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Chroniques
Solidaire avec Abir Moussi
Par Marouen Achouri
04/10/2023 | 11:45
4 min
Solidaire avec Abir Moussi

 

Quand le chaos règne, quand les règles et les procédures ne sont plus respectées, quand tout le monde est occupé à bien se placer vis-à-vis de certains intérêts en fonction des événements, il devient confortable et préconisé de s’en remettre à une notion extrêmement précieuse : les principes.

Au-delà des péripéties de l’arrestation de la présidente du parti destourien libre, Abir Moussi, au-delà des circonstances et des interprétations que l’on a vu de part et d’autre, au-delà des pleurnicheries de ses partisans ou de la mauvaise joie de ses opposants, le principe nous commande de nous insurger contre l’emprisonnement injuste de n’importe quel citoyen tunisien, y compris Abir Moussi.L’action qu’elle a entreprise ne mérite nullement que l’on place l’avocate en détention et le chef d’accusation qui a été retenu à son encontre est largement disproportionné par rapport aux faits qui lui sont reprochés.

C’est la position de principe qui prévaut dans ce genre de situation, indépendamment de l’identité de la personne qui fait les frais des abus du pouvoir en place. Cette notion était absente de l’esprit d’Abir Moussi quand elle n’a daigné montrer aucun signe de soutien aux prisonniers politiques, y compris les islamistes. Elle n’a pas compris que si on permet à la machine de broyer son voisin, elle se retournera contre les autres au bout d’un moment. A contrario, c’est justement parce qu’ils connaissent et pratiquent ce principe que l’avocate Dalila Msaddek Ben Mbarek a déclaré être prête à représenter Abir Moussi si cette dernière le souhaite, malgré la profondeur des divergences entre les deux femmes, que notre confrère Zied El Heni a déclaré qu’il soutenait Abir Moussi malgré le fossé idéologique qui les sépare. C’est aussi pour des raisons de principe que la même Abir Moussi a trouvé une tribune pour s’exprimer sur les colonnes de Business News tout juste après la révolution, quand personne ne voulait être vu en sa compagnie. C’est pour la même raison que cette chronique est consacrée à la soutenir, malgré le fait qu’elle se soit attaquée à notre journal et à la personne de votre serviteur dans ses lives enflammés. C’est la même raison qui fait que nous défendons son droit à la liberté aujourd’hui alors qu’elle s’est isolée de tous et que nombreuses sont les personnes qui apprécient et applaudissent le fait qu’elle ait été jetée en prison.

Abir Moussi a eu le mérite de tenter de contrer les décrets et les décisions du président de la République, Kaïs Saïed, en utilisant la loi. Nous pouvons évaluer politiquement la pertinence d’une telle démarche et juger de son efficacité. Nous pouvons également aimer –ou détester- le style d’Abir Moussi et critiquer sa fâcheuse tendance au spectacle et à l’exhibition. Mais en aucun cas on ne peut tolérer qu’Abir Moussi soit privée de sa liberté et jetée en prison injustement. Quand on parle de principes, les noms des protagonistes et leurs appartenances idéologiques ou politiques importent peu. Qu’il s’agisse de Rached Ghannouchi, d’Abir Moussi ou de Jawhar Ben Mbarek, nous ne devons pas accepter l’injustice parce qu’elle sert de petits intérêts politiques et conjoncturels. Seule une minorité avait crié au scandale quand des figures islamistes ont été jetées en prison et seule une minorité s’insurge aujourd’hui contre ce qui est arrivé à Abir Moussi. Le plus drôle en Tunisie c’est qu’il s’agit, à peu de choses près, de la même minorité qui a été maltraitée et vilipendée aussi bien du temps où les destouriens étaient au pouvoir que du temps où les islamistes avaient les commandes du pays.

C’est assez douloureusement que les partisans et fans d’Abir Moussi se rendent compte que les injustices qu’ils ont applaudies quand elles s’appliquaient à leurs ennemis peuvent également leur être infligées. Ils partagent, depuis hier, des messages et des slogans appelant à la libération de leur favorite et alertant contre le danger de la normalisation de telles pratiques. Ils étaient pourtant les premiers à vilipender ceux qui demandent la libération des détenus politiques ou qui osent, offense suprême, défendre les droits des islamistes et dénoncer les injustices qui les touchent. C’étaient les premiers à distribuer les certificats de patriotisme et à accuser les autres de trahison et d’allégeance à des forces extérieures faisant même concurrence à Kaïs Saïed dans ce domaine. Ils se sont déchainés sur les syndicats, sur les journalistes et sur d’autres acteurs de la vie civile tunisienne à tel point qu’ils se retrouvent aujourd’hui pratiquement seuls devant ce qui est arrivé à leur cheffe. Cela servira peut être de leçon à tous ceux qui ne comprennent toujours pas qu’un régime despotique ne fait pas de différence entre ses opposants et surtout, qu’on ne grandit pas en insultant et en faisant des autres des traitres.

 

Si toutes les factions politiques agissaient en fonction de principes, personne ne pourrait venir de nulle part et imposer sa loi. Si nous étions de vrais démocrates, on ne tolérerait pas qu’il y ait un putsch dans notre pays. Si nous croyions réellement aux droits de l’Homme, jamais nous n’aurions permis que la justice soit instrumentalisée depuis la nuit des temps. Il reste encore quelques voix courageuses pour dénoncer les injustices indépendamment de qui les commet, et de qui en sont les victimes. Espérons que leurs voix seront, enfin, écoutées.

Par Marouen Achouri
04/10/2023 | 11:45
4 min
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Commentaires
Sam
Nous sommes tous des patriotes!
a posté le 09-10-2023 à 18:16
Tres bon article! En effet la prison n'est pas la solution ni n'est justifiée ni pour les uns ni pour les autres. Malheureusement, c'est la solution de facilité qu'a trouvé le pouvoir en place. On est loin loin d'avoir un jour une démocratie dans ce pays et des citoyens fiers de leurs pays et dignes.
Koenig55
rectificatif Marouène Achouri
a posté le 08-10-2023 à 06:38
Je propose d'évoquer les VALEURS par principe universelles plutot que les PRINCIPES recouvrant souvent une posture personnelle.
Avec mes félicitations pour vos chroniques,
Mes salutations courtoises et très respectueuses.
MALAHI
Les Patriotes gagnent meme en Prison!
a posté le 06-10-2023 à 10:22
Ce n'est pas en mettant les patriotes en prison car les pouvoirs avaient gagné; voir Comme le militant MANDELA avait résisté et enfin avait gagné. Abir MOUSSI en prison c'est confirmée sa détermination et son militantisme politique, elle avait réussi à s'opposer aux islamistes qui détenaient tous les pouvoirs et à continuer sur la ligne du ZAIM BOURGUIBA à défendre pacifiquement les intérêts de la Tunisie...T'?T au TARD elle sera libérée ....L'injustice ne peut gagné ....
Hamza Nouira
Et bien....
a posté le 05-10-2023 à 22:15
Elle nous a mené à cette situation chaotique en faisant sa comédie à la zelinsky pendant longtemps.

Elle a jouis de beaucoup de liberté avant.... mais plus maintenant.... c'est assez ironique d'ailleurs..... On appelle ca le retour de baton.

On ne se réjouis pas de son arrestation. Mais qui sème le vent récolte un jour la Tempête.

PS : une preuve que la majorité écrasante du peuple tunisien la déteste.....
Fares
#weareallabir #ksdegage
a posté le 04-10-2023 à 20:42
Comme plusieurs personnes, je conteste les méthodes de Abir Moussi et son narcissisme. D'un autre côté, j'ai toujours respecté son courage pendant son combat contre la tyrannie religieuse des khwanjias et maintenant son combat contre la tyrannie des cancres de saied.

Accepter une injuste ne fera que réconforter les tyrants dans leur tyrannie. Chaque citoyenne et citoyen doit en être conscient. '?a n'arrive qu'aux autres? Non, c'est faux.

Allah yihlik koll dhalim, wallah la tarham waldih.
Zarzoumia
On est tous Abir
a posté le 04-10-2023 à 20:06
Excellent article, mais malheureusement, beaucoup ne sont pas perméable au discours des principes qui doivent sous-tendre la vie et l'action politique. La moralisation de la vie politique est malmenée par les postures partisanes. L'équidistance, la neutralité et l'objectivité n'ont pas leur place dans un pays où les indignations à géométrie variable et les contorsions sont devenues un sport national.
Pourtant, la succession d'evenements politiques nous offre un excellent exercice et la meilleure preuve qu'en dehors des principes, aucune vie démocratique n'est possible.
Hier, un homme politique, en parlant de KS, disait qu'il ne le donnera jamais à ses ennemis. C'est une image manifeste et assumée du calcul politique sur le compte des principes.
Je pense qu'on a une opportunité, dans la mesure où toutes les grandes familles politiques ( destouriens, islamistes, gauchistes..) ont endossé les rôles de bourreaux et de victimes. Il serait temps d'arrêter cette spirale et se mettre d'accord sur les principes du vivre ensemble, loin de cette course effréné et sans merci pour le pouvoir.
Malgré le déficit de solidarité, montré par Abir Moussi, par calcul politique, on doit lui montrer la solidarité de principes pour ne pas encourager l'arbitraire et l'injustice dans ce pays.
Alors, on est tous Abir, Jawher, khayame,.........et tous ceux qui subissent l'injustice de ce pouvoir fou.




Carthage Libre
@Hannibal : elle est trop évoluée, patriote et COMPETENTE pour que la populace locale puissent la comprendre.
a posté le 04-10-2023 à 14:43
Au fait, ils se condamnent EUX même et leurs ENFANTS en insultants la seule capable de sauver ce pays et de le remettre sur les rails, d'une façon pragmatique.

Khallihom vivant dans leur merde avec un *** qui est leur chef "mâle dominant", c'est tout ce qu'ils méritent.

Je n'ai plus envie de parler du destin de ce pays ; c'est les habitants de ce pays EUX MEMES qui se détruisent, EUX MEMES...Je ne peux même plus dire que c'est de la "bhama"....C'est autre chose, une chose malsaine, mais aussi bête et méchante comme beaucoup de gens dans ce pays...
Lol
Lois liberticides
a posté le 04-10-2023 à 14:31
Le régime actuel (parlement et président) doivent immédiatement changer les lois liberticides.
Ils pouvaient dire que c'est l'existant. Mais aujourd'hui ils sont coupables parce qu'ils n'ont rien changé pendant tout ce temps.
Faites aujourd'hui les lois que vous voulez qu'on applique sur les tunisiens demain. Y compris vous
Hannibal
Miskina Tounes
a posté le 04-10-2023 à 14:02
Depuis 2011 les Tunisiens ont voté pour des charlatans et ça continue.
Lorsque une personne sort du lot ont la critique même si cette dernière n'a jamais pris les rênes du pouvoir.
Ne dit ont pas que chaque peuple mérite les gouvernants qu'ils ont.
Anti-islamiste
Erreur d 'interprétation sur la personne politique ,son parcours et dévotion pour le pays
a posté le 04-10-2023 à 13:46
Analyse quelque peu biaisée dans le sens que vous confondez des CALIBRES différents et vous les mettez dans la même boîte et jusqu a un certain point on peut vous rejoindre sur un certain point en termes d ' égalité du justiciable devant la loi ..

Donc sur la forme vous avez raison mais dans le fond , est ce que vous maintenez une égalité entre un Rached Ghannouchi et une Abir Moussi ?

Sur le fond il faut être honnête
Et aller plus loin dans l ' analyse
L " un est un voyou hors _ la loi
L' autre est une patriote d ' une haute intégrité et respectueuse des lois ..

La ou je suis d' accord avec vous c ' est quelque soit l 'être humain , il à droit à une JUSTICE EQUITABLE .

ceci dit M Achouri qui est le coupable dans cette histoire ?
Est ce le peuple ? Est les partisans des un et des autres ?
Si les partisans des uns et des autres se vilipendent et se réjouissent des malheurs des autres , ce n' est que d ' un sentiment de soif de JUSTICE pour des faits criminels avérés Cela ne veut PAS dire qu' iLS DOIVENT POURRIR EN PRISON SANS PROC'?S..

Donc vous traitez des réactions et manifestations des partisans politiques sous l ' aspect emotionnel et irrationnel et de ce fait vous INSTAUREZ UN SENTIMEN DE 2 POIDS 2 MESURES
Alors qu' en réalité LA CHEFFE Abir MOUSSI est d ' une TREMPE ET D ' un CALIBRE QUI SE DISTINGUE nettement de la playade navrante et insignifiante psous tendus par une faune marécageuse de magouilles et arriérés nauséabond ?
Si vous aviez à choisir . Que , qui , choisiriez vous ?

Ceci dit pourquoi se déchire-t- sur les partisans ? Sur l emorionnel et l' irrationnel ? Quoi - que ...

Les partisans de Abir Moussi n ' attendent que la JUSTICE BOUGE
Or La JUSTICE NE BOUGE PAS !

Pourquoi ? Parveque la justice N ' EST PAS INDEPENDANTE

Si la Justice aurait fait son boulot et aurait traduits les procédures . Coupable tu payes pas coupable tu sors . Point a la ligne . Yot est clair. Le citoyen croit en sa justice et climat est assaini

En qui je ferai confiance demain ?

L

Ntc
Rien pour rien..
a posté le 04-10-2023 à 13:12
Vous pouvez être solidaire avec le diable si ça vous chante. Le président continuera son colossal travail, que dieu le béni. Il sera de nouveau président en 2024, car tout simplement il a le soutien du peuple... quant à Mme Abir, elle fait de la provocation car elle a perdu son fond de commerce qui est l'anti islamisme politique.
Tounsia
Tout ça pour une decharge
a posté le à 08:06
Tout ça pour une décharge au Bureau d'ordre? Ils pouvaient recevoir le courrier et c'est leur travail ! La ils ont refusé de travailler ! Et demain un autre BO refusera aussi si ça risque de déplaire aux seigneurs
Patriote
Solidarité absolue avec Madame Abir Moussi
a posté le 04-10-2023 à 13:04
Il est clair que je ne suis pas en accord avec le comportement politique d'Abir Moussi, particulièrement en ce qui concerne sa forme. Cependant, il est indéniable qu'elle mérite toute la solidarité et le respect. Au lieu de se retirer dans l'ombre, elle a choisi de se battre pour ses convictions. Cela étant dit, il est regrettable de constater que de nombreux Tunisiens semblent ingrats. Ils ne semblent pas apprécier ceux qui luttent pour leurs droits, mais réservent leur respect à ceux qui détiennent le pouvoir et la force. En ce qui concerne Kais Saied, ses actions sont inquiétantes pour l'avenir de la Tunisie. Son refus des élections libres soulève des préoccupations sérieuses. L'idée qu'il puisse vouloir organiser des élections truquées malgré son "honnêteté" (présumée par lui-même bien sûr) est de plus en plus retenue. Il semble craindre la confrontation avec des personnalités fortes comme Abir Moussi, cherchant à l'exclure par tous les moyens possibles.
Carthage Libre
Bravo.
a posté le à 14:53
Mais à qui dites vous toutes ces vérités? Aux BGARS qui suivent leur *** sans même réflechir?

Si certains osent insulter celle qui se bat pour leurs droits et a combattu (et continue) le vrai problème du pays, les islamistes becs et ongles et qui a proposé des programmes économiques et social PRAGMATIQUE pour le pays, s'ils continuent à insulter...C'est que vraiment ils méritent leur SORT avec celui qui est à Carthage en ce moment...

Quand la masra7ya du Dictateur de Carthage se terminera...ils n'auront que leurs yeux pour pleurer quand ils constateront dans quel état lamentable il laissera ce pays...

Mais pour l'instant, ils sont aveugle.