Béji Caïd Essebsi : J'ai appris que Ben Ali voulait revenir en Tunisie
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi a accordé, aujourd’hui, jeudi 14 décembre 2017, une interview au journaliste, Marc Perelman, diffusée sur la chaîne France24, durant laquelle il est revenu sur plusieurs questions faisant le point de l’actualité.
Dans un premier temps, le président de la République est revenu sur la décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël affirmant que « L’administration américaine avait un plan de paix israélo-palestinien, mais je crois qu’il minait son existence. Jérusalem n’est pas uniquement une question israélo-palestinienne, elle concerne tout le monde arabo-musulman. Quel que soit le processus de paix envisagé, la question de Jérusalem devait être négociée par les deux parties à la fin d’un processus. La décision du président Trump a changé les paramètres », assure-t-il.
Et d’ajouter que cette décision ne tue pas l’espoir de paix : « L’espoir fait vivre. Cependant, cette décision rend difficile d’y parvenir par la négociation. Certes, les Américains sont les amis d’Israël, mais il ne faut pas oublier qu’ils sont la première force mondiale. Cela dit, cette décision permettra à Israël de poursuivre sa politique du fait accompli. Les Américains ne seront pas les ennemis du monde musulman, mais ils perdront leur crédibilité sur le terrain».
D’autre part, le président de la République est revenu sur la question libyenne, assurant que l’expérience tunisienne n’est pas exportable, puisque chaque pays possède ses spécificités : « Nous n’avons pas peur de la situation en Libye, mais nous avons eu beaucoup de troubles. Nous avons 450 Km de frontières qui sont mal surveillées, à cause des échanges quotidiens. En réalité, nous n’avons pas de frontières avec la Libye, mais l’absence d’Etat et la présence des milices multiples ne facilitent pas les choses ». M. Caïd Essebsi a souligné que les interventions extérieures ne peuvent pas résoudre les difficultés, puisque le problème principal reste l’absence de l’Etat.
Dans un autre contexte, il a abordé le volet sécuritaire local. Il a, donc, affirmé que la Tunisie est parvenue à mieux maîtriser la situation, précisant que la vigilance reste de mise. « Cela dit, nous devons reconnaître l’aide des pays amis dans ce domaine, notamment, l’Allemagne et les USA pour combattre le terrorisme ».
Il a, également, indiqué que la Tunisie a accueilli près de 800 terroristes revenant des foyers de tension assurant qu’ils ont été traité en tant que tel et qu’il n’y a aucun soucis à ce niveau.
Par ailleurs, le président de la République s’est penché sur les relations bilatérales avec la France, assurant qu’elles ont, toujours, été bonnes, voire même privilégiées. « La visite d’Etat du président, Emmanuel Macron est une réponse à notre visite effectuée en 2015. Elle s’inscrit dans le cadre de la continuité de l’Etat. Nous ferons notre maximum pour le recevoir au niveau qu’il faut ».
Au final, M. Caïd Essebsi a révélé qu’il a appris que l’ancien président Ben Ali voudrait revenir en Tunisie : « J’ai appris que Ben Ali voudrait revenir en Tunisie. S’il revient, il sera traité comme n’importe quel autre citoyen tunisien. En tous cas, nous acceptons son retour puisqu’on ne peut refuser à aucun citoyen tunisien de revenir à son pays. Cela dit, il sera présenté devant la justice. Nous n’avons pas d’autre choix ».
Et de conclure que la démocratie est un acquis indiscutable pour la Tunisie, soulignant qu’il est impératif de garantir l’évolution de la femme pour assurer le développement du processus démocratique.
S.H