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Chroniques
La mauvaise surprise de la rentrée
18/09/2018 | 15:59
4 min

 Par Synda Tajine

 

Pour beaucoup de Tunisiens, l’heure de la rentrée a sonné ces derniers jours. L’année scolaire a commencé samedi 15 septembre pour les établissements étatiques et elle débute en ce début de semaine pour les écoles du privé.

 

Avec le boom démographique de 2011, les classes de première année primaire sont prises d’assaut cette année. « La mauvaise surprise » cette année est l’augmentation du nombre d’élèves dans le primaire de plus de 42.000 nouveaux écoliers. En 2011, en plein mois de janvier, hiver et couvre-feu aidant, les couples tunisiens étaient plus occupés à faire l’amour qu’à faire la guerre. Résultat : 42 mille nouveaux chérubins scolarisés dans le système tunisien et 42 mille écoliers à « caser » dans les écoles tunisiennes. Pourquoi  « mauvaise surprise » ? Car le système scolaire tunisien n’a pas eu le recul nécessaire, ni les moyens d’ailleurs, de prévoir ce boom et de s’y adapter.

 

Les réformes de l’enseignement s’adaptent chaque année avec le nouveau ministre nommé au sein du département. Après Néji Jalloul, Slim Khalbous par intérim et, aujourd’hui, Hatem Ben Salem, le département de l’Education se trouve plus dans l’improvisation que dans la plannification à long terme. On annonce cette année une « rentrée pas comme les autres » et des « mesures révolutionnaires ». Parmi elles, la digitalisation des procédures d’inscription à distance. Une opération, annoncée en grande pompe, qui n’a pas réussi  son coup à cause des nombreux retards et bugs liés à sa mise en place. Encore un couac dont le ministère de l’Education se serait pourtant bien passé.

Mais vous savez pour qui la rentrée est bien préparée et ficelée ? Les syndicats bien sur ! Qui d’autre peut annoncer une grève entravant l’année scolaire bien avant le début de l’année…et s’y tenir ? Le puissant syndicat de l’Enseignement, mené par le non moins puissant Lassaâd Yaâcoubi, annonce déjà une rentrée scolaire chaude et mouvementée, et ce alors que les vacances n'étaient pas encore finies. On peut lui faire confiance pour tenir sa promesse.  En effet, quelques jours après la rentrée scolaire, les réunions de la commission administrative seront tenues et devront aboutir à de sérieux mouvements de protestation, le gouvernement n’étant pas encore décidé à donner au syndicat gain de cause.

Les grands perdants de ces bras de fer et de ces cafouillages à répétition seront bien sur autant les élèves que les parents. Elèves dont l’année scolaire sera rythmée par le bon vouloir des syndicalistes et parents qui seront les esclaves des grèves et manifestations annoncées en surprise et qui s’éterniseront comme à chaque fois.

 

Mais au-delà de tous ces couacs, le système éducatif tunisien a réellement besoin d’une restructuration et d’une mise à niveau urgente mais qui ne se fera pas dans l’improvisation.  Une infrastructure défaillante et insuffisante, un personnel pas toujours qualifié, un programme loin d’être au point et un département géré dans l’urgence et sous la contrainte.

 Alors que dans d’autres pays voisins, on fait face à la question d'enseigner, ou non, aux petites classes des cours d’éducation sexuelle et de la place que les notions de genre devront avoir dans l’école, en Tunisie, on se retrouve embourbé dans le dilemme du privé versus public. En effet, le système éducatif étatique a perdu de sa superbe au profit d’écoles privées rivalisant en services de toutes sortes. Mais ce système reste la référence, et l’unique option, pour nombreuses familles tunisiennes qui n’ont ni les moyens ni le choix d’aller voir ailleurs. Pour ces familles, le dilemme ne concerne pas la qualité de l’enseignement à dispenser aux enfants ou la meilleure école à choisir pour eux, mais comment les faire traverser les kilomètres de pistes non praticables pour étudier dans des écoles à l’infrastructure archaïque et situées à l’autre bout de la ville. Une pensée à tous ces enfants qui sont obligés de parcourir de longs kilomètres, à pied, chaque jour, pour accéder à leurs classes...

 

Si septembre est le mois de toutes les rentrées, scolaire, académique et parlementaire, il devrait aussi l’être pour le secteur de la santé. La rentrée sanitaire, tout aussi importante, que la rentrée scolaire devrait être organisée ce mois-ci. Oui, car les hôpitaux tunisiens ne peuvent plus rester davantage dans cette situation. Rester des semaines encore sans ascenseurs, avec des malades opérés et fragiles, transportés sur les bras et dans les escaliers ; sans scanners ; sans personnel compétent ; sans infrastructure de base pour accueillir les malades et leur dispenser les soins nécessaires, dans le respect de la dignité humaine.

Des écoles et des hôpitaux opérationnels, est-ce qu'on en est encore là aujourd'hui? 

 

 

 

18/09/2018 | 15:59
4 min
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Commentaires (8)

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manixsv
| 19-09-2018 17:44
En 2011, .... .... le système scolaire tunisien n'a pas eu le recul nécessaire, ni les moyens d'ailleurs, de prévoir ce boom et de s'y adapter.

Elle est bonne celle la :-)

A4
| 19-09-2018 16:06
Pour ceux qui ont connu les ...
PORTE-PLUMES
Ecrit par A4 - Tunis, le 05 Septembre 2014

C'était le temps des porte-plumes
Et des bagarres à la récré
C'était les vagues et les écumes
A basse et à haute marée

C'était jour de rentrée scolaire
Nouveaux habits, chaussures pimpantes
Regards livides sans un repère
Visages grincheux et dents manquantes

C'était cahiers et cartables
Calcul mental de bon matin
C'était des tifs incoiffables
Et des tabliers cousus main

C'était dictée, récitation
Puis dessin et beau coloriage
C'était points d'interrogation
Pointés en bas de chaque page

C'était le temps des règles plates
Des taches d'encre et des buvards
Vieilles photos sur papier mat
Sur fond d'une mer en blanc et noir

C'était la course dans la cour
Et des fins de journées à-plat
C'était raccourcis et détours
Et bouts de pains au chocolat

C'était le temps des "tous debout"
Des "au tableau !", des doigts levés
C'était le temps des beaux yeux doux
Et des projets inachevés

C'était le temps des feuilles blanches
Et des zéros parfois pointés
C'était l'attente du Dimanche
Pouvant durer l'éternité

C'était des notes, des classements
Des joies et regards de travers
C'était cris et chuchotements
Maman soucieuse et père sévère

C'était très loin, tout ça s'en va
'?a revient m'éblouir par moment
Je vois à peine un vieux canevas
Au fond d'un miroir déformant '?'

Allez savoir pour quelle raison
Malgré l'oubli, malgré la brume
'?a me revient comme une chanson
"C'était le temps des porte-plumes" !

mansour
| 18-09-2018 18:45
sont sacrifiés sur l'autel du travail de destruction de nos valeurs républicaines et Bourguibistes par l'islam politique des islamistes freres musulmans d'Ennahdha avec leur armée de mères pondeuses en mode élevage intensif de futurs islamistes freres musulmans et salafistes

Tunisino
| 18-09-2018 18:14
Les tunisiens ordinaires ne veulent plus d'enfants dans un pays en ruine, de l'éducation, à la santé, au pouvoir d'achat, à l'emploi. Ils craignent le jour ou les enfants grandiront pour leur dire pourquoi vous nous avez mis dans cette situation! L'augmentation des naissances et certainement liée à l'augmentation des mariages et non à l'élargissement des familles.

Zohra
| 18-09-2018 17:49
Crier famine

Zohra
| 18-09-2018 17:16
En 2018 avec l'informatique un pays n'est pas capable de savoir combien de naissances enregistrées par année et ensuite c'est facile de savoir le nombre d'enfants scolarisables.

Pour l'anecdote ma voisine une jeune (islamiste) pleurait parce-que son mari voulait le 5ème, la pauvre, elle me disait "je suis fatiguée, j'ai 4 déjà a 27 ans". Une année après malgré tout il a réussi à la convaincre, elle a eu le 5ème.
Vous vous rendez compte tout nos acquis et tous les efforts de Bourguiba pour le planning familial sont partis en fumée. Dici 20 ans on va être 50 millions si ça continu , on va créer famine on va se bouffés les uns et autres. C'est très grave.

Allah yoster

Jilani
| 18-09-2018 16:59
Il parle de boom demographique pour se moquer de la révolution qui a éjecté son patron corrompu benali. Comment peut on imaginer un ministère qui fonctionne sans statistique et ne sait pas dans six ans quels sont les nouveaux rentrées. Il attend peut être le mufti pour lui annoncer cela le jour avant la rentrée comme pour les fêtes islamiques à la con. Des enseignants qui n'ont pas encore repris leur travail dans certaines ecoles. La situation des hôpitaux est pire où le personnel paramédical est complètement inopérant avec des femmes voilées et des hommes barbus et sans aucun respect pour les malades et leurs responsabilités.

DHEJ
| 18-09-2018 16:27
Et avec le rencontre sur le PPP, il s'avère que notre GOUVERNEMENT est ANDROPAUSE!