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Tourisme: le Maroc fait-il réellement mieux que la Tunisie ?
05/02/2009 | 1
min
Tourisme: le Maroc fait-il réellement mieux que la Tunisie ?
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A première vue, le match Tunisie-Maroc pour capter les flux de plusieurs millions de touristes avides de soleil et de plages dorées est en train de tourner depuis deux ans à l’avantage du royaume chérifien. Une lecture plus profonde des chiffres relatifs aux différents indicateurs touristiques montre toutefois que la bataille entre les deux principales destinations au Maghreb est loin d’être tranchée. Et pour cause: près du tiers des entrées et environ la moitié des recettes touristiques au Maroc proviendraient de la communauté marocaine résidant à l’étranger. Une clientèle que la Tunisie n’a jamais prise en compte.

Plus de 7 millions de touristes, 38 millions de nuitées et environ 3 milliards de dinars (1,65 milliard d’euros environ) de recettes en devises pour la Tunisie. Quelque 8 millions de visiteurs, plus de 25 millions de nuitées et près de 58 milliards de dirhams (5,2 milliards d’euros) de revenus en devises pour le Maroc, selon les premières estimations, les chiffres détaillés n’étant pas encore rendus publics par les deux pays. Les statistiques sont sans équivoques. Naguère leader incontesté sur le continent, la Tunisie continue - si on se réfère à une première lecture des chiffres- à perdre du terrain face à ses principaux concurrents. Après avoir été coiffé au poteau par l’Egypte et l’Afrique du Sud, la Tunisie se serait, a fortiori, se fait chasser de la troisième marche du podium par le Maroc pour la deuxième année consécutive. Pourtant, plusieurs voix commencent à contester la suprématie présumée du royaume chérifien face à son éternel rival. Principal sujet à polémique : la comptabilisation des entrées et des transferts de la diaspora lors de l’élaboration des chiffres relatifs à l’activité touristique, un indicateur qui n’est pas pris en compte en Tunisie.
Même au Maroc, certains analystes commencent à remettre en question les chiffres avancés par les autorités de leur pays. C’est du moins ce qui ressort d’un article intitulé "Les recettes du tourisme marocain en question", publié par le magazine électronique Casawaves : (www.casawaves.com) . « Il serait intéressant de déterminer si le tourisme marocain est si qualitatif qu’on le prétend parfois », note l’auteur de l’article. Et de renchérir : « Voici la définition des “recettes touristiques” selon l’Office des changes : ce poste correspond aux biens et services fournis par l’économie marocaine aux voyageurs non-résidents à l’occasion essentiellement des voyages touristiques. Il recense, en dépenses, les services fournis par les économies étrangères aux voyageurs résidents, au titre des voyages touristiques, des stages et missions, des études, du pèlerinage et d’El Omra, des voyages d’affaires, des soins médicaux …

Les recettes comprennent également une partie des apports en devises et billets de banque effectués par les Marocains résidant à l’étranger et destinés à la couverture de leurs frais de séjour au Maroc. L’office des changes comptabilise dans les recettes touristiques les devises changées par les “touristes”. Sont probablement comptabilisées les sommes qu’apportent avec eux les Marocains résidents à l’étranger (MRE) et qui serviront à la famille, à des investissements locaux en liquide ». L’article conclut : « Il serait difficile de comptabiliser cela comme de véritables recettes touristiques. Si on exclut, donc, les transferts des MRE, qui sont aussi considérés comme des touristes en termes d’entrées, les performances du tourisme marocain seront largement au dessous de celles de la Tunisie. D’autant plus que les transferts de la communauté marocaine à l’étranger sont estimés à au moins 40 milliards de dirhams chaque année.
Les professionnels marocains, eux, estiment que les MRE sont de véritables touristes. « Mis à part les émigrés de la première et la deuxième générations qui reviennent régulièrement au Maroc pendant les vacances, ceux des troisième et quatrième générations sont généralement des Européens à part entière. Contrairement aux idées préconçues, ce n’est plus une clientèle acquise. Ils sont séduits et sollicités par les TO autant que les touristes étrangers», explique un responsable au département marocain du Tourisme, cité par le quotidien L’Economiste.

En Tunisie, les autorités campent sur leur position et ne comptent pas comptabiliser les entrées et les transferts financiers des Tunisiens résidents à l’étranger dans l’élaboration des indicateurs relatifs au secteur touristique, une pratique pourtant très courante au niveau de plusieurs destinations touristiques.
Loin de cette polémique autour des chiffres, la destination Maroc ne cesse de réaliser de bonnes performances depuis quelques années. Le succès découle notamment de l’encouragement d’un tourisme haut de gamme, axé sur la qualité et étalé sur toute l’année. Il est également le fruit de la promotion de certaines villes disposant d’atouts culturels certains, dont notamment Marrakech, comme des destinations à part entière.
Le royaume a également bénéficié d’un afflux des compagnies low-cost et du dynamisme hors pair de l’administration du tourisme. A preuve : pour résister au tsunami financier, le Maroc a adopté un plan d'anticipation baptisé "Cap 2009" qui s’articule autour de six axes majeurs: attirer davantage de touristes étrangers, renforcer le positionnement du Maroc à l'étranger, ptomouvoir le développement du tourisme intérieur, entretenir et encourager la dynamique d'investissement dans le secteur, améliorer la qualité des services, fidéliser les clients et enfin mettre en place une cellule de veille et de suivi au niveau de l'Observatoire du tourisme. Avec ce plan doté d’une enveloppe de 10 millions d’euros, le Maroc est décidé à atteindre l'objectif de la Vision 2010, à savoir 10 millions de touristes l'année prochaine.
La Tunisie continue, quant à elle, à surfer sur la vague des prix défiant toute concurrence qui draine une clientèle peu dépensière. La destination peine également à se débarrasser de l’image d’une destination essentiellement balnéaire : « Depuis les années 1960, la Tunisie s’est concentrée exclusivement sur le développement des sites balnéaires. Cette stratégie de croissance a abouti à une surcapacité d’offre peu diversifiée qui rend les hôtels très dépendants des tour-opérateurs internationaux et favorise ainsi le bradage des prix », note une étude de l’agence de notation Fitch Ratings publiée en 2007. Dans une tentative d'aller au-delà du modèle de tourisme de masse, le pays a cependant commencé à renforcer ses produits de niche, en particulier le tourisme médical, le tourisme saharien et le golf.
C’est dire que la bataille entre les deux destinations concurrentes vient d’être lancée…
05/02/2009 | 1
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