Quand le président part en visite quelque part à l’intérieur du pays, on lui prépare une population ad-hoc pour lancer des vivats et des messages prédéfinis qui serviront au bulletin de 20-Heures de la télévision publique. La population en question est triée sur le volet parmi les membres du parti présidentiel (le PSD puis le RCD). Aucun quidam ne figurant pas sur la liste préétablie n’a la possibilité de s’approcher du président de la République. La ceinture sécuritaire empêchait même les moustiques de voler autour du chef de l’État. Ce public n’est pas forcément un autochtone des lieux, il est possible de le ramener par bus des quatre coins du territoire. Par exemple, si le président va à Kasserine, et que le bureau local du parti n’a pas suffisamment de personnes sur les lieux pouvant jouer les figurants, on ramène des Kasserinois acquis à la cause habitant à Tunis, à Sfax ou à Sousse. On fait très attention aux détails pour que les figurants de Kasserine ne soient pas les mêmes que ceux de Siliana.
Dès lors, quand on regardait le reportage télévisé, forcément propagandiste, on entendait que des vivats et de belles paroles destinées à convaincre le reste du pays, voire le reste du monde, que le président de la République est fortement aimé par son peuple.
Faute de sondages scientifiques établis par des instituts indépendants et crédibles, ces reportages étaient le seul et unique baromètre pour mesurer la popularité du chef de l’État. Ça marchait tellement bien que le président de la République, lui-même, finissait par croire à la pièce de théâtre et par confondre fiction et réalité. Il finissait par croire que les figurants lançant des vivats autour de lui étaient d’honnêtes citoyens désintéressés passant par là par hasard. Il a fallu attendre le 7 novembre 1987 pour que Bourguiba s’aperçoive que sa popularité n’existait que dans les médias publics propagandistes et le 14 janvier 2011 pour que Ben Ali s’aperçoive qu’il était haï par son peuple. S’ils n’avaient pas bâillonné les médias et interdit les sondages, ils auraient su bien avant qu’ils étaient manipulés par leurs services leur faisant croire à une popularité fabriquée de toutes pièces pour assurer un spectacle de rue et un reportage télévisé. Mais ça c’était avant.
À vrai dire, il y avait régulièrement du spectacle en ces années-là. Outre ceux des visites de terrain, le peuple tunisien avait droit régulièrement à des simulacres d’élections, aussi bien sous Ben Ali que sous Bourguiba. Ces élections avaient pour mérite de bien amuser le peuple.
Ainsi, pour les législatives de 1964, 1969, 1974 et 1979, le PSD gagnait avec 100% pour un taux de participation dépassant souvent les 99%. Le PSD était le seul dans la course et, forcément, il se classait premier. Comme la pièce de théâtre ne faisait plus rire grand monde, Bourguiba introduisit le multipartisme en 1981. Il a pris soin au préalable de jeter quelques opposants en prison et de bâillonner quelques autres en leur collant des procès à l’emporte-pièce. Ainsi, pour cette année 1981, il y eut quatre partis participant à la course des législatives (PSD, MDS, MUP et Poct) et, surprise, le PSD est arrivé premier avec 94,2% des voix pour un taux de participation de 84,9%. Ceux qui ont assisté à ces législatives témoignent : « un bulletin vert a été inséré dans l’urne, mais il sortait rouge dans le décompte ». Le vert étant la couleur du MDS et le rouge celui du PSD, parti de Bourguiba.
Comme on ne change pas une politique qui gagne, Ben Ali a continué avec les mêmes méthodes que son prédécesseur.
En 1989, son parti (devenu RCD) a gagné avec 80,6% des voix. En 1994, en dépit de la dislocation de l’URSS, la victoire était encore plus écrasante avec 97,7% des voix. En 1999, le score était de 81,32%, puis de 87% en 2004 et de 85% en 2009.
Ces scores étaient à l’époque certifiés par le ministre de l’Intérieur, nommé par le président de la République. En somme, le pouvoir était juge et partie.
Bien entendu, avant chaque élection, le président multipliait les visites de terrain, les bains de foule et se réjouissait des vivats. La presse faisait son éloge du matin au soir et certifiait de sa popularité toujours au zénith. Une certaine presse injuriait l’opposition et l’accablait d’accusations infâmantes et les prisons avaient leur lot de personnalités politiques. Mais ça, c’était avant.
Pour qu’une élection soit au-dessus de tout soupçon, il y a une des règles auxquelles on ne peut déroger.
La première d’entre-elles est que l’instance chargée des élections soit totalement indépendante du pouvoir en place. Le président de cette instance se doit d’être intègre, au-dessus de la mêlée et imperméable aux attaques des opposants et aux critiques des médias.
Il faut qu’il y ait une presse indépendante qui n’a pas peur d’être poursuivie en justice par l’instance, par le pouvoir ou par l’opposition, et qui relate aux citoyens les choses comme elles sont et donne la parole, équitablement, à tous les candidats. Idem pour les citoyens qui débattraient des élections dans un café ou autre.
Il faut que les représentants des partis, de tous les partis, soient présents au dépouillement des urnes et certifient, eux-mêmes, de l’authenticité des chiffres donnés par l’instance des élections.
Il faut enfin qu’il y ait des observateurs indépendants représentant des ONG et des organismes de renom tunisiens et étrangers.
Et puis, naturellement, le pouvoir en place se doit de rester discret durant la période électorale et ne pas user de sa position pour influencer les élections. Aucune visite de terrain n’est autorisée, aucun bain de foule et encore moins des déclarations à la presse le jour des élections.
Ces conditions basiques pour la réussite d’une élection n’ont jamais été réunies sous Bourguiba et Ben Ali d’où la mise en doute et les accusations de fraude après leur chute. Mais ça, c’était avant.
Soyez, en plus d'être un humble mathématicien (ceci n'est pas une réclame) intelligent et honnête, soyez un peu critique. Juste un petit peu. Par rapport au foin dont vous vous servez comme informations, données et idées. Car si celles-ci sont erronées, toutes les conclusions qui s'en suivent le seront également.
Tout observateur qui se respecte affirmera que 12% est de toute évidence un résultat gonflé. Vu l'insignifiance de ces élections pour les tunisiens, ceux-ci s'en foutent pas mal. Mais pour les présidentielles ça sera une autre histoire. Aussi, veuillez faire la distinction entre personnage du président et adhésion à son projet. Ainsi qu'à la date du sondage cité par vos soins (vieux de plus de 6 mois) omettant par le passage et en toute honnêteté de mentionner que 34% des sondés ne voulaient pas s'exprimer.
RDV les élections présidentielles prochaines, si celles-ci auront lieu et seront libres bien évidemment, ce que toute personne avec un minimum de bon sens et d'intelligence en doutera.
Que les bons Dieux nous préservent des sophistes, des bêtises et du danger qui nous guette !
Belle journée
PS: Je suis intelligent et je vois tout de suite la "Bhema" de mes compatriotes.
Régionalisme tunisien imbattable!
Décidément, aujourd'hui encore, ce trait de caractère arabique quasi génétique qu'Ibn Khaldoun désignait par "Asabiyya" reste toujours la norme.
Ces liens de cohésion entre individus, essentiellement régis par l'appartenance à un cercle restreint qu'est la famille, commune, région, etc., empêchent tout avènement d'un vrai contrat au sens social du terme.
Je me demandais toujours comment une économie d'un pays peut elle se baser sur des groupes familiaux avec une telle opacité et sur des alliances de sang comme celles que se sont adonnées les familles de nos dictateurs ! Ceci explique cela.
Nos élites, à la place d'éclairer et de donner l'exemple, s'en donnent à coeur joie, à cet exercice décadent..
Visiblement, dans ce petit monde qu'est la Tunisie, ceci est notre manière d'être.
Ya khsaretna !
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on peut lire: "Selon le dernier sondage d'Emrhod Consulting, commandé par Business News TN et la chaîne Carthage Plus, et diffusé ce mercredi 16 juin 2023, le président de la République, Kaïs Saïed passerait dès le premier tour d'une élection présidentielle avec 68,7% des intentions de vote." Fin de la citation
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@Mr. Bahloul: c'est un sondage "commandé par Business News TN" --> vous ne pouvez pas ainsi faire une interpolation implicite sur KS. En effet, le sondage du 14/06/2023 est votre Sondage, Mr. Bahloul, et vous affirmez d'après votre sondage que : "le président de la République, Kaïs Saïed passerait dès le premier tour d'une élection présidentielle avec 68,7% des intentions de vote.""
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donc la popularité de Mr. Kais Said est un fait et ceci d'après votre propre sondage, Mr. Bahloul.
Le lien de l'Article sur Business News TN:
www.businessnews.com.tn/sondage-emrhod-
kais-saied-remporterait-la-presidentielle-
haut-la-main,520,129899,3
Bonne Soirée
PS: Je suis mathématicien et je vois tout de suite les contradictions et les dilemmes.
Et votre alarme anti-contradictions ne s'est jamais déclenchée après un discours de Saïed? Son charabia vous semble logique? Vous êtes soit aveuglé par votre régionalisme comme l'a signalé @Chkoba, ou bien vous espérez une carotte de la part de oueld bladik. On n'a pas oublié votre lobbying sous de faux pseudos auprès de Boudin pour avoir un poste de Ministre ou de secrétaire d'état. Il va bien sinon votre étudiant de Munich? Ne prenez pas les gens pour des imbéciles en recourant aux mathématiques svp.
Juste par curiosité intellectuelle, est-ce qu'on peut avoir les titres de quelques articles que vous avez publiés, comme ça on pourra se faire une meilleure idée de votre intellect et on commencera à vous lire et à vous prendre au sérieux.
Mathématiques et propagande ne font pas bon ménage.
c'est un sondage "commandé par Business News TN" --> vous ne pouvez pas ainsi faire une interpolation implicite du temps de la dictature sur KS.
ça change de certain commentaires débiles
Personne ne peut vous le reprocher.
Mettre de l'eau dans son vin, avant que les choses se corsent, et ça sentirait le vinaigre !
Que la sagesse l'emporte, rien ne vaut l'apaisement,et distinguer l'ivraie du bon grain.
Cordialement à vous.
Mettre de l'eau dans son vin, avnt que les choses se corsent, et ça sentirait le vinaigre !
Que la sagesse l'emporte, rien ne vaut l'apaisement,et distinguer l'ivraie du bon grain.
Cordialement à vous.
Je vous jure que vos photos en noir et blanc, n'ont d'effet sur la lecture hâtive, que celui des annonces de décès. L'intérêt d'un émigré pour les annonces des décès en Tunisie, n'est pas grand, vu qu'on ne connaît plus personne au Bled. Même pas parmi les membres de sa grande famille.
Il m'arrive de ne remarquer une Chronique de Nizar Bahloul ou autres, qu'après des jours et des jours. Une réponse ou une intervention dans ce cas, seraient d'une débilité inouïe.
C'est pour cela que je viens vous prier le plus amicalement possible, de bien vouloir changer les photos de vos Chroniqueurs, en couleur et peut-être, même par un encadrement attirant, qui nous annonce une nouvelle chronique, afin qu'on la lise et qu'on y jouisse de sa thèse. Le noir et blanc n'attire plus le cerveau humain en ces temps, où tous les espaces sont devenus en couleur attirante, même dans les airs et sur les têtes.
Merci pour votre compréhension, mais c'est à vous d'en décider.
Bonne journée.
Pour celles de Bourguiba, étaient les premières, et on ne savait même pas comment voter !
Déduction faite on a appris correctement la leçon dans le sens qui nous a été inculqué ! la seule d'ailleurs qui pourrait dissuader toute intrus à perturber le courant de ce fleuve tranquille.
Une orientation étudiée à la perfection ne pas déranger pour mieux se concentrer sur les méthodes et les plans du maitre d'oeuvres (Bourguiba) au travail et à la construction de l'édifice, fraîchement acquis par des sacrifices de nombreux concitoyens qui ont donné de leur vie.
Chaque chose en son temps !
Quant à ben Ali, un opportuniste un vil calculateur qui a sombré sous le charme de sa bien-aimée !
KAIS SAÏED ,qu'il s'étoffe des deux exemples pres-cités,ne pas céder aux sirènes trompeuses, être au-dessus de la mêlée à des oreilles attentives et yeux bien grands ouverts, pour marquer d'une pierre blanche son accession à la magistrature suprême de ce petit pays par la superficie et bien connu à travers des millénaires.
C'était Avant en attendant l'Après !
Bonne journée à vous, monsieur Nizar.
je crois que beaucoup de lecteurs n'ont pas compris le message de ton écrit.
"Il faut que les représentants des partis, de tous les partis, soient présents au dépouillement des urnes et certifient, eux-mêmes, de l'authenticité des chiffres donnés par l'instance des élections." (sic)
--> Mais vous avez oublié de dire que même en Europe, non pas l'électeur qui décide de l'élection, mais seulement celui qui compte les bulletins de vote: Chez nous c´est notre Ministre de l'Intérieur et notre ISIE !
Et quiconque croit que le PSD/RDC ne gouverne plus le pays depuis le 14 janvier 2011 doit être aveugle et n'a probablement plus que deux neurones rouillés !
Ils ont sucé les gens jusqu'à la dernière goutte de sang et continuent de le faire à travers Sachafouna..
C'est pourquoi il devrait suivre leur (RCD) programme et ne jamais fonder une cour constitutionnelle ni son propre parti politique: Tout simplement une marionnette ..
Allah Lè Yar7èm Lèhoum Wèldin!
* coopératives de Ben Salah, check.
* des élections mascarades, check.
* des visites inopinées et des bouteilles d'huile toutes propres, check.
* 9oul houa Kaisollah a7ad, oumakifou 7ad, check.
* multiplication des bnedrias au pays check (je me demande d'ailleurs qu'est-ce qu'on attend pour remettre la soulamya matinale à la radio).
ks est un homme du troisième âge qui est resté bloqué à l'adolescence, donc dans les sixties. Sa politique, ses projets et ses références (le lait en poudre par exemple) remontent tous à cette époque.
Ya Sayed lasyed, ya Kaisi, Saied el ghali. Punaise, ce refrain ne marche qu'avec le prénom Habib. Il faudra trouver autre chose kaissoun, vous ne serez jamais un Bourguiba.
Refuser la hausse du pric du lait de quelques centimes pour finir par conduire à la destruction de 30% de la filière et l'importation de lait en poudre..en Tunisie!!! on a fait 40 ans en arrières en 2 ans! il faudra encore 40 ans pour réparer!
un exemple parmi 10000.
Mais continuer à écouter ceux qui ne sont responsable de rien et blame tout sur les autres meme s ils ont un pouvoir absolu.
Je ne pensais pas le Tunisien si naïf et bête.
On ne peux pas être démocrate avec un niveau si bas basé sur le régionalisme, l'émotion, le court termisme, etc.
La Tunisie a détruit en 2 ans le peu qui lui restait: sa crédibilité et sa bonne image.