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Chroniques
Soudain, la présidence s’est coupée du peuple
Par Marouen Achouri
06/03/2024 | 16:00
4 min
Soudain, la présidence s’est coupée du peuple

 

Black-out sur les réseaux sociaux hier, 5 mars 2023, en pleine après-midi. Une certaine panique s’est emparée des Tunisiens, utilisateurs voraces de Facebook, Instagram et autres Messenger. Selon les chiffres de Medianet, le pays compte 7,7 millions d’utilisateurs de Facebook et 3,5 millions d’utilisateurs d’Instagram. C’est dire si une soudaine coupure de ces plateformes impacte directement la vie de plusieurs millions de Tunisiens.

Une telle coupure impacte également les institutions de la République et surtout la première d’entre elles : la présidence. Pendant quelques heures, la présidence de la République était coupée de l’ensemble du peuple tunisien car elle n’avait plus de canal de communication disponible. Vous me direz qu’il existe toujours le site officiel de la présidence de la République, mais qui s’en souviendrait ? Vous me direz qu’il y a toujours le journal de 20 heures pour relayer fidèlement les volontés et les dires de la présidence de la République. Je vous dirai que le zèle de la Télévision nationale ne saurait être remis en question, mais il manquera toujours l’instantanéité qu’offrent les réseaux sociaux.

 

Mais au-delà de cet aspect, la coupure des réseaux sociaux nous a rappelé, à tous, à quel point nous étions dépendants de ces outils qui nous accompagnent chaque jour sur nos smartphones. Pendant les quelques heures de coupure, nous avons pu lever nos têtes, regarder le ciel et voir autour de nous. Comme une révélation, il s’est avéré qu’il y avait des gens avec qui on pouvait discuter directement, en utilisant des mots et des phrases, sans émojis ni GIF. Et surprise ! Ce sont majoritairement des gens sympas et ouverts. Rien à voir avec l’extrémisme des réseaux sociaux et les opinions tranchées qui ne supportent aucune remise en question. Il y a eu quand même un étrange réflexe chez beaucoup de Tunisiens : ils se sont saisis de leurs téléphones pour appeler des proches et s’assurer que la panne était bien généralisée et qu’il ne s’agissait pas d’une tentative de piratage individuelle. Il y a sûrement un certain réconfort dans le fait que la galère soit générale, dans un trait de caractère bien tunisien. L’important n’est pas de résoudre le problème, le plus important c’est que nous l’ayons tous.

D’autres se sont retrouvés seuls avec eux-mêmes, coupés pendant quelques heures de ce qu’ils appellent leur communauté. Cela a dû être compliqué pour eux de refreiner leurs envies pressantes de juger les autres et de donner leur avis sur des futilités. Beaucoup ont dû se morfondre dans leurs situations individuelles, en total décalage avec l’image éclatante qu’ils renvoient sur les réseaux. Certains ont dû ressentir un vide immense privés qu’ils étaient de donner des leçons aux autres, d’étaler leurs préjugés et d’essayer pitoyablement d’avoir de la reconnaissance. C’est qu’ils se croient influents ceux qui partagent des répliques de films et des citations inconnues. Il leur arrive même de penser qu’ils correspondent à ce qu’ils professent sur leur page Facebook. Au retour en fonctionnement des réseaux, nous avons dû subir le pénible balai de la blague pas drôle partagée par tout le monde, pour tenter de se faire passer pour drôle.

Pendant quelques heures, le niveau moyen de violence, de harcèlement et d’insultes a drastiquement chuté en Tunisie. Rien n’est mieux partagé sur les réseaux, et ailleurs, que la bêtise humaine et les horreurs en tout genre. Une étrange quiétude a accompagné cette coupure et nous étions tous beaucoup moins sollicités. La panne nous a rendus à nous-mêmes et nous a libérés de l’autorité bête et méchante des réseaux sociaux qui propagent la violence et qui tirent vers le bas. Pendant quelques minutes nous avons cessé de nous affronter et surtout, nous n’avons rien trouvé à faire. On s’en doute tous, mais c’est à chaque fois sidérant de réaliser le temps perdu à scroller sur nos écrans, sans aucun but précis.

 

Mais comme tout addict sévèrement dépendant, l’accalmie n’aura duré qu’un temps. Dès que les serveurs de Facebook ont repris du service nous avons plongé, tête la première, dans nos réseaux pour partager, liker, commenter et réagir. Nous avons partagé les blagues pourries à propos de la peur de s’être fait pirater, surtout pour celles et ceux entretenant des relations extra-conjugales. Nous avons repris allégrement nos vieilles habitudes. Les mauvais photographes continuent à croire qu’ils postent des chefs d’œuvre, les donneurs de leçon continuent à poster des citations accompagnées de photos d’acteurs qui ne les ont jamais dites et la présidence de la République pourra nous tenir au courant de ses activités et de ses communiqués à n’importe quelle heure de la journée et, surtout, de la nuit.

Par Marouen Achouri
06/03/2024 | 16:00
4 min
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Commentaires
Hannibal
@Benny
a posté le 07-03-2024 à 11:39
Très bonne description du bas peuple tunisien
Benjasmin
Curieux
a posté le 06-03-2024 à 21:18
Vous détestez Israël, mais vous êtes accro à Facebook, votre Président en premier? Bande de schizophrènes.
Benny
Comme Rantanplan, ils sont troppppp bêtes!
a posté le à 05:46
Pas des schizophrènes, plutôt des salaupards. Raciste, sexiste, antisémite, homophobe, arriéré, ignorant, inéduqué, violent, hargneux, hypocrite, ingrat, menteur, voleur, lâche, fainéant et incroyablement bête. Voilà un petit résumé du peuple tunisien. La schizophrénie est un trouble mental, les schizophrènes n'y sont pour rien. Tandis que le tunisien, bête et méchant, se croit toujours plus malin que les autres et est tout simplement l'idiot du village. Il n'y a qu'eux qui ne le comprennent pas.
momo
D'accord 100%.
a posté le à 11:56
Je ne l'aurais pas exprimé ainsi ,mais je suis d'accord sur les définitions de la nature profonde des tunisiens ,et j' en sais quelques choses ,j'en fait partie.
VOILA
Falsification de l'histoire "en direct"
a posté le 06-03-2024 à 20:09
Lors d'une recherche de ma part sur les nombreux projets de pose de câbles sous-marins profonds de Google, Facebook et Microsoft, un article a affirmé au détour d'une phrase que la majeure partie des communications était principalement assurée par satellite jusqu'en 1988, date à laquelle le premier câble sous-marin en fibre optique a été posé.

La vérité est que toutes les communications électriques et électroniques ont toujours été acheminées par des câbles sous-marins, depuis le début de l'ère du télégraphe. Bien entendu, il ne s'agissait pas de câbles à fibres optiques à l'époque, ce qui permet aux faussaires de l'histoire de prétendre, s'ils sont pris en flagrant délit, que c'est quand même vrai. Mais il y a toujours des gens qui croient que la communication moderne ne serait pas possible sans les satellites, alors que les océans regorgent de câbles de télécommunication et qu'il faut bien se demander pourquoi on déploie tant d'efforts à des coûts extrêmement élevés, alors que, selon Elon Musk, c'est un jeu d'enfant de lancer 20.000 "satellites" dans l'espace...
A4
Complot !!!
a posté le 06-03-2024 à 18:31
Je suis sûr qu'il s'agit d'un complot contre "3azizi Kaïs", fomenté par le mossad, natanyahou, la CIA, le KGB, les fabricants de yaourts et les poules pondeuses !!!
Lotfi
Le réseaux hébraïque
a posté le à 19:51
N'est-il pas drôle que ce président antisémite fonde toute sa propagande sur le réseau de Zuckerberg? Imaginons que Mark coupe FB en Tunisie à quelques jours des élections présidentielles? Inchallah.
LMT
Drôle...
a posté le 06-03-2024 à 18:16
Drôle de peuple: rien que des conditionnés, des chiens de Pavlov et des moutons de Panurge.
Vladimir Guez
Panne mondiale qui n'a heurte qu'ici !
a posté le 06-03-2024 à 16:35
La panne n'a a peine arrache un battement au reste du monde civilisé quand même. Les gens y ont un vrai travail où on ne fait pas semblant, des loisirs, des activités culturelles. , s'occupent de l'éducation de leurs enfants et ne l'ont même pas sentie passer.
*******
Mes enfants en France
a posté le 06-03-2024 à 16:30
Ne se sont même pas rendus compte du drame. Mala hala
*******
Affolant la société tunisienne
a posté le 06-03-2024 à 16:15
C'est très très grave, je suis choquée, les gens étaient en panique, c'est très grave, une société droguée par les réseaux sociaux.
Mon dieu on dirait qu'ils ne peuvent plus vivent sans ces foutus réseaux.
Wallahi véridique, ils étaient pris de panique et de peur,. Wah
Trop drôle
Des sociétés maniables à souhait.
Très triste