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Chroniques
Faut-il s’attendre à un miracle ?
Par Houcine Ben Achour
08/09/2023 | 10:01
3 min
Faut-il s’attendre à un miracle ?

Aujourd’hui, la question mérite d’être posée. Le budget général de l’État a-t-il réellement un sens ? Une intelligibilité ? Une rigueur dans la gestion des deniers publics ? Le retard pris dans la publication des données mensuelles d’exécution du budget de l’État par le ministère des Finances tout comme le Rapport semestriel des finances publiques, dont on attend la parution, fournissent-ils déjà un éclairage ? En tout cas, à la lecture des récentes données, il est évident que l’Exécutif aura fort à faire, c’est le moins qu’on puisse dire, pour boucler le budget de l’actuel exercice. Quand bien même, aurait-il édulcoré quelques données et passé sous silence quelques autres. Le risque que, d’ici la fin de l’année, il se retrouve financièrement aux abois est de plus en plus réel. On aura beau afficher un solde budgétaire excédentaire au bout du 1er semestre 2023, le déficit budgétaire est acquis d’ici la fin de l’année. Il s’agit de savoir surtout si ce déficit s’alignera sur les prévisions établies initialement dans la loi de finances ou s’il s’en écartera dangereusement.

Les données actuelles de finances publiques ne semblent pas indiquer que l’objectif d’un déficit budgétaire de 5,2% du PIB serait atteint à la fin de l’année. Les prévisions de recettes établies initialement apparaissent aujourd’hui bien ambitieuses. En matière de ressources non fiscales par exemple, l’État n’a récolté à ce titre qu’environ 1 650 MD au cours des six premiers de 2023 sur les 5 500 MD escomptés en année pleine. Autrement dit, il lui faudra mobiliser le double au cours du 2e semestre de l’année. En termes de mobilisation de ressources d’emprunts extérieurs, l’État est logé à la même enseigne. Sur les 8,2 milliards de dinars de besoins nets de financements extérieurs inscrits dans le budget de l’État pour l’année 2023, le gouvernement semble avoir peiné pour mobiliser un milliard de dinars en six mois. Certes, il convient d’intégrer dans le stock les 500 M$ d’appui budgétaire provenant de l’Arabie Saoudite. Cependant, une hirondelle ne fait pas le printemps. D’autant que les autorités n’ont pas bataillé âprement pour les obtenir. Cet argent dormait, sous forme de dépôt rémunéré, dans les coffres de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui en assurait la gestion à seule fin de consolider le stock de devises du pays. Cette enveloppe est passée sous l’escarcelle du Trésor public qui en assure désormais la gestion au profit du budget général de l’État. Les autorités saoudiennes n’ont déboursé aucun dollar supplémentaire à la Tunisie. Elles n’auraient pas pris un tel risque sachant qu’elles pouvaient essuyer les foudres du Fonds monétaire international (FMI) et surtout du Club de Paris qui regroupe les créanciers privés selon la consigne : l’accord de crédit avec le FMI est un préalable à tout soutien financier à la Tunisie.

Jusqu’à présent, le recours au marché intérieur pour pallier l’absence de financements extérieurs constituait la seule alternative. De plus, une dette intérieure est plus « gérable » qu’une dette extérieure. Néanmoins, cette démarche a ses limites. En six mois, le gouvernement n’a mobilisé que 3 000 MD. Il lui reste encore à trouver 6 500 MD au 2e semestre 2023 pour être conforme aux prévisions budgétaires. Du coup, l’objectif d’un désendettement de l’État du marché intérieur à hauteur de 700 MD apparaît de plus en plus comme une douce utopie. La réussite de la 3e tranche de l’emprunt national 2023, à l’instar du prêt saoudien, ne peut constituer l’hirondelle qui annonce le printemps. Les deux aussi, d’ailleurs.

Sur un total de 24,3 milliards de dinars de besoins d’emprunts, permettant de dégager un financement net de 7,5 milliards du budget, le gouvernement n’a réussi qu’à glaner quelques 5,8 milliards et rien en financement net durant les six premiers mois de 2023. Autrement dit, on a tout juste trouvé de quoi rembourser les échéances de dette.

Est-il toujours possible de mobiliser 18,5 milliards de dinars au cours du 2e semestre 2023 ? Du coup, on comprend mieux le maintien des « perspectives négatives »  octroyées par les agences internationales de rating. Fitch d’abord, R&I ensuite, en attendant Moody’s.

Là, ce serait réellement un miracle.  

Par Houcine Ben Achour
08/09/2023 | 10:01
3 min
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Commentaires
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 08-09-2023 à 21:03
@Mr. Ben Achour,
ça fait des années que vous prévoyez la faillite de l'Etat tunisien et de la Tunisie. Mais rien de cela:)
-->
Il y a apparemment de très importants paramètres qui manquent dans vos raisonnements à travers vos articles qui annoncent/annonçaient le collapse de la Tunisie socio-économique, déjà depuis des années...

Mr. Ben Achour, La Tunisie socio-économique ne vit pas seulement des endettements. Non, elle produit aussi des biens pour le marché intérieur mais aussi pour l'exportation. Je cite:
- En valeur, les exportations tunisiennes du secteur du textile et habillement ont atteint à fin mai 2023 de l'année en cours 4,2 milliards de dinars.
- Les recettes cumulatives touristiques sont à 2018 MD au 20.06.2023 contre 1317 MD en juin 2022 --> je n'ai pas les dernières données du mois de septembre.
- Les transferts des Tunisiens à l'étranger sont à 3478 MD au 20.06.2023, et sont en évolution continue (pratiquement tous les retraités tunisiens résidents à l'étranger rentrent en Tunisie et laissent transférer leurs retraites au pays)
- Les recettes des exportations de l'huile d'olive tunisienne ont atteint 2140,5 millions de dinars, jusqu'à fin mai 2023, soit une hausse de 40%, par rapport à 2021-2022. -Ceci d'après l'Observatoire National de l'Agriculture (Onagri),
- selon les données du commissariat régional au développement agricole (CRDA) à Gafsa, la production des tomates saisonnières destinées à la transformation ou le séchage a atteint 120 mille tonnes. La productivité de l'hectare est à 150 tonnes en 2023 (--> extraordinaire, en effet on était à moins de 20 tonnes par hectare...)
--> nos tomates séchées au soleil du sud tunisien sont destinées à l'exportation --> c'est aussi une forme d'exportation de l'énergie solaire...
- la Tunisie exporte des agrumes.
- la Tunisie exporte des dattes
-- les entreprises étrangères en Tunisie font entrer de la devise étrangère afin de payer leurs employés tunisiens
- etc., etc., etc.


@Mr. Ben Achour, vous écrivez: "Les autorités saoudiennes n'ont déboursé aucun dollar supplémentaire à la Tunisie. Elles n'auraient pas pris un tel risque sachant qu'elles pouvaient essuyer les foudres du Fonds monétaire international (FMI) et surtout du Club de Paris qui regroupe les créanciers privés selon la consigne : l'accord de crédit avec le FMI est un préalable à tout soutien financier à la Tunisie."
-->
"essuyer les foudres du Fonds monétaire international (FMI) et surtout du Club de Paris" --> Franchement, c'est du n'importe quoi et ça ne mérite pas d'être commenté...

Mais enfin @Mr. Ben Achour, je ne reconnais plus vos articles.

Très Cordialement
Zarzoumia
Miracle
a posté le 08-09-2023 à 11:24
Il faut dire que monsieur le président nous a prévenu, s'il le faut on mourira de faim. Mourir pour permettre à nos enfants d'avoir une vie meilleure, pourquoi pas ? Mais Mourir en compromettant l'avenir de nos enfants, c'est suicidaire et complètement absurde. Ni action politique sérieuse, ni un récit qui donne envie, rien. On va mourir pour rien, ou plutôt pour satisfaire la volonté d'un président qui fait la guerre aux moulins à vent.
Pas de réformes, pas de dynamisme pour lever les fonds nécessaires pour boucler le budget.
Le miracle ça sera le ministère de l'intérieur avec lequel KS gère tous les problèmes du pays. '?a sera la politique qu'on observe chez certains parents " pleure encore, je t'en mettrais une autre". Ce miracle va faire qu'on aura mal en silence et qu'on finira par aimer la gifle éducative.
Nephentes
Des vessies pour éclairer nos lanternes
a posté le 08-09-2023 à 10:32
Etonnantes façons de "penser" et d'agir décidément de la part de ce pseudo gouvernement.

On n'ose croire que c'est sérieux : pas de véritable système de surveillance et correction des déséquilibres macroéconomiques, et aucune stratégie de financement public a moyen et long termes.

On barbote, en espérant que le tsunami a venir tardera le plus possible.

Cela s'appelle de l'infantilisme, et c'est inconcevable en matière de gouvernance.
Belhoula
Commentaire
a posté le 08-09-2023 à 10:28
On y va tout droit vers une faillite en absence d'une feuille de route des gouvernants et surtout de Ks