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Chroniques
Fêter la République sans citoyens !
Par Marouen Achouri
26/07/2023 | 16:59
5 min
Fêter la République sans citoyens !

 

La Tunisie a vu passer, le 25 juillet 2023, la fête de la République. Comme il n’y a eu aucune célébration de n’importe quel type, il vaut mieux ne pas recourir au lexique de la fête. Certes, c’était folklorique et probablement largement dépassé en 2023, mais la Tunisie célébrait cette fête en mobilisant les municipalités qui accrochaient des drapeaux un peu partout et qui repeignaient les trottoirs. L’État marquait quand même le coup. Aujourd’hui, il n’en est plus rien.

Nous aurions espéré que l’État célèbre encore ce genre de fêtes nationales ne serait-ce que pour voir nos rues et notre centre-ville un peu plus propres que ce qu’il en est aujourd’hui. Nous aurions également espéré être traités en citoyens de la République tunisienne en mettant, justement, cette République en avant et non pas la personne de son Président actuel qui, dans sa grande magnanimité, est allé faire un tour pour s’enquérir de l’état de la populace. Nous aurions espéré être traités en citoyens de la République en étant associés au destin de notre nation et non pas en tant que sujets d’un État qui nous nargue et nous exclue.

 

En ce jour de commémoration de la République, le chef de l’État n’a même pas daigné s’adresser à la nation. L’alternative, préférée dans les nations développées, est celle d’une interview durant laquelle le bilan de l’année est soigneusement égrené en comparaison avec ce qui avait été annoncé par l’exécutif. C’est aussi une occasion pour se projeter, pour comprendre ce que le pouvoir prévoit, quels sont ses plans et comment il compte rassurer sur ce qui va se passer. A défaut d’interview, puisque notre Président est plus versé dans le monologue, il aurait fallu qu’il prononce un discours pour dresser l’état de la nation et de la République en son 66e anniversaire. Un discours pour nous expliquer comment l’État compte faire pour juguler les différentes crises auxquelles nous faisons face, comment l’État compte assurer notre approvisionnement en denrées de base et en énergie, comment l’État compte boucler son budget au vu des chiffres catastrophiques, qu’avons-nous signé au juste avec les Européens, quelle est notre politique migratoire, qu’en est-il des différents complots et tentatives d’assassinat, où en sommes-nous avec le FMI, et des milliers d’autres questions. Mais même cela, nous n’y avons pas eu droit. Par conséquent, nous ne sommes plus des citoyens et nous ne sommes plus traités comme tels, depuis un bon moment déjà. Alors, comment voulez-vous fêter la République quand il n’y a plus de citoyens !

 

Pour ne pas généraliser, il reste quand même quelques poches de résistance composées de personnes qui réclament, encore et toujours, leur droit de vivre dignement dans un État qui les respecte et les traite comme des citoyens. La République qu’ils souhaitent célébrer est en train de s’occuper d’eux à coups de complots contre la sûreté de l’État et de décret 54. Pourtant, le président de cette République n’a pas ménagé ses efforts pour les insulter et pour les vilipender à chaque fois que l’occasion s’est présentée. D’ailleurs, il aurait pu profiter d’un discours qu’il aurait prononcé hier pour s’en prendre à cette partie de Tunisiens qui n’est pas d’accord avec lui, ça n’aurait pas été la première fois. Mais nous en avons été privés.

Autre déception, celle des soutiens du président de la République. Ils auraient quand même pu faire un effort et marquer le coup en rendant hommage à leur leader récemment décrit par un chroniqueur comme un « cadeau du ciel non seulement pour les Tunisiens mais pour l’humanité entière ». Ils auraient pu exhiber les photos gigantesques de Kaïs Saïed et brandir des pancartes faisant l’éloge de son pouvoir. Ils auraient pu nous rappeler à quel point son geste était salvateur le 25 juillet 2021 quand il a décidé de placer un tank de l’armée devant le siège du parlement. Mais outre la chaleur écrasante qui les a probablement empêchés de se réunir, il faut dire que le bilan à défendre est bien trop faible. Les laudateurs du Président auraient été la risée de l’opinion publique à l’heure où même notre approvisionnement en eau potable et en électricité n’est plus assuré. Ils auraient été l’objet de moqueries dans les files d’attente pour acheter du pain et autres produits de base. Il faut dire aussi que le populisme de base, qui perdure encore en Tunisie, manque d’arguments devant les faits objectifs. En plus, la ficelle des différents complots ourdis on ne sait où par on ne sait qui pour expliquer les pénuries et la détérioration de la qualité de vie des Tunisiens est désormais usée.

 

Ceux qui estiment encore être des citoyens en Tunisie ont vu leur droit légitime d’avoir au moins un compte-rendu de la plus haute autorité du pays, bafoué. Ceux que le passage à la trappe de la fête de la République attriste sont obligés de se contenter de ce que le pouvoir veut bien leur dire. En revanche, ceux qui croient encore qu’un seul homme peut avoir toutes les solutions et qui estiment que la Tunisie est sur le bon chemin n’en ont cure de la fête de la République puisque leur vénération va vers un seul homme. Le 25-juillet est pour eux le souvenir d’une soirée d’été en 2021 où le président a décidé de mettre un terme à un cheminement démocratique chaotique. La République et ce qu’elle peut porter comme valeurs ne font pas partie de leurs préoccupations. C’est pourquoi ils ne peuvent qu’applaudir de tels agissements.

Par Marouen Achouri
26/07/2023 | 16:59
5 min
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Commentaires
Juan
République = démocratie
a posté le 28-07-2023 à 15:41
République = démocratie
une dictature ne saurait s'appeler république. c'est mème une insulte à la démocratie ...
certaines démocraties ne s'appellent pas république, par pudeur:
Ex: Japon, Suisse ..
et des dictatures qui en rajoutent:
Ex: république a.... démocratique et populaire .... haha
la Jamahirya L ... socialiste, démocratique, la géante ... pwahaha ...
STOP. basta !!
takilas
Avec une poignée de traîtres devant le théâtre
a posté le 27-07-2023 à 12:14
Ceux qui ne se sont pas rassasiés avec les milliers de milliards qu'ils ont dérobé au peuple tunisien et ce depuis 2011 ; et veulent poursuivre leurs arnaques.
Juan
un nostalgque de la dictature
a posté le à 15:43
tu as tout perdu avec la chute de Ali Baba et ses VRAIS 40 voleurs et une voleuse ...
rejoint le nouveau despote pour te refaire.
Fares
Hommage à Sinéad O'Connor
a posté le 27-07-2023 à 10:53
La vie est trop courte pour la passer dans des querelles insignifiantes. Une très belle voix nous a quitté après un combat avec sa propre santé mentale et celle de son fils qui s'est suicidé l'année dernière. Sa chanson "Nothing compares to you" a bercé nos plus beaux jours


It's been seven hours and fifteen days
Since you took your love away
I go out every night and sleep all day
Since you took your love away

Since you've been gone I can do whatever I want
I can see whomever I choose
I can eat my dinner in a fancy restaurant
But nothing
I said nothing can take away these blues

'Cause nothing compares
Nothing compares to you

It's been so lonely without you here
Like a bird without a song
Nothing can stop these lonely tears from falling
Tell me, baby, where did I go wrong

I could put my arms around every boy I see
But they'd only remind me of you
I went to the doctor and guess what he told me?
Guess what he told me?
He said, "Girl, you better try to have fun no matter what you do,"
But he's a fool

'Cause nothing compares
Nothing compares to you

All the flowers that you planted, mama, in the back yard
All died when you went away
I know that living with you, baby, was sometimes hard
But I'm willing to give it another try.

Une triste nouvelle et triste journée.
Alya
Oui pour la campagne de proprete
a posté le 26-07-2023 à 22:03
Non par contre pour les folklore . Les tabac mezouiedetc... Benali nous a bassine avec . ? Bon la l heure est à l'austérité.
Zarzoumia
La guerre contre l'histoire
a posté le 26-07-2023 à 21:43
La guerre des références, des symboles, des dates et la guerre contre l'histoire nationale continuent. L'attitude présidentielle est dans la même lignée que celle d'Ennahdha. En bon révolutionnaire, il a envie d'un thermidor lui aussi. Il a envie d'un nouveau calendrier pour cette "nouvelle " république. Et pour ce faire, il faut effacer les dates et leurs portées symboliques des mémoires. On observe la même tiédeur pour la fête de l'indépendance qu'il a oublié de fêter également. Cela présage la nature de la "nouvelle " république qu'il veut installer, et donne une idée sur son approche de la notion de citoyen. Ennahdha a annoncé d'emblée le 6ème califat, KS attend le moment propice pour annoncer la vraie nature de la "nouvelle " république. On peut distinguer facilement les contours de cette nouvelle république qui se met en place. Elle est bicéphale, un hémisphère pour Lénine et un autre pour Naoufel Saied. Cette dualité est flagrante. Les sécuritaires et l'état profond ne sont que les étages propulseurs d'une fusée qui les larguera une fois la vitesse de croisière est atteinte. KS est en phase de réussir ce que Ghannouchi n'a pu atteindre ( eljaych et el amn mouch mathmoun), pour réaliser la bousculade sociale ( attadafou3 al ijtima3i). C'est le sens que je donne à " il n'y aura pas de retour en arrière ". Le président se garde de dire vers où on va, il se contente de dire que le projet est lancé.
Pour le récit national et l'unification des tunisiens autour de ses dates clés et les valeurs qu'elles véhiculent, on peut toujours rêver.
Juan
islamophobe débordante
a posté le à 15:46
le peuple est attaché à sa religion.
GROW UP !!
Naim
Tu es là.
a posté le 26-07-2023 à 20:25
'?a suffit largement.
EL OUAFI
Jamais content monsieur Achouri !
a posté le 26-07-2023 à 19:16
Kais Saïed vous a laissé l'avenue Habib Bourguiba, à vos copains, le comité du salut national, vous avez de la place, pour vous défouler !
En ces temps moroses,les incendies par tout nos montagnes brûlent, allez voir, si ce n'est pas prémédité, et criminel ?
Quant à vous la ligne est tracée, la même rengaine ! On n'a plus le goût de commenter, ni vous lire, c'est lassant !
Salut.
Lili khaled
Sur ma fin
a posté le 26-07-2023 à 18:33
J'ai trouvé l'article intéressant mais incomplet : intéressant car l'auteur a fait le tour de tout ce que le peuple tunisien endure ces dernières années. Incomplet car l'auteur a occulté les efforts faits par les militants du PDL et à leur tête Abir Moussi, peut-être par inadvertance ou exprès car cette tranche des tunisiens n'est pas du goût de l'auteur, et peut-être par peur qu'on lui reproche cela de la part de la rédaction, dans les deux cas, je trouve que le courage et l'honnêteté intellectuelle ont fait défaut dans cette analyse.
Gg
La situation est réellement catastrophique
a posté le 26-07-2023 à 17:38
Lorsque j'ai connu ma femme début 2011, ma belle famille était pauvre, mais arrivait à vivre.
Grand mère faisait des galettes d'un pain à base d'une farine jaune dont j'ignore de quelles graines elle provient, délicieuses. Même un peu racies, coupées en deux on frottait une belle tomate dessus, un filet d'huile d'olive, c'était un repas délicieux, et la base de leur alimentation.
Aujourd'hui elle ne trouve plus de farine, ni d'huile.
Ils ont un abricotier, avec les fruits ils faisaient de la confiture, qu'ils vendaient au souk.
On ne trouve plus de sucre.
A côté de la maisonnette de mes beaux parents, un oncle vit avec sa femme et ses deux filles.
Un vrai homme, courageux, qui a toujours travaillé dans un café.
Aujourd'hui il est gravement malade. Avant de le soigner, le médecin veut un scanner. Logique, mais 580D.
Lui gagne 180D par mois. Sa grande fille de 24 ans, qui a le bac et parle couramment l'arabe, l'anglais et le français, a trouvé un job dans une boutique de téléphones, elle gagne 150D par mois.
Et la plus jeune, 20 ans, fait des petits trucs au noir, pour 50 à 100D chaque mois.
Alors comment font ils pour se soigner, puisque la CNAM à laquelle ils sont affiliés ne leur paye même pas l'examen préalable à tout soin?
Leur seule aide leur vient de France, ou vit ma femme.
Comment font ceux qui n'ont personne à l'étranger?

On ne parle pas là d'opinions, de grandes idées, de droits de l'homme, de politique, on parle de survivre.
Et la chute n'a pas commencé il y a 2 ans, mais 12 ans.
Non, il n'y a rien à fêter, vraiment.
Juan
ton mariage islamiste, je présume
a posté le à 15:50
les problèmes existent depuis 56, et mème 1881 ... pas 2011.
c'est le peuple qui a fait la révolution, pas la religion, pas nahdha !!
Citoyen_H
ON PEUT AUSSI VOIR CELA, SOUS UN AUTRE ANGLE
a posté le 26-07-2023 à 17:25
Fêter la république, sans se colporter les pillards, les traitres et les
charognards !!!

AZUR
Quelle république?
a posté le 26-07-2023 à 16:53
Quelle république le peuple va fêter?!
La république qui l'a:
mal éduqué
mal enseigné
mal soigné
appauvri
ségrégué sa région
sucé son sang par les impôts et taxes contre des services médiocres ou inexistants
protégé les voleurs et les bandit de toutes sortes
en fin rien à fou...t de votre république
Hamma
Si toi tu y es....
a posté le 26-07-2023 à 16:37
Tu nous représentera nous comptons sur toi