Par Marouen Achouri
La cavale de l’ancien ministre de l’Intérieur, NajemGharsalli, est quand même une belle histoire à raconter ! Aujourd’hui, il est à 99% hors du pays sinon les forces de sécurité du pays seraient vraiment nulles. Comme ce fût le cas pour l’illustre Pablo Escobar, la traque de Najem Gharsalli a nécessité la création d’une brigade spéciale par le ministère de l’Intérieur. Cet ancien juge se soustrait allégrement à la justice, il est en fuite et rien, pour l’instant, ne peut être fait contre lui.
Najem Gharsalli était en poste au tribunal de Kasserine, où ses frasques étaient déjà matière à anecdote dans la région. C’est en janvier 2015 qu’il avait été nommé Premier flic du pays. Une seule voix s’était élevée à l’époque pour nous prévenir du danger, celle de la juge Kelthoum Kennou. Quelques heures après l’annonce de la nomination, elle écrivait que c’était « le pire choix fait par le chef du gouvernement (NDLR : Habib Essid à l’époque) ». Elle avait également dit qu’il avait participé au harcèlement de ses collègues, que c’était un arriviste de la pire espèce et qu’elle ne lui ferait jamais confiance.
Et effectivement Najem Gharsalli a été fidèle à sa réputation. L’Histoire retiendra de son passage à la tête de l’Intérieur les attentats du Bardo et de Sousse. On a vu plus glorieux comme bilan à la tête d’un ministère aussi important. Par contre, cette expertise du fonctionnement des services de la police tunisienne a certainement dû l’aider pour pouvoir aujourd’hui se soustraire à la justice de cette manière.
Le fait que la police tunisienne ait été incapable de mettre la main sur Najem Gharsalli afin de le présenter à la justice est un scandale en soi. Les questions se multiplient à ce sujet, bénéficie-t-il de soutiens ou de protecteurs qui facilitent sa cavale ? Certainement. La police est-elle réfractaire à mettre sous les verrous leur ancien ministre et pense à l’image, déjà largement écornée, de sa corporation devant l’opinion publique ? Cela parait évident. Mais c’est surtout l’expression claire de la déliquescence d’un Etat qui s’est montré incapable de se prémunir d’abord contre le danger d’un ministre de l’Intérieur pas très recommandable et qui ensuite s’est montré incapable de lui mettre le grappin dessus et de le punir par la loi.
Il y a quelque chose de romanesque dans cette histoire. Quelque chose de profondément rebelle qui attire même la sympathie de certaines personnes. C’est comme si Najem Gharsalli, par son comportement, confirmait que le système qui gère le pays est aujourd’hui pourri jusqu’à la moelle. C’est comme si Najem Gharsalli disait : je ne serai pas le bouc émissaire de vos magouilles à la tête de l’Etat, je ne paierai pas les pots cassés à votre place, je me barre ! Certes, il est loin d’être aussi sympathique que les personnages de romans qui ont bercé notre enfance. Toutefois, quand le pied-de-nez à l’Etat vient de l’un de ses supposés commis, l’ironie est omniprésente. La phrase « et ils ne sont même pas capables d’arrêter Najem Gharsalli ! » sert désormais à décrédibiliser toute mesure, tout discours venant de l’Etat. Et c’est bien là le danger d’un Etat incapable de se faire justice. Si l’Etat n’arrive pas, ou ne veut pas, exécuter les ordres de la justice, comment le citoyen peut-il alors avoir confiance ?
La fuite de Najem Gharsalli, au-delà de son aspect spectaculaire et inédit, pose de sérieuses questions sur le fonctionnement de l’Etat dans ce genre d’affaires. Quand le politique se mêle à la contrebande, à l’espionnage et à la corruption, nous avons l’impression que l’Etat improvise, aussi bien au niveau légal, avec les assignations à résidence, qu’au niveau purement exécutoire avec cette incapacité à mettre certaines personnes sous les verrous. Nous n’avions franchementpas besoin d’une preuve supplémentaire des carences de notre Etat, nous en avons suffisamment.
Commentaires (14)
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UN CITOYEN ORDINAIRE
De son passage à la bâtisse grise de l'avenue Bourguiba il récoltera un palmarès peu reluisant : deux attentats sanglants , des bavures et une relation étriquée avec une large fraction du sérail politique . Juge à la main lourde du temps ou il bombait le torse dans la salle des pas perdus du tribunal de première instance de Kasserine , il fait face à la plus infamante des infractions qui peut frapper un responsable politique : atteinte à la sûreté de l'état . Ne pouvant supporter pareille injure ou accablé par un sentiment de culpabilité il a décidé de faire faux-bond à la justice de son pays dont il était aux avant-postes puisque procureur général prés la cour de cassation avant sa descente aux enfers .
Mais Gharsalli est-il coupable?
N'ayant pas suffisamment d'éléments sur une affaire aussi grave et compliquée que seuls ceux qui ont eu accès au dossier peuvent se prononcer sur la véracité des faits qui lui sont reprochés , on ne peut jeter aux orties un homme qui bénéfice encore de la présomption d'innocence sous peine d'élucubration .
Il n'en demeure pas moins que son refus d'être auditionné et sa fuite programmée ou à la sauvette le desservent autant qu'ils l'accablent et c'est une lapalissade que de dire qu'elles constituent des preuves pour une culpabilité et dans l'optique d'une condamnation , des circonstances aggravantes . Dès lors , qu'il comparaisse devant ses juges ou qu'il soit jugé par défaut , le sort de l'ancien ministre de l'intérieur semble scellé : ou il écope d'une peine lourde et exemplaire ou il s'offre une réhabilitation à la Dreyfus .
BLANCHE NEIGE ET NOIR DESSEIN .
Un haut fonctionnaire devrait assumer !
Malheureusement , d'une façon générale les décideurs ne tiennent pas compte de certains commentaires qui pourraient être utiles, des données qui pourraient être importantes et des réclamations qui pourraient éclairer davantage leurs décisions.
Ainsi, il s'est avéré Gharsalli qu'il ne méritait pas ce poste.En fait , il devrait assumer et il ne devrait pas fuir comme un gamin .
Il ne s'est pas comporté en homme , C'est pourquoi sa désignation, comme nombreux n'étaient pas bien étudiée.
Du fond de l'histoire ,le nom de (maa3n ibnou zàaida) est resté gravé dans ma mémoire
Peut être bien qu'il a subit le sort de (sadr) ?!!
Pablo escobar Hammami
Ils reconnaissent en toute impunité la présence de lobbies, ..! Sans craindre de suites.. C ' est vous dire l' arrogance et l' insolence de cette gangrène de mafia! Ils ont mis l es. Gvt dans leur main et deviennent de plus en plus entreprenants et effrontés.. Grâce à qui? .
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La Tunisie n'est plus considérée comme républisue
La loi est égale pour tous sauf dans des républiques bananières comme la notre oú l'on nomme des ministres tout en sachant qu'ils trainent des casseroles.
@Si Marouen Achouri
Merci