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Chroniques
La messe est dite, il n'y aura pas d'accord avec le FMI
Par Faten Kallel
07/04/2023 | 08:30
4 min
La messe est dite, il n'y aura pas d'accord avec le FMI

 

Dans son discours prononcé à l'occasion de la commémoration du décès du Président Habib Bourguiba à Monastir, Kaïs Saïed a déclaré avec clarté qu'il refusait les conditions imposées par le FMI à la Tunisie. Evoquant ainsi les négociations engagées par le gouvernement tunisien pour l'obtention de 1,9 milliard de dollars, destinés à l'appui et au financement des réformes économiques. Comme prévu et sans surprise, Saîed vient confirmer expressément que c'est bien lui qui bloquait l'accord avec le bailleur de fonds, et non ce dernier ou toute autre partie tierce qui nous voudrait du mal, tel que l'expliquent depuis des mois ses supporters.

 

Il est nécessaire de rappeler que l'accord en question entre dans le cadre d'un programme élaboré par les autorités tunisiennes, et appuyé par le FMI. Il aurait pour objectifs de rétablir la stabilité macroéconomique, de renforcer les filets de protection sociale et l’équité fiscale, et d'accélérer les réformes favorisant un environnement propice à une croissance inclusive et la création d’emplois durables. Si les 1,9 milliard de dollars, étalées sur quatre années, ne sont clairement pas suffisants pour couvrir les besoins en financement de l'Etat tunisien, qui avoisineraient les 5 milliards de dollars pour la seule année 2023, ils devaient servir de garantie au regard des autres bailleurs de fonds. Démontrant la capacité du pays à concevoir et à implémenter les réformes nécessaires, à réaliser les objectifs de croissance fixés, et par conséquent à rembourser la dette contractée une fois l'échéance venue.

Abstraction faite du contenu de cet accord, qui a été longuement occulté par les autorités au grand public, et qui contiendrait des mesures impliquant une forte austérité, impactant de manière significative la vie des Tunisiens. Il est important de relever l'absence totale de cohérence dont fait preuve l'Etat. D'un côté, le gouvernement négocie avec le FMI et obtient même un accord de principe en novembre 2022, et de l'autre un président qui bloque les négociations et qui refuse les réformes pourtant proposées par une administration qu'il dirige seul.

 

Toujours dans l'incohérence, dans le même discours, Saïed propose en plan B, qu'on nous rende l'argent volé par le clan Ben Ali détenu par les banques étrangères. Tout en sachant qu'aucune procédure sérieuse n'a été engagée par le gouvernement Bouden, pour rapatrier ces fonds. Et que même si des procédures seraient engagées, le temps qu'elles prendraient dépasserait largement les délais qu'imposent les urgences économiques et l'échéancier de remboursement de la dette extérieure.

Dans sa conception simpliste du monde, Saïed n'arrive pas à comprendre la complexité de ces différents processus. Dans sa tête, tout semble s'entremêler et ce n'est pas la première fois. Il a auparavant proposé de financer le développement des régions défavorisées, en incitant les fortunes corrompues à y investir massivement, dans le cadre d'un processus de réconciliation pénale qui peine à trouver une voie. Faisant ainsi abstraction de comment on pourrait identifier les corrompus d'abord, et surtout de ce que pourrait représenter l'implication de ces corrompus dans un environnement vierge d'investissement et de développement, et de son impact sur les pratiques business à long terme et sur les mentalités de la région visée.

De même pour l'inflation, ni la crise économique mondiale, ni la guerre en Ukraine et son impact sur les prix des matières premières, ni la sécheresse que vit le pays, ou même le ralentissement de l'investissement et de la production nationale (dû au risque pays, engendré directement par ses politiques désastreuses) ne semblent donner raison aux fluctuations des prix locaux. La loi universelle de l'offre et de la demande lui est complètement étrangère. Seule explication à l'inflation, la monopolisation des marchandises par ceux qui lui veulent du mal et qui lui refusent la réussite. Du coup, les seules solutions proposées sont la prison pour tous ces traitres à la nation.

 

Quant à l'opposition, il n'arrive pas à lui concevoir un rôle. S’il réitère à chaque sortie médiatique qu'il est fervent défenseur de la démocratie et de la liberté d'expression, il n'hésite pas à considérer comme ennemis, tous ceux qui osent remettre en question son pouvoir, ses politiques et sa légitimité. Et dans ce cadre, il lie directement l'échec de ses initiatives au refus de ses adversaires d'y adhérer, légitimant ainsi les poursuites à leur encontre. Il va même accuser ses opposants, emprisonnés pour des motifs vaguement défendables, de sang sur les mains. Sang de qui ? Quand ? Comment ? On ne le sait pas, mais dans sa tête ils sont coupables de crimes abominables et nous devons le croire sur parole.

Force est de constater que nous vivons au rythme d'une actualité anxiogène, frustrante, alarmante, imposée par un président qui semble totalement déconnecté de la réalité du pays... Nous sommes gouvernés par un homme qui n'a pas de solutions et voit des problèmes partout, surtout là où il n'y en a pas. Et cela laisse s'installer petit à petit une déprime généralisée, et une lassitude, qui toucheraient autant les opposants du régime de Saïed, que ses supporters, qui ne trouvent plus d'explications plausibles aux déclarations de leur gourou. Néanmoins, abstraction faite de ces constats amers, l'urgence maintenant est de trouver une solution à la débâcle économique qui se profile à l'horizon, et qui risque de faire perdre au pays des décennies de développement économique et social.

 

Par Faten Kallel
07/04/2023 | 08:30
4 min
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Commentaires
DHEJ
Que de la fumée...
a posté le 08-04-2023 à 09:21
Réformes, équité fiscale, croissance inclusive, emplois durables...


On ne fait pas du neuf avec une administration archaïque d'ailleurs de la stabilité macroéconomique à l'égalité macroéconomique c'est une opération de calcul...

Il faut réduire ou il faut augmenter... Le FMI bêtement aime le gros morceau... Est-ce le FMI est archaïque?!

Encore avec un D.G communiste alors ROBCOP tire à bout portant!
Agatacriztiz
Décidément, ça ne s'arrange pas
a posté le 07-04-2023 à 12:45
Alors, selon vous, on devrait "s'aplatir" sans broncher aux exigences du FMI en continuant de faire, avec une mentalité d'assisté indécrottable, appel à eux ou à tout autre organisme usurier, en redemandant, à chaque fois que le besoin se fera sentir et en rampant encore plus, afin qu'ils daignent nous accorder une obole supplémentaire.
Et la dignité, qui ne semble plus faire partie du vocabulaire du tunisien, qu'est-ce que vous en faites ?
Il y a des nations entières qui ont relevé ce défi et sont sorties de la misère en quelques décennies sans la moindre aide financière, suivons leur exemple au lieu de nous accrocher au bon vouloir de ceux qui nous méprisent en permanence et prennent un malin plaisir à nous maintenir sous leur botte afin de venir "puiser" dans notre pays la main d'?uvre qui leur fera de plus en plus défaut...
Casse toi pauvre con
Vous avez le choix
a posté le à 12:50
Vous avez aussi le choix de relancer l'économie ou de crever. Mais avec le clown qui accapare tous les pouvoirs, ça sera la deuxième solution.
Juan
on t'oblige pas d'emprunter
a posté le à 11:37
ces nations dont tu parles, exportent des PRODUITS moins cher que les Turcs pour gagner des devises.
chez toi, on jette des hommes à la mer, pour qu'ils envoient les devises.
moi, je n'envoie aucun dollar, qui permettra aux riches d'importer bananes, whiskey, aliments pour ... chiens !!