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Chroniques
Le politique continue à bouffer l’économique
Par Marouen Achouri
22/11/2023 | 15:59
5 min
Le politique continue à bouffer l’économique

 

Les experts et surtout les acteurs de l’économie nationale auront beau le dénoncer sous toutes les formes, la chose économique en Tunisie reste largement négligée en comparaison avec le fait politique. Aussi alarmants soient-ils, les indicateurs de l’économie nationale ne sont pas pris au sérieux et ce dossier peine à trouver son chemin en tête de la pile posée sur les bureaux des responsables. Le premier d’entre eux, le président de la République Kaïs Saïed, traite l’économie avec tout le populisme du monde et réduit des problèmes structurels complexes à un ensemble d’idées reçues partagées dans les cafés populaires et les pages Facebook.

 

Le chef de l’État, Kaïs Saïed, a récemment reçu le président de l’Utica, Samir Majoul pour tenter de rassurer le monde des affaires quant aux récentes arrestations. Il a assuré que l’État ne s’attaquerait pas aux hommes d’affaires qui respectent la loi. Il a également appelé les adhérents de la moribonde Utica à soutenir les efforts de l’État. Il veut aussi que les institutions financières veillent à soutenir une économie nationale basée sur la création d’une vraie richesse nationale dont tout le monde pourra bénéficier. Les chefs d’entreprise sont également priés de baisser leurs prix. En fait, ce que demande le président de la République au monde des affaires et aux chefs d’entreprise démontre à lui seul l’ignorance de l’exécutif de la chose économique et de son fonctionnement. Le fait d’exprimer ces souhaits ou revendications devant Samir Majoul, dont le mandat a expiré depuis des mois ne fait qu’ajouter à la confusion.

L’État tunisien considère que le tissu économique en Tunisie est composé de corrompus ultra-riches qui doivent gagner leur droit de vivre parmi nous en payant le prix fort. En Tunisie, c’est aux hommes d’affaires de prouver leur innocence, et non à leurs accusateurs de prouver leur culpabilité. Pour Kaïs Saïed, l’économie tunisienne est une gigantesque tirelire dans laquelle il peut se servir, même s’il doit forcer les riches à payer, d’une manière ou d’une autre. Par exemple, il ne lui viendrait pas à l’esprit de considérer que les prix pratiqués par une grande majorité d’entreprises en Tunisie sont étudiés au centime près pour assurer la compétitivité du produit et pour lui permettre d’accéder, quand c’est possible, aux marchés extérieurs. Il appelle à soutenir les efforts de l’État en ignorant totalement la somme colossale d’impôts et de taxes que payent déjà les entreprises pour financer le train de vie indécent de l’État. A tout cela s’ajoute la fameuse commission de conciliation pénale, censée ramener quelques 13,5 milliards de dinars au profit de l’État. Il n’en fut, évidemment, rien.

Même en ce qui concerne les filières agricoles, l’exécutif fait la sourde oreille condamnant par la même des dizaines de milliers d’emplois et privant les citoyens de produits de base. Par exemple, à la problématique tout à fait logique de l’augmentation du prix de l’huile d’olive vu la faiblesse de la production mondiale, le président de la République préférera opposer le mythe du monopole et de la spéculation. Quand la production de lait devient une activité à perte puisque l’État fixe le prix de vente, avec tout ce que cela implique au niveau de la perte du troupeau, on préférera évoquer la blague de la vache qui fait du yaourt et celle qui produit du lait. Face au manque de farine qui impacte la production de pain, essentiellement parce que l’État ne paye pas la compensation, on invoquera des parties obscures qui chercheraient à affamer le peuple pour mettre en péril la paix civile.

 

Du côté du gouvernement, c’est une loi de finances incohérente qui a été présentée pour l’année 2024. Le ministère des Finances n’a pas jugé utile de justifier l’endettement extérieur record prévu pour l’année 2024 et n’a pas donné la source de près de dix milliards de dinars sur les 16,4 milliards prévus. Personne ne semble s’émouvoir du fait que le budget de l’État pour 2024 augmentera de près de 9% en comparaison avec 2023 pour atteindre un peu plus de 77 milliards de dinars. Qui va financer tout cela sinon les entreprises tunisiennes et les banques, soit en prêtant soit en payant leurs impôts, qui vont augmenter cette année aussi. Les élus, devant qui ce projet a été soumis, ne s’émeuvent pas non plus de ces aberrations et attendant avec impatience la reprise de la bataille politique autour de la loi de criminalisation de la normalisation. Les discussions autour de la loi de finances et du budget de l’État sont une simple parenthèse, un détail à expédier au plus vite si l’on admet, d’abord, que les élus ont les compétences nécessaires pour déchiffrer ces projets de loi. Il est permis d’en douter quand on sait que la loi de finances rectificative de 2023 a été votée en une seule journée.

 

L’exécutif tunisien réussit la performance de parler de création de richesse, d’emploi et de pouvoir d’achat sans pour autant s’encombrer de donner à l’économie sa place en tête de ses préoccupations. On déteste les hommes d’affaires et les chefs d’entreprise et on avoue, à demi-mot, le fait que le pays a besoin d’eux. On envie la richesse et on la traque, sous divers prétextes, tout en prétendant vouloir la généraliser et permettre à chacun de le devenir à son tour. Il était clair, dès le départ, que la chose économique est complétement étrangère à ce régime quand le décret instituant les sociétés communautaires a été promulgué. C’était une tentative pour trouver un autre modèle d’entreprise dans l’utopie la plus absolue et dans l’idéalisme le plus béat. Cette expérience est un énième échec. L’économie est une chose bien trop importante pour la laisser aux seules mains des politiciens.

Par Marouen Achouri
22/11/2023 | 15:59
5 min
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Commentaires
SAHLI
Au monde des affaires tunisien
a posté le 24-11-2023 à 21:32
*** Samir Majoul du RCD et Tabbal de l'UGTT doivent être degagés, car ils n'ont jamais travaillé pour vous ou pour la Tunisie!
BOUSS KHOUK
NON YA MAALIM ! IL FALLAIT ECRIRE
a posté le 22-11-2023 à 21:04
LES POLITICIENS (( d'en dessous LIGHRAM )) ONT BOUFFES l'économie du pays ; c'était largement suffisant , car les tunisiens le savent mieux que quiconque et n'ont certainement pas besoin d'articles CHMILBICKien .. == désolé pour CE CASSAGE , car de ces articles on a de quoi remplir des sacs poubelles !!!! ASSEZ DE PRENDRE LES TUNISIENS POUR DES BOUHALIS , leurs réponses n'en fera dans peu de temps qu'une bouchee des TDC .
BOUSSA LIL OUSTEDH
Ah OUI ! CHBIH ELLOUZ MNERVIZuha
a posté le à 12:28
Je te confirme l'amour que j'ai pour toi , j'ai eu des frissons en te lisant , tu dois être d'une odeur semblable à la chose , bisous tresor .
Ah oui
@Bouss analphabètek
a posté le à 08:30
"LES POLITICIENS (( d'en dessous LIGHRAM )) ONT BOUFFES l'économie du pays"... Alors votre reférence là, c'est le budget étatique et présidentiel à partir de 25/07/2021, car à partir de cette date il a presque doublé !
Heureusement pour vous, on a toujours de la peine à décrypter vos "commentaires" qui ne démontrent que votre ignorance totale, à tout niveau. Vous êtes sans doute un élève modèle de votre maître KS ! :-D
Mourad
Excellente analyse
a posté le 22-11-2023 à 20:12
Excellente analyse d'une situation qui tourne au ridicule. Depuis 2011 si ce pays tient encore c'est grâce au secteur privé. L'Etat par sa mauvaise gestion ne cumule quant à lui que les pertes et inutile d'en rajouter...