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Chroniques
Où peut-on mesurer le patriotisme ?
Par Ikhlas Latif
07/04/2023 | 16:59
4 min
Où peut-on mesurer le patriotisme ?

Après sa disparition nimbée de mystère la semaine dernière, le président de la République est réapparu pour mettre fin aux spéculations. Un rhume de deux ou trois jours, nous dit-on, qui a tout de même nécessité une absence de treize jours. Mais passons. L’essentiel est que le chef est de retour, maniant son verbe acerbe et dézinguant ses détracteurs à coup d’accusations et d’invectives. En somme, le chef est resté fidèle à sa réputation, au grand bonheur de ses fans, et ce n’est pas un simple rhume qui aurait eu raison de sa verve.

 

Quelques jours après sa rencontre avec sa cheffe du gouvernement, bien contente elle aussi, notre président a effectué son premier déplacement. Ce sera pour rendre hommage au leader Habib Bourguiba pour la commémoration de sa disparition. Devant le mausolée de Monastir, il aura été prolixe et répondra même, chose rare, aux questions des journalistes.

Sa déclaration qui aura fait le plus de bruit, c’est celle concernant le Fonds monétaire international. Enfin, il le disait clairement. Non aux diktats, la Tunisie comptera sur ses ressources. Voilà qui est clair une bonne fois pour toutes. Son gouvernement, qu’il a lui-même nommé, jouait depuis des mois des mains et des pieds pour décrocher le financement qui aurait pu lui en ouvrir d’autres. Le niet est tombé et avec lui les mois de négociations et tout un plan de réformes préparé par madame Bouden et ses acolytes. La loi de finances pour l’exercice 2023, qu’il a lui-même signée, introduisait certaines de ces réformes. Confusion ? Contradictions ? Passons, ça n’a plus d’importance.

 

Cette déclaration, au vu de son impact imminent et immédiat sur l’économie nationale, en a éclipsé une autre pourtant tout aussi importante pour comprendre la trajectoire politique que prendra le pays, et par truchement celle économique, sociale, etc. Le président a répondu à l’éventualité de sa candidature à la présidentielle de 2024. Ce qu’il a dit est édifiant quant à la vision dont il se fait du pouvoir et du rôle qu’il compte jouer. « Je ne me sens pas en concurrence avec qui que ce soit. J’endosse une responsabilité et je ne la laisserai pas tomber ».

Se pensant investi d’une mission, détenant la certitude de sa suprématie, Kaïs Saïed ne compte pas se défiler, par conséquent rempilera et il est sûr d’être au-dessus de tous, que nul n’est égal à lui. Cette rhétorique messianique, est au cœur de ce qu’on pourrait qualifier de dogme saïedien. L’idée du poids d’une responsabilité endossée, qui dépasserait la compréhension du commun des mortels et transcenderait même sa propre personne, est récurrente. « Il s’agit d’une question de projet et non d’individus : de comment construire la nouvelle Tunisie », a-t-il souligné face caméra. Le président se trouve investi d’une tâche d’une ampleur inégalée jusque-là, d’une certitude que son projet accomplira de grandes choses non seulement pour son pays, mais aussi pour l’humanité en passant. Et voilà qu’il finit par dire qu’autant les postes ne l’intéressaient pas, autant il n’était pas prêt à livrer son pays « à ceux qui n’ont aucun patriotisme », pourquoi ? parce qu’il faut poser les fondations du futur et c’est à lui de les poser ces fondations.

 

Ce que soulève ce dernier commentaire du chef de l’État, c'est qu'il se pose comme l’idéal de patriotisme, comme seul référent et seule mesure de celui-ci. Il exclut les "autres" du champ du patriotisme, il leur dénie cette qualité. Coïncidence amusante, ou pas, le président nous fait cette déclaration depuis le mausolée d’un Bourguiba qui avait perdu de sa superbe en refusant de lâcher le pouvoir. Nous connaissons tous la suite de l’histoire et pour celui qui lui a succédé pendant 23 ans.

Pouvoir, État, patriotisme se confondent en la seule entité présidentielle, parce que le président est porteur du "vrai" projet, et ainsi il se donne la pleine légitimité afin de rester au pouvoir. On aimerait bien savoir où et comment peut-on mesurer le patriotisme sur l’échelle saïedienne. Dans le cadre des nouvelles approches et de la dichotomie entre « honnêtes » et « traîtres », cela nous aiderait beaucoup que l’une des sociétés citoyennes nous produise, par exemple, un outil ou un test rapide pour mesurer le patriotisme. De cette façon, des certificats seraient délivrés et on pourrait séparer les bons grains de l’ivraie.

Par Ikhlas Latif
07/04/2023 | 16:59
4 min
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Commentaires
Imed
KS n'a plus le choix
a posté le 08-04-2023 à 22:06
Après les arrestations abusives de ses opposants politiques, ks sait bien qu'il n'a plus le choix que de s'accrocher au pouvoir. Le jour où il quittera Carthage c'est pour aller finir ses jours dans une cellule de prison et sinon pire. Il a attisé le feu de la vengeance et il sera cramé par se même feu.
cesarios
Notre patrie a tous les paramètres, les atouts et les conditions pour être..................
a posté le 08-04-2023 à 13:38
Le patriotisme se mesure selon le niveau de la capacité de prise de conscience de tout engagé politique avide d'arriver à jouer un certain rôle de décideur dans l'aréne politique de sa nation, de pouvoir manipuler et orienter ses deniers et ses ressources naturelles en donnant l'exemple le meilleur de l'intégrité et de la bonne gestion....Nos dirigeants décideurs d'en haut en bas d'une gouvernance sont invités d'étudier et de jeter un coup d'eil, d'examiner le patriotisme d' un certain ancien président d'un pays du tiers monde de l'Amérique latine, l'uruguay qui s'appelle JOSE MUJICA........Ses manières et ses comportements dans sa vie privée et de son vécu en tant qu'homme d'ETAT ont étonné le monde entier, il a refusé tous les avantages inhérents à sa fonction présidentielle, il se distingue par un mode de vie très éloigné des fastes habituelles de cette fonction, 90 % de son salaire présidentiel sont orientés vers des oeuvres nationales, il était le père de la transition démocratique, sous sa présidence, l'uruguay est devenue le pays le plus avancé de l'Amérique latine, il a terminé son mandat de président de cinq ans en laissant l'économie du pays en bonne santé et avec une stabilité sociale meilleure que celle de tous les pays voisins
Djodjo
Y'en aura pas des élections présidentielles
a posté le 08-04-2023 à 10:22
En 2024 il nous dira qu'il n'y a pas de patriotes en Tunisie et que les élections présidentielles sont reportées jusqu'à nouvelle ordre et hop, le tour est joué, ni vu ni connu je t'embrouille.

Et voilà, c'est sont seul programme.
DHEJ
Ni racine ni exponentiel...
a posté le 08-04-2023 à 09:28
Le patriotisme se mesure en nombre d'années passé au pouvoir... Lui qui dit qu'il ne sent pas en concurrence avec qui que ce soit sauf ses prédécesseurs...
Momo
Question facile
a posté le 07-04-2023 à 21:40
A la ra7ba : Par la quantité de foin ingurgité. Ou par le nombre de pois chiches dans la tête.
Pitbull
Unité de mesure
a posté le 07-04-2023 à 19:46
L'unité de mesure du patriotisme devrait être la racine cubique de Bourguiba+Hached+Ben Youssef'...
nazou de la chameliere
Pour mesurer
a posté le 07-04-2023 à 19:18
Le degré de patriotisme, il faut obligatoirement avoir fait un séjour en hôpital psychiatrique !!!
Y'a qu'à écouter le facho et ses soutiens !
Ils ont tous été, ou vont être internés , en psychiatrie !!!!
Même Léon à rejoint les fous !!!
A4
Bien sur !
a posté le 07-04-2023 à 18:20
Mesure effectuée au kaisomètre sayedique.
Fares
Excès de prudence?
a posté le 07-04-2023 à 18:17
On semble être très prudents ces temps-ci, la moindre critique du Moustahtir est censurée. Résultat, la section commentaire de plusieurs articles est réduite à la propagande de salim, gardons/sonia/moha dit le Vandale, Naim..Si vous continuez à censurer les critiques du régime et autoriser la propagande et lez copier coller, la section commentaires n'aura plus aucun intérêt. Tant qu'à faire pour ne pas remplacer les chroniqueurs actuels par Jrad, Dziri et El Ksouri?