Il semble loin le temps où toute la Tunisie vibrait d’une effervescence politique et sociale importante, où beaucoup cherchaient à s’engager dans le travail partisan ou social, fondaient des associations, participaient à des débats enflammés. Cela fait à peine une dizaine d’années, ce qui est négligeable pour la mémoire d’un peuple, et pourtant cela semble si lointain.
C’est à cette époque qu’il y avait eu cette polémique entre ce que l’on avait appelé la majorité silencieuse, accusée d’être embourgeoisée et favorable à un retour de l’ancien régime, et l’autre camp des « vrais » révolutionnaires de la Kasbah 1 et 2 qui nous avaient donné l’Assemblée constituante et qui étaient visités, quotidiennement, par l’enseignant de droit constitutionnel, Kaïs Saïed, qui deviendra bien plus tard président de la République. Il y avait cette opposition entre ceux qui estimaient être les vrais révolutionnaires qui ont milité durant l’ère Ben Ali ou ceux qui disent avoir souffert de la situation sociale et méritent donc réparation d’un côté, et d’autres qui ont profité de certains avantages sous Ben Ali et qui se découvrent une âme de contestataire du dimanche. Quoi que l’on puisse penser de la polémique de l’époque, il est indéniable que la société tunisienne vivait au rythme de la politique et nombreux étaient ceux qui voulaient mettre la main à la pâte. En fait, il existait, à ce moment-là, un rêve pour une Tunisie meilleure avec la volonté d’agir pour y arriver. Chacun de son propre point de vue, évidemment, mais il y avait cette volonté, ce mouvement perpétuel. Il y avait des meetings, des rencontres, des manifestations culturelles un peu partout, des conférences, des réunions…ça bougeait dans tous les sens. Parfois, c’était plus de la gesticulation que de l’action.
Dix ans plus tard, il ne reste plus rien de tout cela. Aujourd’hui, nous sommes face à une majorité inerte, qui ne s’occupe plus de la chose publique et qui ne fait que subir ce qu’on lui inflige. Il y a dix ans, personne presque n’aurait pu imaginer que les Tunisiens seraient face à un endettement record, à des pénuries de produits de base, à des milliers de Tunisiens qui tentent chaque jour de quitter le pays par le plus dangereux des moyens. La majorité des Tunisiens a perdu la flamme comme en témoigne le taux de participation ridicule des dernières élections législatives. Rares sont ceux qui croient encore à l’action commune et au pouvoir de la conviction. Nous sommes témoins, depuis des mois, de la désertification de la scène politique et civile tunisienne. Des militants de différentes causes ont abandonné le terrain pour se consacrer à leurs propres vies, comme s’ils regrettaient tout ce temps perdu au profit de la chose publique sur le compte de leurs familles et de leurs enfants. Les militants politiques, quant à eux, par peur des représailles du pouvoir ou par résignation, ont délaissé le champ politique et estiment que le populisme règne en maître incontestable et que ce n’est pas un climat propice pour faire de la politique. Plusieurs d’entre eux, qui formaient l’arrière garde de plusieurs partis politiques de la place, ont carrément quitté la Tunisie et se sont installés ailleurs, comme c’est le cas de milliers de nos compétences dans divers domaines. C’est non sans une douleur certaine que tout ce beau monde s’est retiré en silence de l’action partisane, de la société civile et des associations.
Aujourd’hui, la majorité inerte se laisse guider par l’illusion du chef suprême et se fait entretenir dans ce qu’elle souhaite entendre comme théories du complot. Les instincts les plus vils de cette majorité sont nourris d’arrestations retentissantes et de cette bonne vieille haine du riche. Son égo est conforté par des discours officiels flattant sa grande sagesse et sa capacité à « éblouir le monde ». En même temps, c’est cette majorité inerte qui fait la queue pour le pain, le sucre, le riz, la farine ou encore le café. C’est cette même majorité inerte qui voit son pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil. C’est cette même majorité qui voit son espace de libertés individuelles et collectives se réduire jour après jour. Mais tout cela ne suscite en elle aucune réaction digne de ce nom, aucune indignation. Elle n’est pas inerte pour rien…
A un certain moment, pendant quelques mois après la révolution, nous avions cru qu’il était possible de construire une Tunisie meilleure où tout le monde trouverait sa place. Mais très vite, nous nous sommes plongés dans des polémiques stériles autour de l’identité et de l’islam, ensuite entre l’ancien régime et les révolutionnaires etc. Malgré tout, il y avait une vie politique dans le pays même si elle était faite de tiraillements et de petits arrangements. Aujourd’hui, nous avons l’impression d’être figés, impassibles et impuissants devant une dégringolade qui parait inexorable. Rares sont ceux qui croient encore à une solution collective, qui croient encore à un avenir meilleur pour ce pays. La majorité a, en fait baissé les bras, et chacun cherche à s’en sortir individuellement.
Vous constatez la disparition des niveaux les plus élevés. En fait la population est concentrée sur les niveaux les plus bas.
Bref...
Alors ROBOCOP a réuni ses lieutenants pour étudier l'amendement possible dudit article pour débloquer L'administration.
Anir MOUSSI a continué à lutter mais voilà que l'article 72 du code pénal lui tombe sur la tête.
Il n'y a pas de représailles du pouvoir mais l'application stricte de la loi qii règne la peur...
ROBOCOP est le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire ET LE PEUPLE!
Ecrit par A4 - Tunis, le 15 Novembre 2022
Promis, juré, craché
Je ne dirai plus rien
Je reste bien caché
Loin de ces batraciens
Juré, craché, promis
Je vais me la fermer
Je ferai la momie
Raide et chloroformée
Craché, promis, juré
Je serai sourd-muet
m'autocensurerai
Face à ces englués
Car il est infécond
De dire et déclarer
Ou traiter de faucons
Ceux qui le sont en vrai