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SUR LE FIL
Par où commencer ?
Par Faten Kallel
11/05/2023 | 17:16
4 min
Par où commencer ?

 

Ca serait juste de décrire la semaine par "difficile", du moins pour la minorité de Tunisiens conscients de la situation, qui sentent le poids des cafouillages politiques s'accumuler et voient la situation socio-économique se compliquer de plus en plus. Si on voulait décrire le contexte, énumérer les problèmes, on ne saurait par où commencer. Mais il y a des faits qui ne trompent pas sur l'état d'une société en déliquescence. C'est comme si nous avions perdu le minimum de valeurs que nous avions acquis. Et cela reste sans doute le fait le plus alarmant à signaler. Si l'économie et la politique se rattrapent, la perte de valeurs implique des comportements néfastes qui laissent des cicatrices indélébiles.

 

D'abord les morts en mer par centaines et les images qui envahissent les réseaux sociaux de cadavres qui flottent sur nos rivages. Les morgues débordent et les autorités sont totalement dépassées par la situation. Les départs sont massifs, et il s'agit là seulement des Subsahariens, puisque la saison d'immigration des Tunisiens ne commencera que dans quelques semaines. Nous assistons en direct à un drame humain, qui ne fera qu'empirer en l'absence de mesures courageuses et humaines. Et si des centaines de personnes prennent des risques démesurés, au péril de leurs vies, c'est bien parce que la Tunisie n'est plus du tout sûre pour eux. Et c'est là où on se rend compte que nous avons échoué.

Même si le régime de Saïed refuse toujours d'admettre l'impact de son discours raciste sur la société tunisienne et son comportement vis-à-vis des étrangers, la réalité est bien là pour le lui rappeler. Une situation tragique, qui malheureusement n'émeut plus grand monde. Et qui de l'autre coté du désert, nous donne une image d'une société insensible, gangrénée par la peur et la méfiance de son voisin noir africain. Si nous ne constaterons pas tout de suite, les effets pervers de ce qui se passe, nous nous en rendrons compte, le moment venu, au prix de grandes concessions.

 

S'ajoute à cela un attentat. Criminel ou terroriste, on ne s'attardera pas sur la question, tellement le débat en est devenu absurde. Le fait est qu'un policier a égorgé son collègue et s'en est allé assassiner d'autres personnes parmi les pèlerins de la Ghriba. Dans ce cas, est-ce que la classification est aussi primordiale? Si on le qualifiait de criminel, ça en atténuerait l'horreur ou cela ferait revenir les morts?

On peut comprendre que ça puisse saper le moral des Tunisiens, et que ça laisse un goût amer, mais de là à vouloir minimiser les faits, banaliser l'horreur, histoire de sauver la saison touristique qui s'annonçait prometteuse, n'est ce pas à la limite de la décence ? Si les vies humaines ne nous concernent pas, il faudrait au moins prendre en considération que nous sommes face à une opinion internationale alerte, qui en sait plus sur ce qui se passe dans le pays que nous en savons sur nous-mêmes. D'ailleurs, cela se confirme à en voir la couverture médiatique. Les médias tunisiens n'avaient pas moins d'une heure de retard sur les médias internationaux lors de la survenance de l'attentat. Sûrement par peur du décret 54, mais aussi par habitude de se conformer au récit officiel.

Si les réactions de l'opinion publique tunisienne étaient pour le moins décevante, que dire de la réaction officielle. Indélicate, froide, lente, qui face à l'horreur et à la perte de vies humaines, a donné la priorité à l'image du pays et celle de son pouvoir. Fort de ses soutiens populaires, et comme à l'accoutumée, Saïed n'a pas hésité à accuser ceux qu'il ne nommera pas d'être derrière les tentatives de déstabilisation du pays. Niant de ce fait l'impact de ses discours chargés de ressentiments, appelant sans cesse à la vindicte. Nous sommes face à un pouvoir qui ne mesure pas la portée de ses actes et qui ne prend aucunement en compte l'autre dans son équation. Une incapacité et une inconscience totale de ce qui est essentiel, à savoir préserver les humains, et améliorer les conditions de vie de chacun, même ses adversaires.

 

Et pour finir, notre ministre des Affaires étrangères national, qui lors de son discours prononcé à l'occasion des journées de l'Europe, le 9 mai, face à un auditoire composé principalement d'officiels européens, n'a pas hésité à bafouer toutes les règles de bienséance qui sont exigées d'un diplomate. Si son accusation claire d'ingérence des Européens en a choqué plus d'un, alors que l'Europe reste le seul allié conciliant du régime et le seul acteur international qui continue à se battre pour notre obtention du prêt FMI. En tant que Tunisiens, ce n'est pas ce qui pourrait nous atteindre le plus. Ce qui a été réellement regrettable, c'est que le ministre n'a pas hésité devant le même auditoire à insulter l'opposition. Dans une pirouette dont il est spécialiste, il se félicite d'être le seul garant de la vraie démocratie, et se met tout de suite après à décrire ses adversaires comme une minorité insignifiante, qui ne mérité pas d'être entendue, et qui n'aurait pas d'écho chez le peuple, puisque c'est lui seul et le régime qu'il défend qui le représentent.

 

Bien évidement, si les représentants du gouvernement se permettent de tels égarements, c'est parce qu'ils savent que cela trouverait écho auprès de la majorité de l'opinion publique tunisienne. Et après tout, s'il existe une minorité mécontente, "qu'elle boive l'eau de mer", comme dirait un certain ex-ministre.

Entre temps, le pays bois la tasse, les cadavres longent nos plages, le nombre de féminicides à triplé, les opposants sont toujours en prison et les mentalités racistes et xénophobes sont en nette progression. Mais, il existe un point positif, le beau temps. Il arrive et ramène avec lui une douceur dont seule la Tunisie à le secret et cela fait du bien.

Par Faten Kallel
11/05/2023 | 17:16
4 min
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Commentaires
DHEJ
Une bonne question!
a posté le 12-05-2023 à 09:24
Mais qui va commencer si jamais il y a eu un temps d'arrêt?!

Bien choisir avec des critères scientifiques... qui émanent de la constitution!
Ancien '?lu de la république française
madame j'ai honte pour vous sans commentaire
a posté le 12-05-2023 à 09:14
Madame, j'ai une seule chose à vous dire, j'ai honte pour vous sans commentaire, vous devez le savoir pourquoi
il me semblait vous avez occupé une place importante, vous avez fait quoi dites le au peuple tunisien, si j'étais à votre place je longerais les MURS
Naim
C'est simple
a posté le 12-05-2023 à 01:53
Commencez par vous taire déjà. '?a nous reposera.
M
Quant à vous
a posté le à 08:52
Quant à vous, vous pourriez commencer par éviter ce qui ne vous intéresse pas et laisser la presse libre et les opinions différentes s'exprimer.