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Tunisie - Qui tranchera pour éviter l'affrontement entre islamistes et démocrates?
04/08/2013 | 1
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Tunisie - Qui tranchera pour éviter l'affrontement entre islamistes et démocrates?
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La Tunisie se trouve en pleine crise à plusieurs niveaux, politique, sécuritaire, social et économique. Des niveaux étroitement liés l’un à l’autre, mais cette crise est due, essentiellement selon les observateurs, au manque voire l’absence totale de confiance des citoyens en la direction au pouvoir.
Il est tout à fait normal que cette confiance soit inexistante lorsqu’Ali Laârayedh, censé être chef de gouvernement de tous les Tunisiens, tient, presque quotidiennement, des points de presse pour ne rien dire ou pour menacer ceux parmi le peuple qui s’opposent au pouvoir et à Ennahdha. N’a-t-il pas menacé de faire descendre dans la rue plus d’un million de Nahdhaouis pour contrer les sit-inneurs de l’opposition au Bardo ?


C’est un exemple parmi tant d’autres quant à la confusion régnant dans la tête des islamistes au pouvoir qui n’arrivent pas à faire la part des choses entre leurs responsabilités au gouvernement et leur appartenance au parti Ennahdha. Peut-on faire confiance à des responsables qui fonctionnent ainsi ? Raison de plus quand il s’agit de diriger une période transitoire censée mener le pays vers des élections définitives, neutres, indépendantes et transparentes.
Comment peut-on faire confiance à un parti dont le chef ou Guide compare un rassemblement d’à peine 12 ou 15 mille personnes à La Kasbah à la grande foule des Musulmans dirigés par le Prophète Mohamed à La Mecque ?!

Comment peut-on faire confiance à un certain Hamadi Jebali lorsqu’il parle de sixième Califat au lendemain de la victoire relative de son parti au scrutin du 23 octobre 2011 ?!
Comment peut-on faire confiance à Ali Laârayedh et Mohamed Ben Salem qui disent aux Tunisiens que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors que la présidente de l’UTICA et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie avouent que la situation économique est catastrophique. Plus encore, Béji Caïd Essebsi indique que le pays se trouve au bord de la banqueroute ?!

Comment peut-on faire confiance à un gouvernement au sein duquel le ministre des Affaires religieuses –désormais département clé – encourage les jeunes Tunisiens à se rendre en Syrie pour le jihad et ferme l’œil sur la prise de centaines de mosquées par les fanatiques salafistes qui y propagent les messages les plus radicaux appelant et incitant aux meurtres ?!
Comment peut-on faire confiance à Moncef Ben Salem, ministre de l’Enseignement supérieur, qui appelle à dialoguer et à traiter les membres d’Ansar Al Chariâ avec douceur alors qu’ils sont connus pour leur approche violente et terroriste ?!

Comment peut-on faire confiance à un gouvernement qui aurait aidé les assaillants contre l’ambassade des USA à Tunis, un certain 14 septembre 2012, selon les révélations de Touhami Abdouli qui faisait partie du gouvernement à l’époque ?!

Comment peut-on faire confiance à Ali Laârayedh, responsable, en tant que ministre de l’Intérieur et chef de gouvernement, de nombreux déboires et autres bavures dont notamment les incidents survenus à l’Avenue Bourguiba le 9 avril 2012, ladite attaque de l’ambassade américaine, l’assaut mené contre l’UGTT le 4 décembre 2012 et la répression à la chevrotine contre les manifestants à Siliana ?! Et dire que certains s’entêtent à qualifier Ali Laârayedh d’homme d’Etat !

Et malgré l’heure grave traversée par le pays, le même Ali Laârayedh semble être déconnecté ou feint-il de l’être en ne soufflant aucun mot de la crise politique et du mouvement de l’opposition dont les membres se sont retirés de l’Assemblée nationale constituante.
En axant ses derniers propos sur le phénomène du terrorisme et de la nécessité de s’unir pour y faire face avec efficacité, le chef du gouvernement a l’air de vouloir mettre les opposants en porte-à-faux en la matière tout en donnant l’impression qu’il est le champion de cette lutte, alors que ce sont les institutions militaires et sécuritaires qui auraient décidé de prendre les choses en main pour laver l’affront suite aux multiples revers essuyés ces derniers temps à cause du manque d’une volonté politique claire, maintes fois criée par les hommes de terrain.
D’ailleurs, les récentes déclarations de Lotfi Ben Jeddou, allant jusqu’à évoquer sa démission, et autres cafouillages au sein du département de l’Intérieur prouvent que la situation n’y est pas au beau fixe. Les propos contradictoires et les accusations fusant de l’intérieur même du ministère quant à l’existence, liste nominative à l’appui, d’un circuit sécuritaire parallèle illustrent cette ambiance malsaine prévalant entre les membres et les cadres d’une même institution de la plus haute sensibilité.

Or, M. Laârayedh oublie que c’est sous son règne que le département de l’Intérieur aurait été noyauté et que les membres d’Ansar Al Chariâa ont bénéficié de la plus grande indulgence et que, certains n’hésitent pas à qualifier, à juste titre, de laxisme et de connivence.
D’ailleurs, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour décrier l’ingérence de la présidence du gouvernement et du parti d’Ennahdha dans les directives données à certains services dudit ministère.
Pour ce qui est de l’armée, et en l’absence de données concrètes, il est significatif de constater que, désormais, les opérations prennent un caractère autrement plus énergique impliquant des unités des forces spéciales et des éléments militaires expérimentés pour mener les interventions à Jebel Chaâmbi, d’où les récents succès enregistrés contre les groupes terroristes.

Ceci, volet lutte antiterroriste. Mais qu’en est-il de la crise politique ? Le gouvernement de la Troïka et Ennahdha font la sourde oreille en suivant l’adage : j’y suis, je reste. Pourtant, toutes les autres forces politiques et de la société civile affirment que rien ne va plus et qu’il faut dissoudre l’Assemblée nationale constituante et former un gouvernement de salut national composé de compétences nationales et dirigé par une personnalité indépendante qui s’engagent à ne pas se présenter aux prochaines élections.

Pour l’instant, c’est l’impasse puisque chaque partie campe sur ses positions. Jusqu’à quand ? L’UGTT, force déterminante dans le pays, évoque un plan d’action et accorderait un délai d’une semaine au gouvernement pour obtempérer.
A noter à ce propos, que contrairement à ce qu’a avancé Khalil Zaouïa, l’entretien entre Ali Laârayedh et Houcine Abassi a été, selon des sources proches de la centrale syndicale, houleux avec des clashes.
Alors, comment se présentent les perspectives d’avenir proche ? Difficile à prévoir, mais il est indéniable qu’il viendra un moment où il faudra trancher, d’une manière ou une autre, entre les deux parties.

En Egypte, le général Al Sissi a affirmé que s’il n’avait pas agi comme il l’a fait, il y aurait eu une guerre civile dans son pays. Et il vient d’être conforté et soutenu par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en affirmant que l’armée égyptienne a rétabli la démocratie dans le pays. Face au blocage et les risques accrus d’affrontements entre les deux camps, islamiste et démocrate, quel scénario pour la Tunisie ?

Noureddine HLAOUI
04/08/2013 | 1
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