodomie.

Bien que douce, le Cannabis n'en demeure pas moins une drogue. Elle est potentiellement nocive pour la santé et constitue une gêne pour les autres. Son odeur est acre et désagréable... La liberté des uns s'arrêtant là où celle des autres commence, je considère que cela serait une très grosse erreur de légaliser cette substance. La dépénaliser? Cela se discute mais la consommation doit être tout de même assortie d'une sanction. A mon sens, c'est la sanction qui n'est pas adaptée. Au lieu de la prison, il suffirait de les envoyer en cure de désintoxication par exemple...

Concernant, l'article 230 du CP, je ne reviens pas sur cet article sur lequel je me suis largement exprimé. Juste pour répondre à quelques commentaires. Oui c'est haram, mais nos Lois d'un Etat ne doivent pas être dictée par la religion! Autrement autant appliquer directement la charia. Le Coran prohibe la sodomie. Tout bon musulman se chargera de respecter ce texte sacrée non pas parce qu'il a peur de la prison, mais parce qu'il craint le tout puissant! Il est donc inutile de légiférer à ce sujet. Pour les autres (les non-croyants) libre à eux de ne pas suivre cette interdiction religieuse... tant que cela relève de la sphère privée et qu'ils se comportent avec décemment (en non pas avec décadence) dans la sphère public.

Enfin, même si ce n'est pas sur le feu de l'actualité, je suis surpris que l'on ne parle pas de l'émission des chèques sans provision ou quand une malheureuse signature sur un beau de papier peut envoyer directement à la case prison... Ceci n'est plus admissible de nos jours et c'est sans doute la première modification à apporter!

TeTeM
| 21-12-2015 16:51
Je ne suis pas un spécialiste des Lois Tunisiennes. Mais si on parle de Loi 52, c'est que celle-ci n'est pas codifiée (sinon on parlerait d'article).

Si je mon raisonnement est correct, il faut modifier cette phrase ==>"L'article 230 du même code interdisant la sodomie"

Remplacer du même Code par Code Pénal.

Remarque, en toute état de cause, on ne peut pas utiliser ici du même Code puisque que la première correction a supprimé la mention dudit Code ;)

Du coup

Jaghmoun Junior
| 21-12-2015 12:26
je garde mon sang froid, malgrès les calamités que je lis ici de la part de ces conservateurs très betes, déjà pour commencer chers amis comprenez que l'état tunisien est un état civil et ses lois sont le fait des hommes et n'a pas la chariaa comme source de législation ( le droit successorale est une exception singulière ), en plus quel est la définition d'un état ? un état est là pour aider au developpement sa population, l'état n'a pas a avoir les moeurs de ses citoyens sous sa tutelle, l'état ne doit intervenir que lorsque il y a atteinte à autrui, deux homo qui font l'amour sont consentants, sont dans l'obscurité dans leur chambre, personne ne les voit et personne n'entend parler d'eux, et comparer l'homosexualité à la pédophile, l'inceste et la zoophile est d'une abberration et, un enfant n'est pas consentant devant la loi rien à voir avec deux adultes majeurs et vaccinés qui ont choisit de leur propre chef de se faire l'amour, l'inceste est dans 95% des cas du viol, et la zoophilie l'animal n'a pas la possibilité d'etre consentant non plus, et puis si vous voulez controler tout sa va falloir placer des caméras dans chaque chambre, pièce, voiture ou grange en Tunisie, un individu du moment qu'il ne porte pas atteinte à autrui est totalement libre de son corps, c'est n'importe quoi en 2015 de controler les fesses des gens, le pire c'est que ceux qui commentent vivent pour la majorité en France pays très pacifique avec l'homosexualité et ils ont pas l'air d'etre dérangés, l'homosexualité existe bel et bien, elle est naturelle et existe chez 450 espèce d'animaux car oui en tant qu'athée je pense que l'homme est un animal et je crois à la théorie de l'évolution, reste dans votre moyen age et si vous croyez que vous allez gagner votre misérable paradis à vierges en faisait chier les homos vous vous trompez, parfois c'est à se demander si vous n'etes pas des homos refoulés, en passant l'OMS a supprimé la homosexualité de la liste des maladies, ahhh bien sur l'OMS est une organisation sioniste maçonnique qui a pour but de détruire le monde arabo musulman, quel beau monde ce monde arabo musulma, la misère, la guerre, le chomage et la corruption ... allez cassez vous et allez prier votre dieu qui n'existe pas vous faites pitiés conservateurs à la noix, néos imams, charlatans...

Oueld bouh
| 21-12-2015 12:07
La loi 52 interdisant la consommation de cannabis a encore fait parler
d'elle
cette semaine après l'incarcération d!e jeunes artistes tunisiens.

ENLEVEZ "LUI" APRES ELLE



B.N : Merci d'avoir attiré notre attention

Nephentes
| 21-12-2015 11:07
Des contrebandiers alliés à de hauts fonctionnaires, des avocats et des promoteurs immobiliers organisent quotidiennement le blanchiment de centaines de milliers de dinars

Des hommes d'affaires véreux organisent quotidiennement, avec la complicité de fonctionnaires, l'évasion fiscale et l'évasion tout court de leurs avoirs non-déclarés;des sommes se chiffrant en millions de dinars investies en Europe,en Turquie,dans les pays du Golfe...

Des mafias et des cartels organisent le blanchiment d'argent douteux en complicité avec des promoteurs immobiliers et construisent à tout va des "complexes" résidentiels et commerciaux de plus en plus coûteux, pour un retour sur investissement problématique..

Dans l'impunité la plus totale.Juste une "Loi de réconciliation nationale"

Entre temps , une véritable guerre est déclarée à la Jeunesse et aux idéaux de Liberté...

Ek
| 21-12-2015 10:27
Pourquoi musulman daeshien?pas la peine d'être daeshien (ce ne sont pas des musulmans en passant)pour être contre la sodomie et/l'homosexualité. Notre religion est claire la dessus,y'a pas d'amalgames(c'est pareil dans les 3 religions monothéiste). La sodomie est 7aram,point barre.9awmou lout.Alors Mr waf waf,expliquez nous au nom de quoi devrions nous la légaliser? Tant que nous y sommes, légalisons l'inceste ,légalisons la zoophilie,la pédophilie etc etc et comme ça nous serons les pionniers.Si nous sommes musulmans,nous devons combattre ces idées, c'est malsain ,c'est sale,c'est d'une décadence c'est anti naturel,c'est le début de la fin des civilisations.Arrêtons de suivre ces pays (supposé démocratique)dans leur dérive,prenons un peu de recul...nous voulons légaliser la drogue et alliwat :) vous êtes sérieux? c'est ce modèle de pays que nous voulons? C'est les pires fléaux pour les civilisations.

waf-waf
| 20-12-2015 21:54
Vous parlez probablement des musulmans Daechien...pitoyable

DHEJ
| 20-12-2015 19:48
Et nous connaitrons l'utilité des enfants des toxicomanes et des homosexuels!


J'espère que Gg et KAMELEON78 sauront faire le lien.


Quand la sécurité des enfants devient entre les mains d'un législateur TOXICO et HOMO!


Est-ce ma boule en Crystal montre des homo vendre du cannabis devant les jardins d'enfants???

Oueld bouh
| 20-12-2015 19:43
La loi 52 interdisant la consommation de cannabis a encore fait parler
d'elle
cette semaine après l'incarcération d!e jeunes artistes tunisiens.



B.N. : Merci d'avoir attiré notre attention