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Tunisie - Algérie : Grand voisin, grand frère
05/05/2014 | 1
min
Tunisie - Algérie : Grand voisin, grand frère
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Une fois son escapade parisienne achevée, Mehdi Jomâa rend visite à son grand voisin de l’Ouest. Lors de cette deuxième visite en Algérie, le chef du gouvernement tunisien n’est pas rentré les mains vides. En plus du message politique de félicitations adressé à l’occasion du 4ème mandant d’Abdelaziz Bouteflika, c’est la recherche d’un soutien économique mais aussi sécuritaire que la Tunisie est allée confirmer. La visite a été « fructueuse » et plusieurs accords ont été signés entre les deux parties pour une valeur de 250 millions de dollars.

« Un bol d’oxygène pour la Tunisie », titre la presse algérienne en évoquant la visite de Mehdi Jomâa à Alger les 3 et 4 mai courant, et les accords qui y ont été trouvés. « Une visite fructueuse », affirme le chef du gouvernement tunisien.
Répondant à l’invitation de son homologue algérien, Abdelmalek Sallel, c’est accompagné, notamment, du ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, que Mehdi Jomâa s’est rendu à Alger. L’Algérie a été, en février dernier, la première destination sur la liste des visites internationales de Mehdi Jomâa à son investiture et les relations entre les deux pays ont été exemplaires. Cette visite a donc été une nouvelle occasion pour affirmer cet attachement de l’Algérie et de la Tunisie à entretenir  « les relations fraternelles et solides unissant les deux pays », souligne Mehdi Jomâa à l’agence de presse algérienne APS.

Lors de cette « rencontre amicale », a été abordée la crise économique, mais aussi sécuritaire, que traverse la Tunisie actuellement et trois accords ont été conclus. Le premier accord, conclu au siège de la primature à Alger, consiste en un accord de dépôt de 100 millions de dollars entre la Banque centrale et la banque d’Algérie. Un deuxième accord a été conclu portant sur un prêt de 100 millions de dollars qu’accordera l’Algérie à la Tunisie. Enfin, Alger a également annoncé qu’un « prêt non remboursable » sera accordé à la Tunisie, d’une valeur de 50 millions de dollars.
250 millions de dinars ont été octroyés par l’Algérie à la Tunisie. Une assistance financière algérienne qui « consolidera les avoirs de l’Etat en devises en augmentant les réserves de la Tunisie de trois jours supplémentaires pour atteindre l’équivalent de 100 jours d’importation  », affirme Chedly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale, à l’agence TAP. Pour sa part, le côté algérien a refusé de divulguer ces montants, afin de dépasser tout le côté « financier » de cette visite. « Nous ne voulons pas gêner nos amis tunisiens », affirme un cadre du ministère algérien des Affaires étrangères à nos confrères algériens d’Al Watan. Selon la même source, et lors d’une conférence de presse conjointe, organisée par les deux ministres des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et Mongi Hamdi, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré : « Nos relations sont complémentaires avec la Tunisie ». Il ajoute par ailleurs, qu’il est « difficile d’évaluer le montant de notre coopération, puisque des entreprises tunisiennes seront appelées, par exemple, à participer à des chantiers ici en Algérie ».

Force est de reconnaitre que la relation qui existe entre les deux pays est exemplaire. En effet, cette même année, la 19ème session de la haute commission mixte tuniso-algérienne s’est réunie en février afin d’assurer le renforcement de la coopération entre les institutions financières et bancaires des deux pays ainsi qu’une meilleure fluidité du mouvement des personnes et des marchandises afin de contribuer à la lutte contre la contrebande. Cette réunion qui a activé l’accord commercial préférentiel entre les deux pays avant le 1er mars 2014, a été précédée de promesses tunisiennes concernant l’application de l’accord de libre échange entre les deux pays.

Mais hormis le côté financier, cette visite de « travail et d’amitié » a également été l’occasion pour Mehdi Jomâa de réitérer ses félicitations, timidement adressées en avril dernier à Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion de son 4ème mandat. Il a en effet rencontré, lors de cette visite, son homologue Abdelmalek Sallel mais aussi le président Abdelaziz Bouteflika, malgré les soucis de santé de ce dernier.

Les deux pays ambitionnent de passer à une nouvelle étape de coopération. « Une étape de coopération stratégique », a précisé Ramtane Lamamra. Selon le chef de la diplomatie algérienne, les deux pays ont actuellement atteint un bon niveau de coopération politique et serviront de « socle à  la construction maghrébine ».

Une coopération stratégique avec le grand voisin de l’Ouest est en effet inévitable compte tenu des relations économiques, mais aussi historiques et géographiques, qui lient les deux pays. Actuellement, la Tunisie traverse une importante crise économique, les finances publiques sont au plus bas et l’Etat avoue avoir du mal à honorer les salaires de ses fonctionnaires. La situation sécuritaire n’est également pas au beau fixe compte tenu de la menace terroriste qui pèse sur ses frontières avec l’Algérie, au niveau du mont Châambi et de nombreux échanges ont lieu entre services de sécurité des deux côtés de la frontière afin de résoudre ce problème partagé par les deux voisins.

A l’issue de cette visite,  Mehdi Jomâa a réitéré son souhait de voir se poursuivre la coopération avec le grand voisin de l'Ouest « en vue d’une meilleure coordination des dossiers stratégiques et économiques », dans une déclaration à l’agence TAP, à son arrivée à l’aéroport Tunis-Carthage.  En refusant de présenter son aide à la Tunisie comme un don, préférant employer le terme "assistance financière", le grand voisin de l'Ouest joue à fond la carte de la diplomatie, mais force est de reconnaitre que les échanges entre les deux pays restent marqués par l'empreinte du grand frère...


Synda TAJINE
05/05/2014 | 1
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