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Chroniques
UGTT et Ennahdha, même combat
Par Houcine Ben Achour
04/12/2020 | 08:38
3 min
UGTT et Ennahdha, même combat

  

Faut-il qualifier d’empêcheur-de-tourner-en-rond celui qui s’interrogerait sur les raisons qui ont amené l’UGTT (Union générale des travailleurs de Tunisie) à prendre l’initiative d’organiser un « Dialogue national » pour sortir le pays des affres de la crise économique et de la faillite financière ? Après  les expériences de 2014, de Carthage I et Carthage II, en quoi cette nouvelle initiative serait-elle porteuse de réussite ? Le document publié par l’organisation syndicale appuyant l’initiative ne reflète rien d’innovant dans la démarche. Bien au contraire, elle donne la vague impression d’une volonté de noyer le poisson dans l’eau. A preuve, la mise en place d’une « Instance arbitrale d’intermédiation » chargée de conduire et d’encadrer ce dialogue. Pour ne pas résoudre un problème, il n’y a pas mieux que de créer une structure qui s’en chargerait. Les conditions régissant la composition des membres de cette instance portent déjà en elles les germes de la divergence. Plus que cela, les missions qu’elle doit accomplir sont proprement fastidieuses. Non seulement, il lui faudra conduire et encadrer ce dialogue, mais également rédiger un « draft » mettant en perspective les propositions faites par les un et les autres, les points de convergence et de divergence. Et ce n’est pas tout car, cette instance aura à élaborer un document qui énumère les sujets d’accord et le calendrier de leur réalisation. Et ce n’est pas fini puisqu’elle aura à établir aussi un rapport sur les sujets de divergence et les moyens de les dépasser et un autre qui s’apparenterait à une première version du document final qui sera à la base de l’élaboration d’un « Nouveau contrat social ». Autant dire que bien de l’eau coulera sous le pont avant que cette initiative ne connaisse un épilogue.

A supposer qu’il y en ait un, et qu’une nouvelle feuille de route est établie. Quelle est la suite à envisager ? Qui aura la charge d’exécuter une telle feuille de route ou cap de navigation ?

Le gouvernement Mechichi ? Au vu des mesures et décisions prises par ce gouvernement depuis sa prise de fonction, il en est disqualifié à moins que les augmentations de salaires dans la fonction publique appliquées depuis août dernier, l’accord d’El Kamour et plus récemment l’accord de la Steg pour éviter la grève de son personnel, ne constituent pas des dérapages de dépenses, ce qui serait un comble. Il ne serait pas étonnant d’ailleurs que ce gouvernement agrée l’initiative parlementaire d’ajout d’une disposition au projet de loi de finances pour 2021 visant à recruter 10 000 fonctionnaires supplémentaires par rapport aux 16 500 recrutements déjà prévus par le projet de loi de finances. D’autant que cette disposition s’inscrit dans le droit fil de l’application de la fameuse et inapplicable loi obligeant l’Etat à recruter les chômeurs de plus de 10 ans en inactivité. Les parlementaires ayant voté en faveur de cette loi et célébré son adoption oseront-ils se défausser aujourd’hui ?

Serait-ce alors ceux à l’origine du cauchemar que vit actuellement le pays, la Troïka conduite par Ennahdha en 2012 et 2013, mais également l’UGTT par la suite, qui auront le privilège d’inspirer la composition du gouvernement qui appliquera une telle feuille de route ? En 2013, lors des négociations avec le FMI pour l’obtention du premier crédit « Stand by », l’institution financière multilatérale avait recommandé aux autorités d’établir un audit des comptes publics et des comptes des plus grosses entreprises nationales. Ennahdha avait refusé une telle recommandation car elle risquait de dévoiler au grand jour les sordides dérapages de dépenses en recrutement à tout va et en indemnisation en tout genre des soi-disant victimes de la répression. Quant à l’UGTT, elle a refusé l’opération d’audit des entreprises nationales considérant que cela relevait de la souveraineté du pays.

Curieusement, les deux organisations en appellent aujourd’hui à ces audits. L’une espérant être exonéré de responsabilité à la faveur du temps passé et l’autre afin de retarder l’inéluctable échéance d’un démantèlement sinon une restructuration à coup de hache de certaines entreprises autrefois moteur de l’économie.

Cette initiative s’apparente à un marché de dupes. L’occasion d’en tirer profit plus que d’afficher une réelle volonté de consentir le moindre sacrifice. A ce jeu, l’alliance Ennahdha-UGTT est objective. C’est le même combat, non contre les dérapages mais dans l’intérêt propre.

Par Houcine Ben Achour
04/12/2020 | 08:38
3 min
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Commentaires
TAW TCHOUFOU
COMPLICITE VOYANTE ET CRIANTE !
a posté le 04-12-2020 à 11:52
Oui , " même combat " !
L'un fait la courte échelle à l'autre , chaque fois qu'il rencontre un mur !
Ennahdha ne vit et ne survit que parce qu'il y a des nouveaux amis qui apparaissent ou des collabos qui lui prêtent le flanc !
Voir tous les républicains francs avec des principes forts s'unir et faire front et renverser la table n'est pas pour demain !
DHEJ
La famille d'abord! Quoi la CORPORATION!
a posté le 04-12-2020 à 10:09
"'?'aurait pu être mon fils , un de mes neveux, un des fils de mes nombreux amis médecins ou non-médecins ...." dixit l'ex-professeur de Neurologie
DHEJ
Bien dit!
a posté le 04-12-2020 à 10:05
Ce n'est pas moi c'est lui!

UGTT aussi vide que le parti ENNHDHA!


" ... l'initiative ne reflète rien d'innovant..."!
jilani
Entre l'enclume et le marteau
a posté le 04-12-2020 à 09:20
Vous avez entièrement raison, le jour où la Tunisie se débarrasse de ces syndicalistes corrompus et des islamistes, nous pouvons alors envisager le développement et une nouvelle révolution. Mais ce sont ces ripoux qui détiennent le pouvoir, et en voilà une nouvelle de abir moussi qui entre dans ce tourbillon pour encore asservir pays pendant 30 ans. Le seul choix qui reste aux jeunes est de quitter ce pays de merde ou se révolter encore pour écraser cette mafia. .