Par Ikhlas Latif
Ascenseur émotionnel cette semaine dans le camp des détracteurs de Youssef Chahed qui le voyait enfin lâché par son dernier soutien au gouvernement, on nommera Ennahdha. Enfin, on allait se débarrasser de ce jeune impertinent déterminé à se maintenir en place contre vents et marées. Enfin, l’heure de la revanche a sonné pour le ‘fils de’ and Cie. Bientôt, on placera une personne plus docile à la Kasbah, plus conciliante, une personne qui aura à cœur de servir les intérêts du clan. Rapidement, on réunit ses ministres, on leur fait dire qu’ils ne s’opposeraient pas à la démission si jamais la direction venait à le décider. On est dans l’urgence, on devait battre le fer tant qu’il est encore chaud. On avançait déjà quelques noms pour briguer le poste tant convoité.
La réunion entre les deux vieux ‘sages’ en début de semaine semblait avoir fait basculer la balance en faveur du camp anti-Chahed. Le président de la République y tenait. Basta ! L’affaire n’a que trop duré, le jeune locataire de la Kasbah devait faire ses valises et Ennahdha, en la personne de son chef Rached Ghannouchi, devait se plier aux exigences du palais. Pari gagnant.
Tendu mais résigné, le président d’Ennahdha annonçait à l’issue de l’entrevue qu’il s’est mis d’accord avec le chef de l’Etat pour réactiver tous les points de l’Accord de Carthage 2, incluant le départ de Youssef Chahed. Le sort du chef du gouvernement semblait être scellé. Après des mois de tiraillements, de coups bas et de combines, voilà que les cartes sont redistribuées. Le paysage politique tunisien était fin prêt pour son énième chamboulement.
Sauf comme le dit si bien le dicton, il ne fallait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Seulement deux jours après l’entrevue de Carthage, Ennahdha se ravise. Le bureau exécutif du parti islamiste jette un pavé dans la mare en réitérant son soutien à la stabilité gouvernementale et politique. Mais qu’en est-il alors de l’accord conclu entre le chef des islamistes et le président de la République ? Relégué aux oubliettes comme si de rien n’était.
Rached Ghannouchi a tourné le dos à son allié de Paris. Le Cheikh fait faux bond à Béji Caïd Essebsi au vu et au su de toute la classe politique et de l’opinion publique tunisienne. Certains diront qu’il a carrément trahi la confiance du vieux renard de Carthage, qu’il le lui a fait à l’envers. Un affront à Béji Caïd Essebsi et à l’institution qu’il représente.
Mais le jeu politique étant ce qu’il est, soumis à différents enjeux tantôt calculés tantôt imprévisibles, Rached Ghannouchi s’est retrouvé, après avoir donné son accord à BCE, face à la résistance des membres de son parti. Dès l’annonce de leur chef, les figures d’Ennahdha ont écumé les plateaux et inondé les médias de déclarations le contredisant. D’un Lotfi Zitoune qui insistait au lendemain de la réunion que la position du mouvement demeure la même que celle exprimée par le Conseil de la Choura, ou d’un Ali Laârayedh ironisant sur le fait que Nidaa voudrait arracher Chahed avec les dents d’Ennahdha (sic.), Ghannouchi n’a pas eu le dernier mot et le communiqué du bureau exécutif est venu le confirmer.
Ennahdha a intérêt à maintenir un pied dans le pouvoir et un autre en dehors, tout en se préparant pour les prochaines échéances électorales et en tirant les ficelles à son avantage. Une stratégie défendue par les caciques du parti qui voient d’un mauvais œil que leur chef cède aussi facilement aux pressions de Béji Caïd Essebsi et concède au camp nidaiste une victoire. Jusqu’au bout il faudra rester maître du jeu, d’autant que le soutien à Youssef Chahed n’est autre qu’un cadeau empoisonné puisque conditionné par le fait que le jeune chef du gouvernement soit tenu de mettre au placard ses ambitions pour 2019.
Commentaires (12)
Commenter@Houdq | 08-09-2018 14:23
...Avec des dents délabrées !
BCS aurait dû écouté les conseils de abir moussi
Patience, c'est loin d'être fini..
Question de temps..
@Madame Ikhlas Latif
Vous ne faites aucun effort d'analyse approfondie. je vous propose d'essayer, de planifier et de rédiger plutôt un article argumentatif, dans le cas du sujet ci-dessus!
je m'explique et je vous donne quelques-unes des questions que le sujet de votre article peut immédiatement soulever:
a) Pourquoi Ennahdha retire son engagement?
b) Ennahdha est-elle libre de son choix de retirer son engagement?
c) y a t-il eu des pressions de l'extérieure de la Tunisie qui poussent/obligent Ennahdha à retirer son engagement?
d) Ennadha serait elle capable de pousser Mr. Youssef Chehed à s'engager de ne pas se porter candidat aux élections présidentielles de 2019 et pourquoi?
@Madame Ikhlas Latif, posez plutôt une thèse et une antithèse et définissez le pour et le contre et passez ensuite à la synthèse. Et n'oubliez pas d'utiliser le conditionnel là où c'est indispensable.
Avec un texte argumentatif vous pouvez dégager une problématique qui est essentielle et difficile dans le cas de votre article ci-dessus: Pourquoi le Clan RG retire son engagement?
Votre article devrait apporter des éléments de réponse à cette question et cette réponse n'est pas définitive et pourrait contenir au contraire des termes inaccordables.
Par ailleurs, la problématique discutée dans votre article devrait comporter, en plus de l'interrogation, une démarche progressive de discussion (vous entraînez le lecteur dans l'esprit de la problématique de la situation sans lui offrir une réponses définitive) . Vous n'offrez pas une réponse (étant donnée que nous ne connaissons pas la vraie réponse), mais Vous offrez un point de vue face au sujet, un angle d'étude possible.
Pour bien définir la problématique de notre situation politique, il faut d'abord se demander pourquoi le problème se pose et développer des thèses et des antithèses.
En général, je propose à nos journalistes d'éviter d'étaler leurs idées et leurs avis comme des vérités dans des situations ou l'on ne peut offrir qu'un point de vue face à une problématique embégue, offrir un angle d'étude possible mais qui pourrait être faux!
Je suis mathématicien et je ne comprends pas grand chose au journalisme, mais j'ai eu la chance d'avoir de très bons professeurs au lycée!
Très Cordialement
Jamel Tazarki
Golden Bird, Fairy Tales:
https://www.youtube.com/watch?v=oMiayRL7Bec
On a déjà lu ça ailleurs...
J'aurais bien aimé ne pas avoir à vous opposer cette remarque!
En finir avec les cliques familliales
On n'arrive toujours pas à comprendre d'ailleurs comment une bande de condottiere tels que HCE, Relik et Cie sont parvenus à influencer des décisiosn politiques aussi importantes que le sort du Chef de l'Exécutif
C'est autant de temps gagné par Youssef Chahed qui dit impérativement tirer les leçons de cette conjuration des idiots et souder autour de lui ce qui reste de compétences intègres et patriotes dans ce pays.
Et communiquer franchement sur les défis et sacrifices qui attendent la population.
APPELER UN CHAT UN CHAT
Shahed d'un côté et les magouilleurs de l'autre
Un poker menteur à trois : les "deux" Sebsi et Ghannouchi : YC en sort vainqueur
Ceux qui pensent que Youssef Chaed a trahi le camp moderniste se trompent sur toute la ligne, les islamistes fourbes, calculateurs et cyniques utilisent YC comme une "arme de destruction massive", ils l'utilisent comme "monnaie d'échange" pour négocier avec le camp "Sebsi" père et fils (comme dans une entreprise familiale).
Les nahdaouis craignent Youssef Chaed, ils sont conscients que c'est le candidat le plus dangereux contre le camp islamiste en 2019, c'est pour cela qu'ils exigent qu'il ne se présente pas en 2019. C'est un jeu de poker menteur, le "vieux" Sebsi, le "petit" Sebsi, Ghannouchi tous les trois ont de bonnes raisons d'éliminer Youssef Chaed trop dangereux pour 2019, mais l'avantage du Gourou c'est que lui il a le temps, il fait durer le plaisir et le temps joue pour lui. En revanche le "clan Sebsi" est pressé, ils ont besoin que le Chef du Gouvernement saute au plus vite car il dérange leurs plans diaboliques.
En conclusion, Ghannouchi manipule la famille "Sebsi" en jouant avec Youssef Chaed, il distille le chaud et le froid mais tout cela, c'est mon avis, bénéficie à Youssef Chaed qui n'a qu'à travailler pour son gouvernement et surtout ne jamais parler d'élections.