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Chroniques
Success stories à la chaîne
28/03/2017 | 15:59
3 min

 

La Tunisie regorge de success stories. D’histoires de jeunes (et de moins jeunes) entrepreneurs, créateurs, artistes, chefs d’entreprises…qui ont réussi. Fruits de l’école publique tunisienne, de grandes écoles internationales prestigieuses ou autodidactes qui n’ont jamais rejoint les bancs de l’université, ils se sont faits un nom dans leur domaine d’activité. Ils sont reconnus, respectés et même adulés dans une société qui ne prête pas grande importance aux talents et n’honore pas la réussite.

 

Ces réussites, loin d’être aussi rares qu’on le pense, sont pourtant noyées dans un océan de médiocrité. On s’évertue, toujours, à trouver la manière la plus ingénue de poser des entraves aux gens qui veulent réussir et à minimiser les succès de ceux qui y sont parvenus. De la concurrence déloyale pour étouffer les petites startups, aux interminables chaînes administratives auxquelles font face les jeunes entrepreneurs. Ajouter  à cela l’omerta qui règne sur certains succès, pourtant fulgurants. On n'en parle pas, ou peu, minimisant des réalisations qui pourraient, pourtant, booster des générations entières.

 

Ces gens-là ne sont pas l’élite inspirante qui guide des générations et les pousse à atteindre le meilleur d’eux-mêmes, ce sont au contraire des réussites dont on parle peu et qu’on n’applaudit pas. Ils ne sont pas accueillis en grande pompe à leur arrivée à l’aéroport, font rarement les couvertures des magazines et ne sont pas invités sur les plateaux TV. Ils cèdent cette place, si durement acquise, aux autres « élites », populaires et médiatisées. A des hommes politiques qui se chamaillent, par posts  Facebook ou micro interposés, pour savoir qui retient le chien de qui, et qui prononcera l’insulte la plus virulente. A des députés qui font leur cirque face caméra et continuent leurs siestes une fois les projecteurs éteints, à des « artistes » populaires qui nous font davantage basculer dans la médiocrité et le mauvais goût et qu’on invite à tout bout de champ pour égayer les tristes soirées télévisées.

 

Braver la médiocrité ambiante est déjà un exploit en soi. Un exploit qu’on devrait honorer rien que pour le mérite d’avoir réussi, alors que tout pousse à l’échec, à la procrastination et à la paresse. On ne reconnait plus ses élites. Les militants politiques d’hier ont cédé la place aux arrivistes de la 25ème heure, ceux qui donnent à la politique un goût amer et qui plongent l’ensemble de la classe politico- médiatique dans un océan de futilités, à des années-lumière de l’essentiel.

 

Les métiers, autrefois prestigieux, sont aujourd’hui synonymes de fraude fiscale, d’abus des lois, de pots de vin et de dépassements en tous genres. On met les médecins en prison au lieu de créer des lois qui les protègent et protègent leurs patients, on rend l’évasion fiscale tellement facile et attirante qu’il devient presqu’impossible de ne pas succomber et on donne la parole à des gens qui influencent l’opinion publique alors qu’ils sont indignes même de  s’exprimer dans de petits comités restreints.

 

Au lieu de prendre exemple sur des pays qui ont réussi, on pousse les nôtres à les rejoindre et à faire profiter les autres de leurs succès. Des réussites, souvent éphémères, dont on ne tire aucune satisfaction et qui, au lieu de servir un pays qui en a désespérément besoin, l’appauvrissent davantage au profit d’autres qui, eux, savent honorer les succès.

 

P.S : Business News a créé une nouvelle rubrique hebdomadaire intitulée « Success Story » pour honorer les grands et petits succès de la Tunisie, chaque dimanche. Ceux qui, malgré les entraves, brillent et font briller le pays.

 

 

28/03/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (6)

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el manchou
| 29-03-2017 10:16
Nos jeunes sont accros à leur smartphone et quand il rentrent ils ont le choix entre les débilités de la télé Tunisienne ( si 3alé, samir ettafi ... ), des télés françaises ( cyril hanouna, les talk shows boudourou ) et les télés arabes ( jihad, jazeera, manar ).

Rares sont ceux qui vontr regarder Arte ou National Geographic.

Houssein
| 29-03-2017 09:14
Chère Madame Tajine,
bravo pour cet article. j'admire votre style d'écrire vos articles. c'est un vrai plaisir de lire vos sujets recherchés. Félicitation et bonne continuation.

Léon
| 29-03-2017 08:04
Chère Synda, quoi de plus naturel que ce que vous condamnez! Est-ce que cela vous surprend tant? Quand on sait que tout le peuple (vos success story compris) se sont TOUS érigés contre un Homme qui a fait la plus belle des success story, à savoir hisser TOUT son pays au rang des pays développés.
Cet Homme que les hypocrites tunisiens (et en premier lieu vos success story) essaient tant bien que mal d'en cacher les succès et réussites (pourtant si évidents). Ils nous les ressortiront 30 années plus tard comme ils le firent, exactement de la même manière, pour Bourguiba (mais vous avez tous la mémoire courte).
Ce peuple maudit, traitre, jaloux est le peuple le plus haineux que la terre ait jamais porté. Chaque période de son histoire a eu sa forme de haine. Celle qui a fait la merdolution est une haine régionaliste nourrie par les fanatiques footeux et viragistes de stades que sont vos intellectuels. Ehhh oui, chère madame, je dis bien "que sont vos intellectuels" (y compris vos success story).
La vraie success story est celle de Ben Ali; jamais saluée par les ennemis de la Tunisie mais par les vrais amis de la Tunisie que sont les Seguin, Delanoë, Chirac, Frédéric Mitterrand.......
Ce dernier a même été accueilli par des "dégage" avenue H. Bourguiba par des gueuses en guise d'artistes lors du premier anniversaire de la merdolution. Ce tunisien de coeur (mais aussi de nationalité), mérite bien plus sa carte d'identité tunisienne que les 99% de traitres qui composent ce pays de va-nu-pieds potentiels.
Vas-nu-pieds ayant réussi par la seule et vrai success story: Celle de la politique de leur pays 55 années durant; et en particulier dans le domaine de l'enseignement et de la recherche.
Sachez chère madame, que les êtres humains ont tous un potentiel d'intelligence capable d'en faire des mathématiciens, des ingénieurs et des médecins. Cela a été prouvé. Vous pouvez prendre les indigènes primitifs d'Amazonie et en faire des médecins et des chirurgiens. La réussite revient à celui qui a su "fédérer" pour que ces réussites soient possibles. Il y a bien sûr les prédispositions des uns et des autres; mais quelques génies n'ont jamais fait une Nation. Ils iront travailler là où leurs efforts pourront être utilisés ou, à défaut, aller traire leurs vaches.
D'ailleurs, si cette révolution m'a appris quelque chose, elle m'aura appris qu'un gueux instruit reste un gueux dans 99% des cas.
Dieu merci je ne fais partie des gueux car je n'ai jamais crié "dégage". Et pourtant, je ne suis, ni un "proche", ni un "ancien", ni même un "obligé". Je suis juste un Patriote qui aime son pays et en défend l'intégrité, comme l'aurait fait tout autre patriote.
Libre à vous de me croire ou de ne pas me croire.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Nephentes
| 28-03-2017 17:46
Article stimulant et positif

Oui il faut mettre en avant nos potentiels et les gens qui réussissent grâce à leur talent et leur travail

C'est peut être par des exemples concrets que les jeunes déboussolés se mettront enfin à l'école du Mérite.

Bravo à BN, l'initiative est excellente et vient à point nommé.

Faouzit
| 28-03-2017 17:21
Un peuple ne s'élève que par ceux qui bravent la banalité, prônent la rigueur et la nouveauté. Ceux pour qui l'excellence vient du savoir et du dépassement de soi. Un peuple croit par ses différences et le souci constant d'en faire une fusion. S'assoir sur les traditions sans vouloir brasser la beauté du ciel, ne donne que des racines, jamais des fruits.

jilani
| 28-03-2017 17:06
Je travaille maintenant dans un pays africain. J'ai fui la Tunisie depuis 2008 où il n'y a plus rien à faire sauf pour les lobbies qui traquent les marchés depuis Carthage et paient en conséquence leurs protégés. Cette crise existe depuis longtemps où le pouvoir et la richesse est devenu accessibles seulement aux proches du pouvoir et corrompus. Maintenant c'est plus difficile, la mafia est féroce et armée, les religieux sont avides d'argent et veulent leur part du gâteau. Ce compromis profitant aux islamistes et rcdistes bloque le pays en l'absence de personnes sincères.