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Ridha Grira, malade imaginaire ou cancéreux en stade final ?
13/01/2014 | 1
min
Ridha Grira, malade imaginaire ou cancéreux en stade final ?
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La maladie de Ridha Grira, ancien ministre de la Défense, suscite des interrogations. Pour les uns, il a un cancer au stade final. Pour d’autres, il ne dit pas la vérité. Le dernier à l’accuser de jouer la comédie, est Samir Sériati dont le père est en prison depuis trois ans. Qu’en est-il réellement ?

En prison depuis septembre 2011, sans jugement jusqu’à présent, le rôle de Ridha Grira dans les événements du 14 janvier 2011 est déterminant. C’est lui qui a donné l’ordre d’arrêter le général Ali Sériati, ancien chef de la garde présidentielle, et c’est encore lui qui a donné l’ordre au commandant de bord de l’avion présidentiel de revenir à Tunis en laissant Zine El Abidine Ben Ali en Arabie Saoudite. C’est encore lui qui a laissé courir les rumeurs les plus folles concernant Ali Sériati et les snipers le 14 janvier et les jours suivants, alimentant ainsi le climat de panique qui régnait sur le pays.
La suite, on la connait. La garde présidentielle a été lavée de tout soupçon quant à sa participation à tout acte répréhensible lors des événements de janvier 2011, et ce d’après le propre témoignage de Moncef Marzouki, actuel président de la République. Comment se fait-il donc que la garde présidentielle soit innocentée, alors que son chef soit inculpé ?
Septembre 2011, Ridha Grira est arrêté sur la base d’accusations de malversations du temps qu’il occupait le poste de ministre des Domaines de l’Etat. Depuis, il doit répondre d’une bonne vingtaine de chefs d’inculpation et le dernier mandat de dépôt lui a été signifié en juillet dernier, comme si on cherchait à allonger indéfiniment sa détention « provisoire ».

En mai dernier, des appels à sa libération pour des raisons de santé ont commencé à se faire entendre par des hommes et femmes politiques (comme Maya Jeribi) et médiatiques (comme Tahar Ben Hassine).
Violette Daguerre, présidente de la Commission Arabe des Droits de l’Homme, adresse en juin dernier un courrier au président de la République lui demandant la libération de Ridha Grira parce qu’atteint d’une maladie incurable, dit-elle après lui avoir rendu visite à la prison de la Mornaguia. Refus poli de Moncef Marzouki arguant que l’inculpé ne peut bénéficier de grâce présidentielle puisqu’il n’a pas encore été jugé.
Août 2013, c’est tout un rapport établi par la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme qui est présenté à l’opinion publique. On y rappelle le rôle joué par Grira lors du 14-Janvier et on attire l’attention sur son cancer. « M. Grira souffre de crises de douleurs très aiguës notamment en dehors des heures de prises des médicaments. Le médecin traitant soupçonne que le cancer a déjà atteint d'autres organes, dont le cerveau.
En ce qui concerne son refus de se faire soigner à l'hôpital M. Grira a affirmé connaitre les méfaits de la chimio et toute la souffrance qui s'en suit, chose qu'il n'est pas prêt à supporter au fond de sa cellule de prison. Il préférerait donc plutôt attendre sa fin "qui ne saurait tarder", selon ses propres dires », lit-on dans ce rapport de la LTDH.
Les appels pour libérer Ridha Grira se poursuivent tout au long de l’été 2013 et tous évoquent cette maladie incurable et ce cancer en stade final. Sa mère est décédée et l’administration pénitentiaire refuse de le laisser assister à l’enterrement, dit-on.

Le ministère de la Justice réagit enfin le 25 septembre pour affirmer que l’état de santé du détenu fait l'objet d'un suivi médical malgré le fait que ce dernier refuse de se soumettre aux examens médicaux et au traitement de chimiothérapie, que ce soit dans un établissement de soins public ou privé, et ce malgré les différents essais de plusieurs défenseurs des droit de l’Homme ou personnalités issues du milieu associatif humanitaire pour le convaincre. M. Grira n’a pas été réceptif pour entamer un traitement car pour lui, la seule issue pour sa guérison est sa libération de prison, précise le même document du ministère de la Justice.
Concernant l’interdiction d’assister aux funérailles de sa mère, le ministère a démenti cette information, indiquant que Ridha Grira a été informé du décès de sa mère, les instances carcérales sur place lui ont permis de rencontrer immédiatement et sans entraves ses deux fils mais lorsqu’elles lui ont demandé s’il désire prendre part aux funérailles de sa mère, le détenu s’y est opposé.
Il y a quelques semaines, une photo d’une personne alitée dans une cellule de prison a fait le tour du web. On présentera cette personne comme étant Ridha Grira.

Dimanche 12 janvier 2014, Samir Sériati, fils du général Ali Sériati, fait part d’un témoignage qui remet en doute tout ce qui a été dit précédemment dans cette affaire. M. Séraiti affirme qu’il a lui-même vu en prison Ridha Grira marcher normalement, et dans un état normal. Quand il est sorti de prison, après avoir rendu visite à son père incarcéré depuis trois ans, il était étonné de voir les appels des différentes ONG à libérer Ridha Grira qui serait alité pour son cancer en stade final. Pour lui, cette histoire n’est qu’une comédie. Quant à la photo sur les réseaux sociaux, il fait remarquer que personne n’a vu le visage de la personne alitée et que cela ne saurait constituer de preuve. Samir Sériati continue à penser que Ridha Grira a joué un rôle louche dans les événements du 14 Janvier, en donnant l’ordre d’incarcérer son père, et qu’il cherche à se défaire de ses responsabilités.

Qu’en est-il réellement pour Ridha Grira ? Malade au stade final (depuis mai 2013) ou ancien ministre qui estime être acteur de la révolution et frappé actuellement d’injustice ?
D’après le témoignage de Samir Sériati, mais aussi d’anciens prisonniers ayant été libérés, Ridha Grira ne serait pas aussi malade qu’il ne cherche à le laisser entendre. Cela dit, sa détention serait abusive, tout comme celle d’Ali Sériati.

A en croire les divers témoignages qui, à la veille du troisième anniversaire de la « révolution », se font entendre, Ridha Grira n’a rien de révolutionnaire et Ali Sériati n’a rien de traître. Selon certains, Grira, croyant faire face à un coup d’Etat et à l’implication de Sériati dans les meurtres, a ordonné l’arrestation de celui-ci. Constatant la colère populaire et la nécessité d’épargner du sang aux Tunisiens, il a ordonné le retour de l’avion présidentiel.
Selon ses défenseurs, Ali Sériati a accompli sa mission, pour laquelle il était payé et mandaté, de la manière la plus professionnelle qui soit. Il a ainsi protégé son supérieur jusqu’au bout et l’a poussé au départ pour épargner aux Tunisiens un bain de sang et un affrontement entre services.
Malgré cela, les deux demeurent encore en prison, car trois ans après les événements qui ont amorcé un changement politique de taille en Tunisie, le mystère persiste quant aux faits et à ceux qui en ont été les instigateurs.
13/01/2014 | 1
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