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Chroniques
Qui seront exclus de la course à Carthage ?
Par Synda Tajine
13/02/2024 | 16:57
4 min
Qui seront exclus de la course à Carthage ?

 

La question était sur toutes les lèvres depuis des mois. Le président y a répondu hier via l’un de ses habituels communiqués présidentiels tardifs, publiés à l’adresse des oiseaux de nuit…ou des journalistes. « La présidentielle sera organisée aux délais déjà fixés », voilà qui est clair. Vous avez donc votre réponse, nous élirons notre président entre septembre et octobre 2024.

Mais attendez, ne jubilez pas trop vite. Beaucoup d’autres questions restent en suspens et elles ne sont pas moins importantes.

D’accord on sait qu’il y aura bien une présidentielle, mais on ne sait pas qui aura le privilège d’y participer. Quelles seront donc les règles du jeu ? Le discours présidentiel a été – comme d’habitude – rempli de messages.

 

Hier, face au président de l’instance des élections, Farouk Bouasker, Kaïs Saïed a déjà, visiblement, exclu les candidats condamnés par contumace. « Il n’est pas acceptable qu'un candidat aux élections soit condamné par contumace pour son appartenance à une organisation terroriste, et que cette condamnation ne soit pas mentionnée dans son casier judiciaire ». S’agit-il uniquement de ceux condamnés pour terrorisme ? Ou s’agit-il de tous ceux trainant des condamnations prononcées par contumace ? Il faudra attendre quelques semaines/mois pour en connaitre la réponse.

Seront également exclus tous ceux dont la campagne « est financée de manière douteuse ». Là encore, il faudra expliquer. « L'argent corrompu et ceux qui le possèdent cherchent à s'infiltrer dans les bureaux de vote. Les élections ne peuvent être honnêtes qu'en luttant contre les corrompus qui pensent toujours pouvoir influencer les électeurs par tous les moyens, notamment à travers la manipulation des esprits et la propagation des rumeurs et des mensonges par le biais de médias corrompus et payés pour influencer l'opinion publique. Car plus dangereux que la falsification des résultats est la falsification des esprits », a déclaré le président.

Qui sont les personnes visées par ces propos ? Politiques, hommes d’affaires, médias ? Là encore, il faudra expliquer.

 

Oui, nous sommes évidemment d’accord pour dire que les personnes condamnées pour crimes terroristes, corruption, intelligence avec l’étranger, etc. devraient être exclues de la présidentielle. On ne peut aussi qu’acquiescer le contrôle du financement de la campagne électorale. Il était temps que le financement étranger et douteux n’ait plus sa place dans les bureaux de vote. Ce qui dérange, en revanche, c’est que le chef de l’État a une définition très personnelle et plutôt absolue de la corruption, de la traitrise et de l’argent douteux.

Ce qui dérange aussi c’est que celui qui fixera les règles du jeu sera l’un des joueurs. N’aurait-il pas tous les pouvoirs pour se baliser la route vers la victoire ? N’a-t-il pas déjà commencé à le faire ?

Compte tenu du climat actuel, le doute est plus que permis. C’est ce doute-là qui a fait que les associations craignent aujourd’hui pour leurs activités alors qu’elles ne sont pas toutes aussi corrompues qu’on tente de nous faire croire. C’est ce même doute qui fait que les prisons tunisiennes continuent d’accueillir des opposants politiques dont certains n’ont rien fait d’autre qu’exercer leur contre-pouvoir.

 

Dans son discours d’hier, le président Saïed a essayé de diaboliser tous ceux qui, selon lui, « ont appelé à boycotter les élections précédentes » mais « se préparent en revanche préparer pour le prochain rendez-vous électoral ». Pour Saïed, afin de penser à la présidence, c'est tout le processus du 25-Juillet qu'il faut accepter. Il n'est pas acceptable pour lui de rejeter le référendum ou les locales tout en se disant intéressé par la course à Carthage.

Mais n’avait-il pas fait la même chose en 2019 ? N'avait-il pas rejeté tout le processus mis en place à l'époque, appelant à la disparition pure et simple des partis politiques ? Et aujourd'hui, n’accorde-t-il pas, lui-aussi, plus d’importance à la présidentielle qu’aux autres rendez-vous électoraux ?

Il aura fallu, en effet, attendre des mois, de spéculations, de commentaires et de flou pour que le chef de l’État se prononce enfin sur ce scrutin tant attendu et se contente tout simplement d'en confirmer la tenue. Pendant des mois, opposants politiques et commentateurs de la scène nationale n’ont cessé d’émettre des doutes quant à la tenue même de la présidentielle cette année.

 

En réalité, si la question de la tenue – ou non – d’une élection présidentielle en 2024 n’a pas cessé d’être soulevée, les doutes ont petit à petit commencé à être dissipés au fil des mois. Le plan présidentiel pour baliser la route vers Carthage prenait peu à peu forme. On aura beau ne pas y croire, les faits sont là et ils sont plutôt têtus…

 

Par Synda Tajine
13/02/2024 | 16:57
4 min
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Commentaires
CHKOBBA
la réponse est la suivante
a posté le 14-02-2024 à 11:20
kollou man zar boufarda wabidun istithnà.

Tous ceux ou celles qui ont visité Boufarda et sans exceptions.

Ausnahmslos alle, die Boufarda besucht haben.

All those who visited Boufarda and without exceptions.
Hamza Nouira
Et bien...
a posté le 14-02-2024 à 09:19
Tous ce qui m'intéresse c'est que je puisse voter pour une alternative autre que ce que nous avons en place.
J'espère juste qu'un candidat plus jeune qui ne représente pas les anciens parti ou celui actuel, puisse se présenter et apporter de l'espoir.

Mais il suffit de lire les différents articles écrits par BN sur la mentalité et le comportement des Tunisiens, dans la rue, les cinémas, etc pour se rendre compte qu'un peuple qui n'est pas capable d'être autonome et responsable aura du mal a choisir intelligemment.

Le travail à faire est énorme. Bonne chance a celui qui arrivera à changer ceci.